{xtypo_dropcap}N{/xtypo_dropcap}icolas Sarkozy a été présenté lors de sa visite lundi 18 janvier dernier comme "le père de la départementalisation"; il me semble pourtant que le rôle assuré par l’actuel président de la République s’apparente plus à celui de sage femme pour la départementalisation de Mayotte. L’on pourrait aussi considérer que ses prédécesseurs à la tête de l’Etat, Jacques Chirac et surtout Lionel Jospin, ont quant à eux joué le rôle de gynécologues pour cette même départementalisation.
En effet, Sarkozy a lui-même rendu hommage aux véritables pères de la départementalisation de Mayotte lors de son discours; il s’agit de Georges Nahouda, Younoussa Bamana, Marcel Henry, son oncle Martial, Mansour Kamardine et d’autres comme Zoubert Adinani… Quant aux mères de la départementalisation, ce sont sans conteste les "Chatouilleuses" à la tête desquelles on retrouve Zeina M’déré, Zaïna Méresse ou encore Moinécha Ali Combo de Sada et toutes celles qui ont prolongé ce combat, selon les propres termes du président de la République qui dira ceci : "Il faudrait en réalité citer le nom de chaque Mahoraise et de chaque Mahorais, vous qui ne cessez d’exprimer, référendum après référendum, votre attachement unanime à la France".
Pour ce qui est de la visite présidentielle, lors de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait adressé une lettre aux Mahorais leur promettant que s’il est élu, l’un de ses " premiers déplacements, en tant que Président de la République française, se fera à Mayotte et à la Réunion", fin de citation.
L’hyper-agité arrive enfin dans l’île, après deux ans et demi de présidence, pour une visite éclair de quatre heures, une visite dont les Mahorais ne devront se souvenir pratiquement que du caractère exceptionnel de l’ampleur de la mobilisation. C’est à se demander si Nicolas Sarkozy n’a pas plutôt profité de son voyage à la Réunion et Djibouti pour faire escale à Mayotte. Les plus de 19.000 Mahorais (dont j’ai fait partie) se sont déplacés pour accueillir le "beau-père" de la départementalisation et écouter son discours, ne faisant que reprendre partiellement les termes du Pacte pour la départementalisation.
Comme on sait à Mayotte que les beaux-pères sont parfois méchants, Sarkozy repousse les éléments de l’égalité sociale à 25 ans pour les Mahorais. Et si on met à part, d’un côté, la forte réaffirmation vis-à-vis du monde entier que Mayotte c’est la France, et de l’autre, que l’antenne universitaire accueillera ses premiers étudiants à la rentrée 2011, par rapport au Pacte, les 19.000 enfants de la départementalisation n’auront entendu rien de nouveau dans le discours présidentiel.
Ce qui est plus étonnant, c’est que le prétendu "père de la départementalisation" n’aura en rien communiqué ni sur l’organisation de l’assemblée départementale, qui plus est inédite dans sa double compétence (départementale et régionale), ni sur son mode de scrutin devant intervenir dans 15 mois. Sur le plan économique, l’agriculture ou son corollaire l’agro-alimentaire ont été laissés pour compte par le président. En définitive, Sarkozy n’aura rien dit sur l’important dossier de rupéisation de Mayotte.
Kira Bacar Adacolo,
attaché parlementaire européen, porte-parole du PSM
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