{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}epuis plusieurs années, Mayotte participe activement à la lutte contre l'illettrisme via son école des parents, programme qui connait un fort succès, essentiellement auprès des femmes, et qui est désormais intégré au projet global de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ALCI).
Arrivés mardi à Mayotte, le secrétaire général de cette agence d'Etat, Hervé Fernandez, et le chargé de mission prévention de l'illettrisme Eric Nédélec, assistaient jeudi à la signature d'une charte de partenariat entre l'Etat, la Collectivité, le vice-rectorat et Opcalia, lors d'une grande journée organisée à la MJC de M'gombani.
"Pour la première fois à Mayotte, on va fédérer tous ceux qui gèrent les moyens de lutte contre l'illettrisme", nous expliquait à son arrivée M. Fernandez. "Cette fédération des pouvoirs répond à une demande nationale." Mise en place à Mayotte par Faridy Attoumane, cadre de la DTEFP et relais local de l'Agence, cette charte existe déjà dans 22 régions et prévoit une action coordonnée des signataires dans la prévention et la lutte contre l'illettrisme, avec la création d'un comité de pilotage regroupant les signataires et la mise en œuvre prochaine d'un plan d'orientation stratégique 2009/2012.
Cette signature n'était pas la seule raison de la venue de l'Agence sur l'île. "Dans tous les départements de France, nous développons un programme d'échange des bonnes pratiques", explique Eric Nédélec. "Le but est d'identifier ce qui marche et de le valoriser, à Mayotte il s'agit de l'école des parents." Mayotte, région la moins francophone de la République, en exemple de lutte contre l'illettrisme ? C'est une possibilité, nous répondent les hommes de l'ALCI.
Le kit du praticien
"L'école des parents de Mayotte peut avoir une valeur exemplaire, au moins pour les autres Dom, surtout la Guyane qui suit de très près l'avancée de cette action, mais également dans d'autres départements de France", explique M. Nédélec, qui précise qu'"il ne s'agit pas de plaquer un système ailleurs, mais d'en montrer les points positifs pour les transférer à un autre contexte".
L'action de l'école des parents s'inscrit dans le volet prévention des différentes actions de lutte contre l'illettrisme : en permettant aux parents de comprendre la scolarité de leur enfant, elle crée une nouvelle dynamique d'insertion, pour les enfants qui travailleront mieux et pour les parents qui s'offrent une possibilité d'intégration dans le monde du travail. "Il n'est pas toujours facile d'amener un adulte à suivre une formation, prendre comme argument la scolarité de ses enfants est un bon point de départ."
Depuis 2004, l'Agence de lutte contre l'illettrisme a lancé un vaste chantier appelé Forum permanent des pratiques, qui en est aujourd'hui à la phase 3. Cette phase de travail a pour but de mettre en commun les pratiques de prévention et de lutte contre l'illettrisme qui réussissent, sur l'ensemble du territoire français. C'est pourquoi, comme dans toutes les régions qui expérimentent des moyens de lutte contre l'illettrisme, un expert de l'Agence, Jean-Pierre Leclere, arrivé quelques jours plus tôt dans l'île, a rédigé avec la collaboration de Faridy Attoumane un "Kit du praticien", qui détaille l'action école des parents.
"Il y a une énorme liste d'attente"
"Ce qui est important, c'est qu'il y a un nombre incroyable de personnes qui souhaitent intégrer l'école des parents", constate, enthousiaste, M. Leclere. "Malgré les 16 groupes existants, il y a encore une énorme liste d'attente. C'est un véritable appel d'air, car cela leur permet à la fois d'entrer dans le monde de l'éducation, mais également, avec le concours de la DTEFP, d'imaginer une insertion par l'emploi. De plus, cela crée un lien parent-adolescent qui est quasi inexistant dans les familles mahoraises."
Jeudi, après la signature de la charte, les participants se sont divisés en quatre ateliers de travail, nommés selon les "bonnes pratiques" de l'Agence : "Les situations problèmes en formation", "Le livre plaisir : source d'apprentissage", "Le développement des compétences à l'interaction orale en langue française" et "Le rôle des partenaires". Y étaient invités tous les formateurs de l'école des parents, les responsables ressources humaines des entreprises, les syndicats et les demandeurs d'emploi.
"Réunir pour mieux agir est la devise de l'Agence", précise M. Fernandez, "il n'y a pas de meilleur moyen de travailler. Cette réunion est la première à Mayotte, il y a beaucoup de choses à faire." Les trois hommes doivent ensuite s'envoler pour la Réunion, et dans bien d'autres régions de France.
Les différents "Kits du praticien" seront présentés les 5, 6 et 7 mai 2010, lors d'un Forum national des pratiques. L'occasion de mettre en place une sorte de cahier des charges des pratiques reconnues par l'Agence, et de prendre exemple sur ce qui marche, comme l'école des parents, à Mayotte.
Hélène Ferkatadji
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