{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}ous l'égide d'Olivier Van Canneyt, biologiste au centre de recherche sur les mammifères marins à l'université de la Rochelle, cette mission regroupe une dizaine de scientifiques venus de toute la région : Madagascar, Seychelles, Maurice, Réunion et les Comores, même si ce pays n'aura pas d'observateurs à bord des deux avions qui vont survoler la zone.

Le but de l'agence est d'aider les politiques dans la mise en œuvre des aires marines protégées, mais aussi de mettre au point des programmes de connaissances permettant de déterminer les indicateurs de biodiversité en mer et les habitats remarquables, qui peuvent être à cheval sur les frontières entre Etats, d'où l'importance d'une coopération régionale en la matière.

L'université de la Rochelle coordonne le programme avec des membres de 7 associations ou ONG, notamment un membre des Naturalistes de Mayotte, et 2 agents de la Brigade nature. L'année dernière, un programme similaire de survol de la ZEE de Guyane et des Antilles a déjà été effectué.

Cette fois-ci, le but est donc de couvrir les eaux françaises de l'océan Indien, notamment celles de Mayotte et des îles Eparses, mais aussi étrangères, grâce à une coopération de tous les organismes de la région qui travaillent sur les mammifères marins. Les deux avions, fournis par Madagascar Trans Aérien et Aéro Sotravia (France), sont équipés d'hublots-bulle et d'équipements de sécurité pour le vol hauturier.

Ils vont survoler la mer à 200 mètres  d'altitude avec des transects parcourus à la vitesse de 90 nœuds. Cette méthodologie permet de repérer les oiseaux, les cétacés, les grands poissons pélagiques comme les raies et les requins, les tortues et les bateaux de pêche. "Ces survols nous permettront de recueillir des données pour avoir une image globale de l'utilisation de cet espace par les hommes et les animaux", explique M. Van Canneyt.

Les survols, qui ont commencé mardi dans la ZEE de Mayotte, doivent durer 3 à 4 mois sur une surface d'un million de km², soit 40.000 km de transects parcourus avec 2 avions. L'échantillonnage de la zone sud-ouest de l'océan Indien s'est faite en fonction des différents habitats, de Diego-Suarez à l'archipel des Comores en passant par les Glorieuses et le banc du Geyser, de Tuléar à Europa et Bassas da India, de la baie d'Antogil à Sainte-Marie et Tromelin, pour finir par les eaux réunionnaises et mauriciennes.

L'étude du plateau de Mahé aux Seychelles est encore en cours de discussions. Un premier rapport de campagne sera restitué au mois de mars. "On espère organiser un séminaire en septembre à Mayotte ou à Madagascar pour partager ce travail de valorisation scientifique. Les données seront restituées aux établissements publics des pays et les ONG aussi y auront accès", précise le chercheur.

Cette étude va également permettre de former les acteurs associatifs de la zone issus de pays où cette expertise manque de moyens financiers et humains. Norbert Andrianarivelo et Yvette Razafindrakoto, de l'ONG américaine Wild Life Conservation Society (WCS) implantée à Madagascar depuis 1996, font ainsi partie du voyage. "C'est la première fois qu'on va pouvoir faire des observations aériennes, car nous n'avons fait pour l'instant que de l'observation depuis des embarcations, avec des enregistrements acoustiques, des prélèvements cutanés et des photos de nageoires caudales", constate Norbert.

Pour Yvette, "les données obtenues à travers cette campagne vont permettre de renforcer les sites identifiés comme prioritaires au niveau de la COI pour créer des futures aires marines protégées et mettre en place le futur réseau des aires marines protégées de l'océan Indien".

 

JP