{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}ne étude transversale en population générale à Mayotte a été réalisée en 2008, afin d’estimer la prévalence du diabète et des facteurs de risque cardio-vasculaires. Un échantillon aléatoire de 1.200 personnes âgées entre 30 et 69 ans a été dépisté à domicile en réalisant une mesure de la glycémie et de l’hémoglobine glyquée sur sang capillaire, ainsi que des mesures anthropométriques et deux mesures de pression artérielle.
Les personnes diabétiques connues ont été convoquées au centre de santé le plus proche de leur domicile pour une confirmation du diagnostic sur sang veineux. La prévalence du diabète s’élevait à 10,5%. Elle est de 4,9% en France métropolitaine. La prévalence augmentait avec l’âge, de 3% entre 30-39 ans à 26% entre 60-69 ans. Plus d’une personne sur deux ignorait qu’elle était diabétique, et l’équilibre glycémique n’était pas atteint (HbA1c>7%) pour la moitié des diabétiques déjà connus qui suivaient un traitement.
Le surpoids (IMC 25-29 kg/m2) concernait 35% des hommes et 32% des femmes, et l’obésité (IMC=30 kg/m2) 17% des hommes et 47% des femmes. Une pression artérielle égale à 140/90 mmHg ou une hypertension connue était retrouvée chez 44% des personnes. Plus de deux personnes sur trois ignoraient qu’elles étaient hypertendues.
La prévalence du diabète à Mayotte se situe entre celles de la France métropolitaine et de la Réunion, ce qui laisse craindre une augmentation importante dans le futur, compte tenu de la prévalence élevée de l’obésité, en particulier chez les femmes. La mise en place d’actions de prévention contre l’obésité et le diabète, ainsi que le dépistage de l’ensemble des facteurs de risques, cardio-vasculaires et l’amélioration des conditions de prise en charge, est recommandée.
17% des hommes et 47% des femmes sont obèses
Les résultats de l’étude soulignent la nécessité de développer et renforcer les actions de lutte de manière globale en prenant en compte trois axes.
Il y a d’abord la prévention, par le développement de l’information de la population sur le diabète et les maladies du métabolisme et essentiellement sur le risque lié au surpoids, à l’obésité, à l’hypertension artérielle et au tabagisme, et en renforçant les messages de prévention concernant l’alimentation et l’activité physique et contre le tabagisme.
Le développement d’actions locales, comme la mise en place d’ateliers cuisine promouvant des pratiques diététiques acceptables pour la population, est un exemple concret de mesures de prévention pouvant accompagner les messages généraux.
Ces actions ne peuvent être efficaces que si elles sont accompagnées d’actions visant à faciliter l’accès à une alimentation équilibrée, notamment les fruits et légumes qui sont peu disponibles. Cet objectif, qui passe notamment par une réflexion sur les possibilités de développement du secteur agricole à Mayotte, sur la hauteur des taxes sur les produits importés et sur les échanges commerciaux avec les pays voisins, nécessite une approche globale. Les programmes à développer dépassent largement le cadre des seuls responsables et acteurs de la santé à Mayotte et leur définition, puis leur mise en œuvre, doit inclure de nombreux autres partenaires.
Il y a ensuite la prise en charge médicale du diabète et de l’hypertension artérielle. Il s’agit de diminuer le risque vasculaire des personnes diabétiques traitées, dont la moitié selon les résultats de l’étude ne sont pas équilibrées, et de réduire ainsi la fréquence des complications et la mortalité liées au diabète. Il convient pour cela de promouvoir et généraliser un contrôle régulier de l’équilibre glycémique par la mesure de l’hémoglobine glyquée, ainsi que le contrôle des autres facteurs de risque vasculaire, ainsi qu’une prise en charge diététique appropriée.
44% des personnes victimes d’hypertension
L’amélioration de la compliance des patients aux traitements est très certainement un des objectifs à atteindre par un plan global de lutte contre le diabète et l’hypertension artérielle, et les actions d’information sur la maladie et de sensibilisation y participent. La création d’un service de diabétologie au centre hospitalier de Mayotte et de consultations dédiées spécifiquement à la maladie diabétique, ainsi que de consultations diététiques, seraient très certainement bénéfiques.
Il y a enfin le dépistage du diabète et de l’hypertension artérielle, sous réserve que la prise en charge soit assurée de façon satisfaisante. Si ce préalable est rempli, il conviendrait de développer un programme de dépistage communautaire sur l’ensemble de l’île. Pour le moment, le système de soins n’est pas orienté vers le dépistage précoce des pathologies chroniques ou de ses facteurs de risque. Par ailleurs, peu d’actions de dépistage à l’attention de l’ensemble de la population sont réellement mises en œuvre actuellement sur l’île.
Le dépistage du diabète doit être réalisé par un test de glycémie veineuse à jeun. En cas de positivité, un nouveau contact avec le médecin doit être réalisé et conduire à la prescription d’un deuxième test destiné à confirmer le diagnostic. En cas de résultat négatif, le test doit être répété tous les trois ans.
Le dépistage simultané du diabète et des facteurs de risque cardio-vasculaire est recommandé, et l’étude Maydia a démontré l’association fréquente du diabète avec, en particulier, l’hypertension artérielle.
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