Depuis 2018, Maki Skate sensibilise de nombreux jeunes de Petite-Terre à la pratique du skateboard. Face à un engouement toujours plus important, l’association aimerait se doter de son propre skatepark mais se heurte à la question du foncier et du financement. Plusieurs options sont sur la table pour que ce rêve devienne réalité dans un avenir plus ou moins proche.
Imaginez Tony Hawk fouler l’île aux parfums pour inaugurer le premier skatepark de Mayotte… Un rêve impossible sur le papier qui laisse pourtant fantasmer plus d’un admirateur de l’Américain, surnommé « The Birdman » en hommage à ses figures vertigineuses. À son niveau, l’association Maki Skate tente, avec les moyens du bord, de démocratiser cette discipline, qui doit faire ses débuts olympiques aux Jeux de Tokyo prévus cet été. Depuis 2018, ses adhérents – travailleur social, infirmier, enseignant, militaire – se réunissent le vendredi après-midi sur la place Congrès à Pamandzi pour partager cette passion commune avec une vingtaine de jeunes petits-terriens. « Avant le Covid, nous étions même obligés de refuser des inscriptions car nous ne pouvions pas encadrer tout le monde », se remémore Christophe Burac, le président depuis septembre dernier.
Car il faut bien le dire : la pratique intrigue et surtout séduit la nouvelle génération. « Nous fournissons les planches, les casques et les protections et nous fonctionnons sur la base de la gratuité », ajoute-t-il. Sous l’impulsion de son prédécesseur, Kévin, un prof’ de skate débarqué de métropole avec du matériel en soute, de nombreux enfants des quartiers avoisinants se prennent au jeu sur la mini-rampe installée quelques années plus tôt par une autre association. « Nous nous adaptons, nous avons également fabriqué quelques modules. »
Un skatepark dans l’espace commercial de l’aéroport ?
Mais le premier confinement vient mettre un coup d’arrêt à ces rassemblements de plus en plus populaires. « Nous nous retrouvions alors à l’aéroport pour rouler entre nous durant l’heure de sortie autorisée », glisse Christophe Burac. Un nouveau lieu de rendez-vous qui s’explique notamment par la qualité du revêtement au sol. Au détour d’une conversation avec l’un des responsables d’Edeis, le gestionnaire de l’infrastructure, l’idée d’un projet de skatepark émerge en vue de l’agrandissement de l’espace commercial. « Mais cela n’a pas été plus loin pour l’instant. »
Un blocage semble se dessiner concernant l’après de cette délégation de service public. « Il y a peu de chance que cela se concrétise. Et si cela aboutit, il faudrait que l’association paie un loyer. » Au courant de cette réflexion, la mairie de Pamandzi lui propose de chercher un terrain pour envisager une installation pérenne. Mais face à la pression démographique et à la problématique récurrente du foncier en Petite-Terre, difficile dans ces conditions de trouver chaussure à son pied. « Même pour un skatepark de 100 mètres carrés… L’équivalent d’un quart de terrain de foot serait suffisant. »
Plusieurs solutions de repli…
Sans parler du coût : au moins 50.000 euros pour couler une dalle de béton de bonne facture. Un financement habituellement à la charge des municipalités, qui ne s’applique pas automatiquement dans le 101ème département. « Nous avons tous des boulots, donc c’est compliqué par rapport aux demandes de subvention. » Reste alors la solution de repli : le soutien d’une organisation non-gouvernementale, à l’instar de Make Life Skate Life, qui intervient dans les pays du tiers-monde. Ou encore l’option d’un déménagement dans une autre commune, qui offrirait plus de possibilités. « Peut-être que d’autres personnes font la même chose dans leur coin. »
En attendant un éventuel dénouement positif, Maki Skate aimerait surtout que les Mahorais s’impliquent davantage dans l’association. « C’est dommage que les parents de nos skateurs ne les accompagnent pas », regrette Christophe Burac, dont la mission sur le territoire arrive bientôt à son terme. Avec le risque de voir tout cet engouement partir en fumée.