Alors que le Covid-19 avait un peu mis le holà sur les chantiers, la Société immobilière de Mayotte assure pouvoir tenir son carnet de route pour 2021. Et entend même dépasser son objectif de 5.000 logements d’ici 2030. Tour d’horizon des projets attendus dans les mois à venir.
Faites un pas dans le “Grand Mamoudzou”, levez la tête, tendez l’oreille. À coup sûr, vous ne manquerez pas de remarquer le ballet de grues ou l’orchestre de marteau-piqueurs qui font vibrer toute la commune chef-lieu. Et même au-delà ! Partout à Mayotte, les chantiers illustrent le développement exponentiel de ce petit caillou de l’océan Indien. Brièvement interrompu par le confinement du mois de mars, le concerto a repris de plus belle, avec des mises en chantier et des livraisons toute cette fin d’année. Et pour 2021, la Société immobilière de Mayotte, qui porte l’importante mission de construire des logements dans un département soumis à une forte pression démographique, entend bien poursuivre sur cette lancée.
Coup de boost
“Nous avons eu une année compliquée, comme tout le monde, avec une période notamment où tout s’était interrompu”, acquiesce Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la SIM. “Mais on a mis un coup d’accélérateur à la reprise, ce qui nous a permis d’atteindre et même de dépasser nos objectifs de mise en chantier pour 2020 !”, se réjouit l’ancien banquier.
On s’en souvient, l’année dernière à la même période, le préfet Jean-François Colombet annonçait à l’occasion de la journée professionnelle de la construction et du logement, un ambitieux projet de 30.000 logements en dix ans, dont 5.000 à la charge de la société historique de Mayotte. Soit un minimum de 500 logements par an tout de même ! Un beau projet, quand on sait que la SIM tournait plutôt aux alentours de 100 mises en chantier annuelles, il y a trois ans.
400 livraisons pour 2021
“Nous avons déjà largement atteint notre rythme de croisière avec 600 mises en chantier cette année soit un investissement total de 105 millions d’euros, et dès 2021, nous pouvons décemment tabler sur un chiffre de 750, voire 800, pour environ 150 millions d’euros d’investissements. Pour beaucoup, les financements sont bouclés. Donc l’objectif de 5.000 logements en 2030, nous l’atteindrons”, certifie un Ahmed Ali Mondroha confiant derrière ses lunettes rectangulaires. Seul bémol : les livraisons, dont certaines ont en effet pris du retard à cause de la crise sanitaire. Sur les 200 logements prévus, 140 ont effectivement été livrés en 2020. Le reste devrait recevoir les dernières finitions dans les mois qui viennent. “Si bien que cette année, nous visons les 400 livraisons.”
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Parmi les projets emblématiques, l’on retiendra l’exemple de Marzoukou à Labattoir : 238 logements sociaux, dont la première tranche de 117 logements ne va pas tarder à accueillir ses heureux locataires. Pour cette grosse opération, la SIM a accepté une proposition de VEFA (vente en état futur d’achèvement) d’un promoteur privé, Ocidim, filiale de Vinci construction Dom-Tom. La livraison de la première tranche est prévue en juillet-août, tandis que la deuxième tranche arrivera sur le marché un an et demi plus tard.
“Mailler tout le territoire”
Côté Grande-Terre, la SIM a confié à Colas le gros-oeuvre pour “Les Terrasses”, 95 logements qui doivent commencer à sortir de terre sur ce foncier de la SIM situé à Cavani, à quelques pas des 100 villas. Non loin de là, rue du Stade, trois opérations sont programmées dont deux doivent débuter en 2021, pour un total de 300 logements. “Là c’est tout un quartier qui va voir le jour, avec du logement social, du logement libre, de l’intermédiaire et au rez-de-chaussée des commerces”, décrit le directeur du premier bailleur de l’île. Même chose avec La Renaissance dans le quartier des 16 Villas, où 64 logements – libres, ceux-là – surplomberont quelque 2.000 mètres carrés de surface commerciale. Les gros appels d’offres à guetter pour 2021 concernent donc certaines de ces opérations, comme celle de Vili Vili Manga rue du Stade, avec 60 logements et 13 commerces. Ou encore le Sphinx à Trévani, 54 logements. Car, une fois n’est pas coutume, tout ne se concentre pas à Mamoudzou. “À Tsimkoura, à Iloni, à Coconi, à Kahani, à Combani, à Tsingoni, à Chirongui… bref, un peu partout, nous allons mailler le territoire”, explique Ahmed Ali Mondroha.
Relogement et capacités de production
À chaque fois, ces opérations permettent de répondre aux enjeux de pression démographique. “Pour Les Terrasses par exemple, nous détruisons six cases pour construire 95 logements”, signale-t-il. Une politique qui va d’ailleurs de pair avec le calendrier rythmé de destructions d’habitat illégal mené par la préfecture depuis quelques mois et qui a permis à la SIM de récupérer l’un de ses terrains occupé à Passamaïnty. “Dans ces bangas, il y a des personnes éligibles au logement social classique”, note le directeur. Reste qu’il sera sans doute difficile de reloger tout ce petit monde, même avec un tel coup d’accélérateur sur les mises en chantier ! En juin dernier, André Yché, le président de la filière habitat de la Caisse des dépôts et consignation (CDC), actionnaire majoritaire de la SIM, s’inquiétait d’ailleurs que les ambitieux programmes immobiliers, reboostés par le plan de relance, ne finissent par se heurter aux capacités de production de Mayotte… Gare à la surchauffe !