À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’association pour la condition féminine et aide aux victimes (ACFAV) organise plusieurs interventions tout au long de la semaine. Le thème de cette édition : les violences économiques comme objet de soumission féminin.
“Ici, c’est l’accueil de jour, mais elles peuvent passer par cette ruelle derrière, pour rester discrètes”, présente Nadia Gomis, cheffe de service à l’ACFAV (association pour la condition féminine et aide aux victimes) en s’affairant dans le petit patio à l’abri des regards. Si les missions des 43 salariés et deux bénévoles de l’association ne manquent déjà pas en temps normal, cette semaine est un peu particulière. Ce mercredi 25 novembre se tient la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Crise sanitaire oblige, l’ACFAV a dû revoir sa copie et le traditionnel colloque qui devait se tenir devant des professionnels dans l’hémicycle Younoussa Bamana, a finalement été remplacé par une semaine d’interventions dans les médias ou sur le terrain.
Interventions médiatiques et théâtre
Depuis lundi et jusqu’à vendredi 20h, l’ACFAV a ainsi prévu plusieurs interventions sur les antennes de Mayotte la 1ère et sur la matinale de Kwezi. Un moment de rencontre a aussi été organisé ce jour à côté du marché couvert, sous la forme d’un point d’information, à quelques pas de l’embarcadère. Et le temps d’une traversée, les passagers de la barge pourront devenir les spectateurs éphémères de saynètes théâtralisées. “L’avantage, c’est que nous pouvons ainsi toucher le grand public, car trop peu de gens connaissent encore cette journée”, déroule Agnès Daunar-Sattonnay, chargée de mission développement de projets et communication. L’occasion, aussi, de faire connaître le travail de l’association.
Dépendance économique et administrative
Dans ses modestes locaux de M’Tsapéré mis à disposition par le conseil départemental, l’ACFAV accueille chaque année certaines des 400 à 500 femmes victimes de violence qui osent franchir le pas. Malheureusement, beaucoup restent encore dans l’ombre, par crainte de représailles, du regard des autres… ou encore parce qu’elles ne disposent pas de ressources ou de papier en règle.
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’association a fait le choix d’orienter cette semaine sur le thème des violences économiques. “Certaines pourraient bénéficier d’aides sociales, de la CAF, par exemple, mais ces revenus sont en réalité détenus par le conjoint”, explique Nadia Gomis. Ce qui peut créer des situations de dépendance particulièrement complexes. “Parfois, elles n’ont pas d’autre choix que de retourner au domicile conjugal après en avoir été soustraites pour cause de violences”, ajoute-t-elle.
Lutter contre les violences faites au femmes
En tout, 14 hébergements, dont quatre pour les situations d’urgence et dix de façon plus pérenne, sont dédiés par l’ACFAV à la mise à l’abri de ces femmes victimes des abus de leurs conjoints. Le problème, c’est que seules celles en situation régulière peuvent bénéficier des solutions de plus long terme. Si cette distinction ne s’applique pas pour les hébergements d’urgence, l’accueil y est limité à 21 jours. Or, il est difficile en pratique, d’apporter des solutions administratives en si peu de temps… “Ces délais sont décidés par nos financeurs, mais nous sommes justement en train de rédiger un projet pour permettre un accompagnement plus long”, assure la responsable.
En attendant, les victimes peuvent bénéficier de l’accompagnement des psychologues et des juristes de l’association. “Nous leur conseillons de porter plainte, mais beaucoup ont peur de ne pas être entendues, ou ont l’impression que cela ne mènera à rien. Et il faut dire que le temps de la justice est parfois long”, concède Nadia Gomis. En France, sur les 213.000 victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, seules 18% déclarent avoir porté plainte.
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