15/01/2010 – Ouverture du 2nd quai de Longoni

 

 

{xtypo_dropcap}17{/xtypo_dropcap} ans après la mise en service du premier quai de Longoni, vendredi le second quai a été inauguré. Un évènement majeur pour lequel tous ce qui comptent dans la vie politique et économique de l’île s'étaient déplacés. Devant une assemblée massive, le président de la CCI a dévoilé les défis majeurs qui restent à relever avec ces nouvelles infrastructures.

"Il faut désormais faire revenir les armateurs", et récupérer les trafics qui ont peu à peu déserté le lagon face aux difficultés liées à la saturation de l’ancien quai. En 10 ans, l'activité est passée de 132.000 tonnes à 242.000 tonnes. Les capacités de stockage limitées, ainsi que les 178 mètres de quai que comptabilisent les deux quais de la première partie du port, n’ont pas pu suivre la forte progression de l’activité portuaire. Les bateaux étaient obligés d’attendre le déchargement des navires à quai.

Avec ses 233 mètres de quai, ses 14 mètres de tirant d’eau et près de 12 hectares d’espace de stockage des containers, le nouveau quai va permettre d’accueillir plus de navires, même les gros porteurs, et répondre à la forte demande liée au positionnement stratégique du port de Mayotte dans le canal de Mozambique.

La tâche n’a pourtant pas été aisée. Entamés en mai 2004, les travaux ont rapidement accumulé les difficultés. Des contraintes géotechniques imprévues ont vite fait exploser l’ardoise. De 48 millions d’euros prévus au départ, le coût total des travaux est monté à 80 millions.

Des difficultés qui ont occasionné près de neuf mois de retard et un surcout de 48 millions d’euros, essentiellement assuré par la Collectivité et sur lequel l’Etat s’est engagé à prendre en charge 10 millions d’euros. D’autres problèmes liés à la concession du port sont venus retarder sa mise en service, un retard "inacceptable" pour le préfet.

 

"Nous allons devenir un véritable "hub" dans le canal de Mozambique"

 

Aujourd’hui, Longoni a tous les atouts pour devenir une étape incontournable dans la zone du canal de Mozambique. Une route commerciale mondiale où transitent chaque jour des centaines de navires. Les responsables espèrent faire de Mayotte un port régional de transbordement, c’est-à-dire un port d'où partiront les cargaisons vers les Comores, Madagascar ou le Mozambique.

Grace à des tarifs imbattables, l'île Maurice capte les principaux flux de la région. C'est de là que les embarcations plus petites se chargent de livrer dans la zone. Un système qui pénalise Mayotte avec des délais de livraisons plus longs. Pour Serge Castel, ce nouveau quai marque une étape importante dans le désenclavement de l’île.

"Maintenant, nous avons la capacité d’être un port régional, parce qu’on est dans le canal de Mozambique, le long de l’océan Indien. Comme concurrent, actuellement, nous avons Anjouan et Diego qui sont des petits ports, et aussi Majunga. Nous allons devenir un véritable "hub" dans le canal de Mozambique. Et ça intéresse les armateurs parce que c’est le véritable carrefour Afrique-Asie-Europe. Beaucoup plus que Maurice-Réunion, parce qu’on est vraiment dans l’axe".

Des paroles confirmées par l'intérêt soudain des armateurs pour Longoni. "Depuis qu'on a annoncé la mise en service du second quai, il y a déjà plein de navires qu'on n'a jamais vus ici, qui nous ont contacté pour faire leur toucher à Mayotte, notamment des navires qui transportent des voitures. Ils ne pouvaient pas aller sur l'ancien quai, mais désormais ils veulent faire du transbordement à Mayotte", annonce déjà le nouveau directeur du port, Zoubair Ben Jacques Alonzo.

La compagnie CMA-CGM a elle aussi débloqué une ligne supplémentaire sur la liaison Djibouti-Mayotte, à raison d'une fois par semaine. La nouvelle a ravi tous les opérateurs économiques qui espèrent ainsi voir raccourcir les délais de livraison.

 

Un espace d'accueil et de vie

 

L'arrivée le 27 mars prochain du MSC Sinfonia, un paquebot de croisière de 2.800 passagers, marquera l'avènement d'une nouvelle ère pour le port, qui se présente comme la nouvelle zone de débarquement des touristes. Une alternative en réponse aux problèmes de circulation dans la zone du débarcadère de Mamoudzou. Les autorités portuaires tablent dorénavant sur la mise en place d'un réseau de bus qui viendra récupérer les visiteurs pour les emmener dans les zones touristiques de l'île. Une nouvelle activité qui fait de Longoni "la porte maritime de Mayotte".

D'autres projets tendent à rendre le lieu plus hospitalier, avec notamment l'installation de plusieurs restaurateurs ainsi que des mamas brochettis sur le site. Reste désormais à améliorer les infrastructures déjà présentes, comme le terminal pétro-gazier qui ne dispose toujours pas de la profondeur annoncée. Il faudra aussi régler l'épineuse question tarifaire.

Aujourd’hui Longoni est l’un des ports les plus chers de la région. Un problème qui va constituer le gros de la réforme du fonctionnement du port. Un premier défi pour la CCI, en attendant que la Collectivité de Mayotte ne désigne le gestionnaire du port.

 

Halda Toihiridini

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