Ce jeudi 8 avril marquait le premier jour de grève des syndicats de l’agence régionale de santé de Mayotte. Depuis sa création le 1er janvier 2020, c’est la deuxième fois que les syndicats se mettent en grève, signe selon eux, que de nombreux dysfonctionnements existent. Ils réclament une ARS de plein exercice dans les règles de l’art.
Les tensions subsistent au sein de l’institution de santé. Alors que les syndicats prônent une agence régionale de santé de plein exercice, digne de ce nom pour le département, la direction ne semble pas aller tout à fait dans le même sens. “À Mayotte, on est déjà en retard ! Si on souhaitait se séparer de l’ARS Réunion, c‘était pour mettre en place un système adapté ici”, peste Kamaldine Dahalani, représentant du personnel pour la CFDT. Ambiance… Et aux yeux des manifestants du jour, le compte n’y est pas depuis le passage sous ce régime tant désiré le 1er janvier 2020. Les syndicats réclament un plan régional de santé précis qui “définira l’avenir et les projets à mettre en place au niveau des infrastructures, de la e-santé, etc”.
L’une des priorités évoquées ? La formation de personnels soignants directement sur place. Mais les agents de l’ARS ont le sentiment de parler dans le vide face à une hiérarchie peu l’écoute. “On fait appel aux evasan alors que c’est supposé être uniquement un moyen de soulager les services… Nous on a toujours besoin d’être soulagés”, décrit Kamaldine. Concernant le supposé désert médical que les agents constatent, ils demandent la mise en place d’un organigramme clair, créé spécifiquement pour Mayotte. Une demande réitérée depuis des mois. En vain.
Un manque de communication interne
“Il faut le vivre pour comprendre ce qu’il se passe”, explique Anchya Bamana. “La gestion du personnel n’est pas digne d’une institution de cette ampleur.” Les syndicats font remonter un manque de communication interne, voire sa totale absence, alors qu’ils jugent être les mieux placés pour analyser la situation sur l’île, travaillant au quotidien avec les problématiques du territoire. Selon Kamaldine Dahalani, “le dialogue n’existe pas, la direction méprise les gens, elle veut imposer au lieu de parler du dialogue social. Les collègues sont en souffrance mais ils ont peur de parler”. Le système serait selon eux politique et non pas administratif.
C’est ce manque d’écoute qui les pousse à planter le piquet de grève. Pour que la population s’empare de la question et réalise qu’une ARS de plein exercice en bonne et due forme sur le territoire serait un plus pour Mayotte, et ses habitants. Kamaldine prend l’exemple de l’e-santé, sur lequel beaucoup a été investi lorsque le 101ème département dépendait encore de la tutelle de l’île voisine. Toujours selon les syndicats, la direction de l’ARS souhaiterait que La Réunion soit en charge de ce dossier, alors que les agents mahorais ont peur que l’histoire se réitère et que rien ne soit fait. “L’État a donné les moyens de le faire mais rien ne bouge.” La goutte d’eau qui fait déborder le vase visiblement…
“On se bat pour que Mayotte puisse commencer à construire un système de santé digne”, termine le représentant du personnel. Jointe par téléphone, l’ARS n’a pour l’instant pas souhaité réagir. Un commentaire qui pourrait s’expliquer en raison de l’absence de la directrice générale de l’institution sanitaire, Dominique Voynet, en déplacement jusqu’à lundi prochain.