48 étrangers en situation irrégulière interpellés à Koungou dans une opération de grande envergure

Après les violences du week-end dernier, une vaste opération menée par la gendarmerie nationale et la police aux frontières a été conduite à Koungou ce mardi matin, dans le but d’interpeller les voyous qui ont semé la terreur auprès des habitants.

Eh fils de p*** (sic), on est là ! Venez nous chercher !” Les cris s’élèvent de la colline d’en face. Au point culminant, un homme tout de noir vêtu agite les bras entre deux cases en tôle. Les noms d’oiseaux volent, sans trop faire de doute sur leurs destinataires : à l’entrée du quartier dit de la Jamaïque, juste à côté des cases SIM qui ont été ravagées vendredi et samedi par des bandes de jeunes, les gros bras de la gendarmerie campent sur leurs positions. Et ça ne bronche pas.

Comme promis en réponse aux violents événements du week-end, la préfecture a sorti l’artillerie lourde. À l’origine, des interpellations dans le quartier Jamaïque, en amont de la destruction prochaine de 200 cases en tôle, avaient mis le feu aux poudres. “Ils ne seront pas les plus forts. Nous allons démontrer que la force restera dans les mains de l’État de droit et non dans celle des barbares”, avait assuré lundi Jean-François Colombet qui entendait poursuivre cette opération, prévue le 9 mars. Ce mardi, il faut dire que le dispositif est à la hauteur de ses promesses.

 

48 étrangers en situation irrégulière interpellés

 

Rien que sur la route nationale, un blindé et deux camions de gendarmerie patientent sur le bas-côté, à l’entrée de Koungou. Puis, disséminés un peu partout dans les quartiers de la commune, les véhicules aux reconnaissables couleurs kaki ou bleue surveillent les points stratégiques. Avec le GIGN et la police aux frontières (PAF), les forces de l’ordre ont mené le matin même une vaste opération d’interpellations. “L’objectif était d’aller chercher les émeutiers qui ont commis ces actes de violences”, réaffirme le sous-préfet Jérôme Millet, venu inspecter le dispositif en milieu de matinée.

En tout, 48 étrangers en situation irrégulière ont pu être interpellés à la mi-journée, confirme-t-il. Mais difficile, pour l’heure, de savoir si les fauteurs de trouble de vendredi figurent dans le lot. L’enquête de la gendarmerie doit en effet se poursuivre pour identifier les auteurs des faits. D’après les dernières informations disponibles, trois personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de ces investigations, et l’une d’entre elles a été incarcérée.

 

La peur plane même dans les maisons vides

 

Depuis ces événements, un calme pesant plane aux abords du quartier Jamaïque. Les maisons pillées sont vides, voire entièrement calcinées. “Ils étaient vingt là, juste là sur la passerelle, alors que j’étais seul chez moi… Je ne sais pas comment je suis passé. C’est tout ce que j’ai à dire”, se désole son locataire, sans voix. “Tout le monde a peur, c’est une réalité et il faut voir comment nous pouvons désamorcer cette tension”, analyse Raïssa Andhum, la conseillère départementale de Koungou, venue “prendre le pouls” dans le quartier, à peine rassuré par la présence des forces de l’ordre.

 

Le dialogue plutôt que la force

 

Mais les locataires des cases SIM ne sont pas les seules victimes de cette situation. “J’ai huit enfants dont un nouveau-né avec moi là-haut, au milieu de ces gaz lacrymogènes”, soupire Nassim, qui habite le quartier dit de la Jamaïque. Le père de famille déplore l’amalgame fait entre les “voyous”, qui “viennent de tous les quartiers”, et les habitants des bangas “qui n’agressent personne”. “Au lieu d’utiliser la force, Monsieur le Préfet devrait encourager le dialogue”, poursuit ce trentenaire à la recherche d’un emploi… et aujourd’hui d’un logement. “Personne ne veut nous accueillir, dès qu’on vient de la Jamaïque. Un voisin avait trouvé un logement en Petite-Terre, et il a été refoulé à la barge”, fait-il valoir. La rumeur circulait que des habitants en train de déménager avaient été empêchés de traverser, à la suite des heurts de vendredi.

Bang ! Des détonations résonnent dans les hauteurs. Il est l’heure de rentrer se calfeutrer chez soi… Pour Nassim, direction la Jamaïque. De loin, on peut déjà apercevoir la fumée des gaz lacrymogènes s’élever au-dessus des cases en tôle. “Quelle galère !”, conclue-t-il.

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