Pour Marcel Rinaldy, chef d’entreprise à Mayotte, « on a la sensation de faire la manche pour survivre »

Depuis le mois de mars 2020, les entreprises mahoraises, à l’image du reste du territoire, ont vu leur monde s’écrouler. La crise sanitaire s’est transformée en crise économique pour elles. L’État a mis en place un plan d’aides sans précédent, mais qui ne suffit plus.

Le chef de l’État l’avait assuré, le gouvernement fera face à la crise sanitaire « quoi qu’il en coûte ». Effectivement, il a cassé la tirelire pour soutenir notamment les entreprises. Principale aide, le fonds de solidarité a permis à des milliers de sociétés de survivre, tant bien que mal, depuis mars 2020. À Mayotte, « 98,1 millions d’euros ont été versés à 6.138 entreprises mahoraises, à ce jour » selon la préfecture. Si coup de pouce financier est spécialement créé pour épauler les petites entreprises durement impactées par la crise, il est tout de même difficile pour elles de remonter la pente. Parmi les commerçants de l’île, ceux de l’aéroport sont les plus touchés selon Marcel Rinaldy, président du groupe 3M. « Eux seuls comptabilisent plus de 3 millions de perte de chiffres d’affaires en 2020. Si vous rajoutez ce début d’année 2021, on dépasse les 3,6 millions. » Pour le marché global sur le territoire, le chef d’entreprise estime les pertes des commerçants à 25% de leurs chiffres d’affaires.

 

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Le montant du prêt garanti par l’État, destiné à soutenir la trésorerie des entreprises, a également explosé. Il s’élève à 81,3 millions d’euros sur le 101ème département. Mais toutes ces aides et subventions n’ont pas évité le chômage, notamment partiel de milliers de salariés. « 25,1 millions d’euros ont été consacrés à l’indemnisation de l’activité partielle au profit de 9.100 salariés de Mayotte », affirme la préfecture. Les charges ont été la principale source d’angoisse des chefs d’entreprises. Certaines ont été allégées, d’autres reportées. Pas moins de 35,9 millions d’euros étaient en jeu en 2020…

 

« Ces indemnités sont loin d’être suffisantes »

 

L’État a déployé les moyens pour aider les entreprises, mais « ces indemnités sont loin d’être suffisantes » aux yeux de Marcel Rinaldy. De plus, les commerçants de Mayotte font les frais du monopole aérien. Le fret ayant diminué dans le même temps, la principale compagnie qui dessert l’île veut amortir les coûts. « Entre mars 2020 et aujourd’hui, on est passés à une augmentation du prix du fret de 60% », indique Marcel Rinaldy. À cela s’ajoute l’octroi de mer sur la marchandise et le transport, « donc c’est la double peine pour nous », dénonce le chef d’entreprise.

Toutes ces pertes et ces aides attribuées sont une chose, mais l’année particulière qui vient de s’écouler a eu un impact non négligeable sur le moral les patrons. « Ce n’est pas drôle de devoir passer ses journées à remplir des dossiers. On a la sensation de faire la manche pour survivre », confie Marcel Rinaldy.

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