Les personnes ayant reçu les premières doses du vaccin Pfizer à Mayotte ont répondu à l’appel de la deuxième injection ce lundi à la MJC de M’gombani. Parmi elles, le docteur Martial Henry, un éternel convaincu des bienfaits de la vaccination.
Le 25 janvier dernier, on lui administrait sa première dose de vaccin, sous les regards curieux et quelques fois admiratifs des médias. Quatre semaines plus tard, le docteur Martial Henry est revenu tout sourire au centre de vaccination de M’Gombani à Mamoudzou pour recevoir la deuxième injection nécessaire au développement de la défense immunitaire contre le Covid-19. À 89 ans, il est encore en pleine forme et balaye du revers de la main toutes les spéculations autour du vaccin. “Il y a toujours des effets secondaires, mais ce n’est rien par rapport au bénéficie de l’immunité qui permettrait de vaincre la pandémie. Il n’y a pas plus d’effets que pour les vaccins contre la coqueluche, la rougeole ou le tétanos utilisés tous les jours dans nos PMI (protection maternelle et infantile).”
De son côté, il dit n’avoir souffert d’aucun effet secondaire, raison pour laquelle il se montre encore plus serein. Pis encore, il se moque même des rumeurs à son encontre affirmant qu’il était souffrant après s’être fait vacciner. Cependant, le docteur Martial Henry comprend les réticences de la population. “Tout nouveau traitement est craint, c’est normal. Et en plus, les rumeurs empirent les choses.” Il insiste donc sur le fait de sensibiliser davantage les personnes âgées qui sont susceptibles d’avoir des informations erronées. “Il ne faut pas se laisser entraîner dans la peur par les “je-sais-tout” des réseaux sociaux”, conseille-t-il.
“La campagne ne prend pas d’ampleur”
Si l’administration des deuxièmes doses du vaccin a débuté ce lundi, les personnes qui veulent recevoir les premières sont toujours accueillies dans les centres de vaccination. À M’Gombani, elles étaient nombreuses, même si très peu de personnes âgées ont fait le déplacement. “La campagne ne prend pas d’ampleur. Les habitants qui ont envie de se faire vacciner ne correspondent pas aux indications prioritaires de l’État”, admet Dominique Voynet, la directrice de l’agence régionale de santé à Mayotte. Pourtant les vaccins sont bien là. Le territoire devrait réceptionner 30.000 nouvelles doses en l’espace de plusieurs semaines. Cela multiplie par quatre les vaccins reçus par semaine.
Alors le profil de la personne prioritaire est quelque peu adaptée au territoire. “Souvent, les gens de 65 ans à Mayotte sont dans le même état que ceux de 75 ans en métropole, parce que sur le plan sanitaire, ils sont pris en charge beaucoup plus tard. D’où l’importance de vacciner des personnes un peu plus jeunes, ainsi que les professionnels de santé et les personnels d’entreprises stratégiques quelque soit leur âge”, indique l’ancienne ministre. À l’exemple des employés d’EDM, de la SMAE, des équipes de l’aéroport ou encore du port de Longoni. Cela permettrait d’assurer la continuité de ces services essentiels au bon fonctionnement de l’île. Elle pourrait également pousser une partie de la population à se faire vacciner. Pour le moment, selon la directrice de l’ARS Mayotte, toutes les “sottises colportées par les réseaux sociaux” polluent la stratégie de vaccination. Piqué !