Interpellation musclée à la barge : la nécessaire protection de l’identité des policiers à Mayotte

D’après le représentant syndical, Bacar Attoumani, les individus arrêtés ce mardi à la descente de la barge à Mamoudzou tentaient d’intimider un policier hors service qu’ils avaient reconnu comme le responsable de la reconduite à la frontière de leur frère. Une situation qui rappelle pour lui la loi sur la Sécurité globale, examinée par le Sénat ce mois-ci, et la nécessaire protection des policiers. Surtout à Mayotte.

Instant buzz à la barge. Ce mardi, une interpellation musclée a eu lieu sous les yeux ahuris des passagers de la STM, en fin d’après-midi. Ni une ni deux, les voilà qui dégainent leur téléphone portable pour ne pas louper une miette de l’altercation. Alors que la sonnerie retentit et que le ponton se met en branle, à l’embarcadère de Mamoudzou, un groupe d’hommes s’amasse à la sortie du bateau. Sauf qu’un petit comité d’accueil les attend. “C’était mon groupe, nous avons été appelés pour intervenir et la barge a fait demi-tour”, raconte Bacar Attoumani, le secrétaire départemental de Alliance Police nationale à Mayotte.

Sur la vidéo, on distingue alors Jean-Marie Cavier, le directeur territorial de la police nationale “qui était par hasard sur la même barge”, déroule le fonctionnaire. Le DTPN tente de s’interposer entre le plus baraqué des trois et les deux autres individus, visiblement remontés. Mais alors qu’ils se toisent en chien de faïence, un des agents de police fonce sur le plus virulent et le met à terre. Le deuxième lascar subit le même sort. En quelques minutes, tout ce beau monde embarque bon gré mal gré dans la voiture de police, arrivée sur ces entrefaites.

 

Reconduite à la frontière et vendetta

 

Flashback. “En attendant la barge, notre collègue du groupe d’appui opérationnel (GAO) (l’homme le plus costaud sur la vidéo NDLR) a été reconnu par trois individus qui ont eu leur frère reconduit. Ils ont alors voulu se venger, ils ont commencé par l’insulter, avant que deux d’entre eux ne montent avec lui dans la barge et tentent de l’intimider”, retrace Bacar Attoumani. D’après lui, l’agent de police, alors en dehors de ses heures de service, ne riposte pas. Mais le ton s’échauffe, et la barge entame son demi-tour. “L’idée c’était de les récupérer en dehors de la barge et surtout d’éviter toute propagation”, explique encore le syndicaliste. Une opération réussie donc, même si l’arrestation musclée provoque quelques cris dans l’assistance, accoudée aux balustrades.

 

Une LIC sous tension

 

Reste que pour le représentant d’Alliance à Mayotte, syndicat qui a largement défendu la proposition de loi sur la Sécurité globale, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020, cette “coïncidence” illustre les risques qui pèsent sur les policiers du 101ème département. “Nos collègues du GAO qui travaillent sur la lutte contre l’immigration clandestine sont davantage exposés, et il n’existe pas de protection particulière pour eux, malgré l’étroitesse de l’île”, martèle Bacar Attoumani. Un défi d’autant plus crucial que la fameuse LIC met plutôt les gaz ces derniers mois… “Nous sentons plus de résistance, tout cela devient compliqué, et il faut commencer à parler, qui plus est à Mayotte, de protéger le policier. Car après son service, il ne va pas continuer à traîner avec son arme ! Et à ce moment-là, comment les protège-t-on ?”, interroge-t-il.

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