Un centre d’étude des langues à Mayotte pour s’ouvrir sur le continent africain

À la suite d’une délibération du conseil départemental en date du 25 février, un centre d’étude des langues va ouvrir et être rattaché à la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte. Une opportunité pour les travailleurs des secteurs public et privé qui vont pouvoir apprendre en l’espace de huit semaines l’anglais, le portugais et le swahili dans le but de mieux représenter l’île aux parfums au niveau régional.

Si le conseil départemental a adopté en 2018 le Cadre stratégique de coopération décentralisée et d’action internationale, une nouvelle délibération vient asseoir un peu plus sa politique et son influence dans l’océan Indien, avec la mise en place d’un centre d’études des langues rattaché à la Chambre de commerce et d’industrie. « Nous étions l’un des derniers départements de France à ne pas recourir à ce dispositif bien huilé, ce qui était malheureux », rappelle Zoubair Alonzo, le directeur de l’organisme. Un coup de pouce non négligeable destiné à la population active, à l’instar des cadres d’entreprises privées et d’administrations publiques, « qui sont amenés à porter haut les couleurs de Mayotte au niveau régional ».

Sauf que pour y arriver, il faut savoir mieux communiquer avec les interlocuteurs. Or, la barrière de la langue peut parfois être un frein à certaines discussions, voire même à certaines négociations. D’où la possibilité d’apprendre en un temps record des notions de base, si ce n’est plus. En ligne de mire : l’anglais, « très majoritairement parlé chez nos voisins », mais aussi et surtout le portugais, « voie d’accès au continent africain, comme au Kenya, en Tanzanie et au Mozambique où nous nourrissons de grandes ambitions » avec le projet gazier. « Ce centre d’étude des langues doit être un outil orienté vers les besoins de professionnalisation des Mahorais », insiste Mohamed Sidi, le 6ème vice-président de la collectivité, au moment d’inviter ses collègues de l’assemblée à se prononcer sur la création de ce réseau linguistique.

 

Le swahili, une grande première en France

 

D’ailleurs, Mayotte doit se démarquer des autres territoires nationaux avec également l’apprentissage du swahili, puisque la CCI va « embaucher des formateurs qui seront formés sur le niveau souhaité » et « définir le référentiel pédagogique ainsi que les outils de formation », précise Zoubair Alonzo. Une spécificité propre au 101ème département qui risque bien de rapidement devenir une référence de la langue bantoue. Et tout cela pour un prix dérisoire : 100 euros la session de huit semaines. « Ce sont vraiment des participations modiques et accessibles à tous les travailleurs, même si les entreprises peuvent les prendre à leur charge. Le Département veut que les Mahorais s’approprient ces langues. »

L’idée de cette politique ? « L’accroissement des échanges économiques, culturels, sportifs et scientifiques, la montée en compétences, et la poursuite de notre programme d’ouverture de représentations institutionnelles dans neuf pays d’Afrique de l’Est et de l’océan Indien », insiste Mohamed Sidi, dans le but de rompre de façon pérenne avec l’isolement de l’île aux parfums. Et au vu des premiers retours, le centre d’étude des langues, dont l’ouverture est prévue début avril, devrait faire carton plein. « Pour le swahili, je sais que nous avons déjà reçu énormément d’appels alors que nous n’avons pas encore officiellement communiqué. Idem pour le portugais. C’est de bon augure », ajoute Zoubair Alonzo, qui invite les salariés du privé et du public à se rapprocher de la CCI pour vivre une expérience « intéressante et enrichissante ».

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