Ce jeudi 4 février est dédié à la journée mondiale contre le cancer. L’occasion de démocratiser le discours autour de cette maladie. Le réseau de santé Rédéca Mayotte a choisi de mettre en avant le cancer du col de l’utérus car il est encore très meurtrier chez les femmes à Mayotte.
Il est silencieux et agit sournoisement dans l’ombre pendant des années avant de faire des ravages. Le papillomavirus est à l’origine du cancer du col de l’utérus. Il évolue lentement et peut générer un cancer au bout de 10 à 15 ans après son apparition. “Nous contractons le virus très souvent lors d’un rapport sexuel”, informe Fatima Kassim, assistante de gestion au centre de santé Rédéca. Selon cette dernière, le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer féminin le plus meurtrier à Mayotte. Pourtant, une femme peut survivre si elle est dépistée à temps. “Le premier frottis, c’est-à-dire le dépistage, doit se faire à 25 ans. Il faut ensuite en faire un deuxième un an plus tard, puis tous les trois ans jusqu’à 65 ans”, explique Fatima Kassim.
En réalité, toutes les femmes sont susceptibles d’attraper le papillomavirus, mais le dépistage est fortement recommandé à celles âgées entre 25 et 65 ans car il est gratuit pour cette tranche d’âge, que l’on soit affilié ou pas à la sécurité sociale. “Se faire dépister régulièrement c’est mettre les chances de son côté. Si nous détectons les cellules malades assez tôt, nous pouvons avoir un traitement moins lourd et nous avons plus de chances de guérir car le cancer est précoce”, prévient la professionnelle. Pour rappel, le papillomavirus peut également toucher les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes.
Rédéca au coeur de la prévention
Le réseau de santé prend sa mission de prévention et de sensibilisation très à cœur. Il est possible d’effectuer des frottis au centre Rédéca situé à Mamoudzou, près de l’hôpital. Mais les professionnels sont conscients que toutes les femmes ne peuvent se déplacer jusqu’au chef-lieu. Alors ils vont vers elles. “Nous avons un camion qui se déplace dans chaque commune, chaque village, avec les médiatrices santé et les sages-femmes. Elles font de la sensibilisation mais également des dépistages sur place”, indique Fatima Kassim. Selon les endroits, les femmes sont plus ou moins nombreuses.
Les préjugés et les tabous sont encore tenaces puisqu’il s’agit d’un virus que l’on attrape lors d’un rapport sexuel, dans la grande majorité des cas. Peu de jeunes filles affluent, pourtant “elles peuvent faire un frottis même si elles sont mineures”, précise l’assistante de gestion au Rédéca. Mais puisqu’elles ne sont pas censées avoir des rapports sexuels avant le mariage, selon la tradition mahoraise, on ne les voit que très rarement au centre ou dans le camion. Et une autre catégorie de femmes manque aussi à l’appel. “Celles qui ont atteint la ménopause ne sont pas nombreuses parce qu’elles considèrent qu’elles ont déjà eu des enfants et qu’elles ne risquent rien”, constate Fatima Kassim. Une idée reçue, puisque même les femmes ayant eu des enfants peuvent être infectées par le papillomavirus.
Mais le vent tourne. De plus en plus de femmes prennent l’initiative de faire les frottis. Le réseau de santé recense en moyenne 5.000 dépistages chaque année. “Ce n’est pas assez par rapport à la population minime que nous visons. Nous souhaitons atteindre 20.000 femmes qui ont entre 25 et 65 ans. Nous sommes loin du compte, mais le nombre de dépistages est en augmentation”, relativise la professionnelle. Reste, aussi, à sensibiliser les hommes à la cause. Qui pourront en parler à leur entourage… et peut-être sauver leur femme, leur mère, ou leur soeur.