Le Polé dérouté en raison d’une pluie de cailloux à Mamoudzou

Ce lundi 7 décembre, la première barge en provenance de Petite-Terre a dû être déroutée lors de son arrivée à l’embarcadère de Mamoudzou. Une bande de jeunes a caillassé le navire et ses passagers, provoquant la blessure d’une mineure. Cet incident a provoqué plusieurs bouchons durant une bonne partie de la matinée. Le service de transport maritime a demandé des renforts policiers sur les deux quais pour le reste de la semaine. Requête acceptée par la préfecture pour une durée indéterminée.

« Ces violences sont inadmissibles. Les passagers n’ont pas à se trouver otages de ces guerres de tranchées. » Des mots durs prononcés par le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, en réponse au caillassage subi par le navire Polé, ce lundi 7 décembre, lors de son amarrage à Mamoudzou. Prêts à débarquer sur Grande-Terre vers 5h50, les usagers voient alors une pluie de cailloux s’abattre sur le navire depuis l’extérieur de la gare, à proximité du restaurant le 5/5. Prioritaire, une voiture médicalisée n’a même pas le temps de s’engager sur la terre ferme. En à peine quelques secondes, le commandant de bord décide de remonter la rampe et de dérouter la barge en direction du quai Ballou. « Une fillette a été blessée par les projectiles et a été prise en charge à Dzaoudzi », annonce un cadre du service des transports maritimes, qui tient à féliciter la réaction instinctive de son pilote.

Un match de football comme étincelle

Ce nouvel incident ferait suite à une rencontre officielle de football, jouée la veille en début d’après-midi, entre les U18 de l’USC Labattoir et ceux du club Wana Simba de Mamoudzou. Une demi-finale de Coupe de Mayotte qui a vu les Labattoiriens l’emporter 3 à 0, mais qui a tourné au règlement de compte. « Déjà tout le long du match, la trentaine de jeunes dehors menaçait nos joueurs. Ils ont joué la peur au ventre, ils étaient terrorisés. Les remplaçants n’avaient même pas la force d’entrer en jeu », témoigne le coach du Wana Simba. 

À l’issue de la confrontation, à peine les sportifs prennent-ils place dans leur bus situé sur le parking du stade que les délinquants mettent leurs menaces à exécution, en entourant le véhicule et en le bombardant de pierres. « Nous avons senti que ça allait tourner au vinaigre et avons tenté de parler avec certains d’entre eux, mais nous n’avons rien pu faire. Nous n’étions que trois membres du club et eux, trop nombreux pour être apaisés par nos paroles », se remémore un dirigeant de l’USC Labattoir.

Saturation du trafic

Match retour le lendemain, avec ce qui ressemble à des représailles, même si « judiciairement parlant, nous n’avons aucune preuve », relate la gendarmerie. Prévenue, la police nationale se rend immédiatement sur les lieux et provoque la dispersion des jeunes, venus en découdre avec les Petits-Terriens. Du côté des militaires, le colonel envoie une unité de six gendarmes positionnée à proximité du siège de la collectivité, dans l’attente de son départ pour l’opération de destruction d’habitats illégaux à Dembéni. Quant à la présence de plusieurs équipes mobiles dans le Karihani, qui devait accoster peu après son départ initialement prévu à 6h, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une « coïncidence ». 

Si la tension redescend rapidement d’un cran grâce à l’intervention des forces de l’ordre, le réseau maritime se retrouve complètement désorganisé pendant plusieurs heures. « Les deux bateaux sont arrivés au même moment à Mamoudzou, peu après 6h30 », explique-t-on chez STM. « Nous avons pris une heure de retard alors que nous nous trouvions en pleine heure de pointe. » Synonyme de saturation du trafic, notamment pour les véhicules pris en tenaille dans des bouchons sans fin. « Nous avons eu une queue beaucoup plus longue qu’à l’accoutumée. » Le retour à la normale n’intervient finalement qu’aux alentours de 9h. 

Dans l’après-midi, le STM demande sans tarder des renforts policiers au préfet pendant les créneaux matinaux sur les deux quais durant toute cette semaine, dans le but d’éviter de mauvaises surprises et d’assurer la sûreté des passagers à leur sortie. « Les agents de sécurité à terre sont tenus de se barricader et de verrouiller les portails pour limiter les intrusions, ils ne sont pas la force publique », argumente le service spécifique du Département. Requête acceptée par la préfecture, pour une durée indéterminée. Reste à savoir si ces patrouilles suffiront à apaiser les tensions entre ces bandes rivales… « Des jeunes qui préméditent leurs actions et qui se donnent rendez-vous pour régler leur compte à la sortie de la barge, c’est une première ! » 

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