À l’occasion de la sortie de son livre, intitulé « Plan Marshall pour Mayotte », Soulaïmana Noussoura revient sur un projet qui lui tient à cœur depuis presque 20 ans. Une reconstruction de l’île aux parfums en grand, qui lui a valu d’être « vu comme un fou » il y a dix ans. Pourtant, nombreuses de ses premières idées ont vu le jour, ou sont en cours.
Grande figure du syndicalisme à Mayotte, Soulaïmana Noussoura a publié cette semaine son
quatrième roman. Il y explique en détail ses envies et ses rêves pour l’île aux parfums, toujours sous l’idée qu’un « développement économique n’est viable que si la finalité est sociale ». Des envies qu’il avait déjà commencé à exprimer il y a dix ans, mais que peu de gens ont prises au sérieux. Pourtant aujourd’hui, il est qualifié d’expert sur la question du développement du 101ème département et en a profité pour réaffirmer sa volonté de voir un « Plan Marshall pour Mayotte ».
Dans l’esprit de l’auteur, le plan se développe sur différents axes. Le premier concerne la communication. Soulaïmana Noussoura était l’un des premiers à revendiquer la nécessité d’une ligne aérienne directe entre Dzaoudzi et Paris. Alors qu’il était pris pour un avant-gardiste à l’époque, il est maintenant possible de rejoindre le territoire directement depuis la métropole. Aujourd’hui, l’auteur va plus loin et revendique même la création d’un deuxième aéroport sur le territoire. L’écrivain rêvait aussi d’une île pouvant être traversée rapidement du nord au sud et d’est en ouest, grâce à des transports en commun, une idée qui germe dans la tête des élus mahorais, comme en témoigne le projet de réseau ferroviaire présenté la semaine dernière par le conseil départemental.
Alimentation, logement et emploi
Le deuxième axe concerne l’alimentation. Il y a dix ans, Soulaïmana Noussoura luttait pour une restauration scolaire. Et si une collation a été mise en place, il reste encore beaucoup à faire pour les 110.000 élèves mahorais. La généralisation de la restauration scolaire pourrait permettre « la création de milliers d’emplois », et un accès de meilleure qualité à l’éducation, selon l’auteur.
Les deux derniers points évoqués sont le logement et l’emploi. En effet, plus de 30% de la population de Mayotte vit dans des logements insalubres. Et le nombre d’habitants ne fait qu’augmenter. Pour Soulaïmana Noussoura, « chacun devrait avoir accès à une maison avec le minimum, c’est-à-dire une chambre, un salon, une cuisine ». L’homme évoque aussi l’emploi. Si le taux de chômage est si haut, c’est selon lui parce que « l’État ne joue pas son rôle ». Il avait proposé aux prémices de son Plan Marshall, d’accompagner les personnes ne parlant pas français pour leur permettre d’accéder à des jobs et de soutenir financièrement les associations et les entreprises afin de les aider à recruter. Et pour lui, ces changements s’effectueront grâce à des prises de positions politiques.
« On est comme l’équipe de France »
« Des fois, ils oublient qu’on est comme l’équipe de France », dit Soulaïmana Noussoura, sourire aux lèvres. « Pour qu’on soit bons, il faut que les défenseurs soient bons, mais aussi
les milieux et même le public. » Pour lui, Mayotte n’avancera pas tant que la France ne donnera pas à Mayotte la possibilité d’être égale aux autres départements français. « Dans un pays comme dans une équipe, tout le monde a son importance, la preuve aujourd’hui avec les matchs sans public, il manque une saveur, pourtant on pourrait croire que le public n’est pas forcément utile. »
Passé du « fou » à « l’expert », Soulaïmana Noussoura ne cherche pas à imposer son point de vue sur son île, mais à le partager, surtout avec la nouvelle génération. « C’est à nous, les anciens, de dire aux jeunes qu’ils ont un rôle à jouer dans le développement de Mayotte. » Avec ce nouveau livre, l’auteur veut dire que les rêves ne sont parfois pas si fous et qu’il faut continuer à se battre.