Il est jeune, fort et a toute la vie devant lui. Pourtant, en ayant attrapé le Covid-19, Ahmed* a bien cru voir ses dernières heures arriver. L’athlète membre de la délégation de Mayotte aux Jeux des îles de l’océan Indien 2019 est désormais sur la voie de la guérison. Il savoure, mais surtout, met en garde contre la rumeur confortant la jeunesse face à ce virus.
Il y a quelques semaines, Ahmed enchaînait les footings avec l’objectif de retrouver son poids de forme et reprendre la compétition. Cette semaine, l’athlète a effectué une petite marche : quelques dizaines de mètres dans les rues de sa localité, avant de regagner son domicile. Un manque de motivation ? Une ambition revue à la baisse ? Rien de tout cela. Entre ces deux périodes, le trentenaire a été atteint par le Covid-19, a intégré le service réanimation du centre hospitalier de Mayotte (CHM) avant d’être reconduit chez lui avec un respirateur… Aujourd’hui, la récupération est lente et progressive. Mais Ahmed* revit : « Je savoure chaque moment, chaque pas qu’il m’est donné la chance de faire« , jure-t-il.
La réflexion qui veut qu’on apprécie mieux la vie quand on est passé près de la mort est donc véridique, à en croire son expérience. « C’était très difficile d’être en fauteuil roulant, de dépendre d’une machine pour respirer… Mais j’ai la chance d’avoir survécu à cette épreuve alors que d’autres Mahorais, plus jeunes que moi, ont succombé. Je suis conscient de ça et c’est pour ça qu’aujourd’hui, plus que jamais, je savoure la vie. »
L’athlète se souvient qu’à l’apparition des premiers symptômes, tout est allé très vite. « Nous sommes allés aux urgences car j’étais à 38 de fièvre et ne me sentais absolument pas bien. Mais les médecins nous ont donné comme consigne de rentrer à la maison et de me reposer. Entre temps, le test PCR que j’avais fait s’est révélé négatif mais ma situation s’empirait. Nous sommes retournés aux urgences et j’ai été pris en charge. Ma tension était extrêmement basse et les médecins se demandaient comment je pouvais être encore conscient. Je me souviens leur avoir répondu « Je ne veux juste pas mourir », et après, plus rien. »
« Je ne veux juste pas mourir »
Ahmed passera une semaine entière au CHM de Mamoudzou, « quasiment » dans le coma. « C’était bizarre : j’entendais tout, mais je ne pouvais pas réagir« , affirme-t-il avec du recul. Sa convalescence se poursuivra chez lui, auprès de ses proches. C’est seulement au bout de deux semaines que ce responsable d’équipe en entreprise a commencé à voir le bout du tunnel, à se passer du respirateur, à être de nouveau autonome. Toujours souffrant, la fin du calvaire est tout de même proche pour le Mahorais, qui se sent chaque jour de mieux en mieux. Pour les semaines et les mois à venir, Ahmed se veut prévenant, vis-à-vis des jeunes particulièrement.
« On dit que les jeunes ne sont pas touchés par le Covid-19, mais c’est faux. La période où ça m’est tombé dessus, l’ARS venait de recenser la plus jeune victime, un jeune de 25 ans venait d’en mourir… Tout le monde doit se méfier de ce virus, mais les jeunes plus que d’autres puisqu’en pensant que ça ne les touche pas, ils sont forcément moins vigilants. » Et pour le sportif, on n’est jamais trop prudent. Lui, qui respectait une certaine rigueur dans l’application des mesures sanitaires à son travail, à la maison et ailleurs. « J’étais le premier à respecter vigoureusement les gestes barrière. Je l’imposais aux collègues qui étaient sous ma responsabilité et étais très regardant sur ce point. J’avais toujours mon gel hydro-alcoolique de poche sur moi. Je ne pouvais pas être plus précautionneux que ça. Et pourtant… »
*Prénom d’emprunt