Diffamation : Air Austral demande un euro symbolique pour des accusations d’abus de position dominante

En plein retour de Corsair dans le ciel de Mayotte, une affaire de presse rappelle les conditions qui avaient poussé la compagnie à annuler ses dessertes, deux ans auparavant. Les Nouvelles de Mayotte sont accusées par Air Austral de diffamation pour un article publié en 2018.

Quand on parle à Mayotte des prix d’Air Austral, il n’est pas rare que les noms d’oiseau fusent… Mais pour s’être pris au jeu, le journal Les Nouvelles de Mayotte, pourrait bien y perdre quelques petites plumes. Ce mercredi, la publication passait devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, pour un article écrit en octobre 2018, jugé diffamatoire par la compagnie aérienne réunionnaise.

Deux passages sont mis en cause : un premier où nos confrères accusent Air Austral de “verrouiller le ciel mahorais”, via des lobbys à Madagascar et à Maurice, “des manoeuvres qui brillent par leur obscurité”, peut-on lire. “Il s’agit de faits délictuels, donc l’article laisse entendre qu’Air Austral a des pratiques interdites, or dans la définition de la diffamation, l’insinuation fait partie des possibilités”, analyse Maître Morel, avocat de la compagnie entendu ce mercredi à la barre. Mais le journal ne s’est pas arrêté là. Plus bas, il dénonce encore le “silence suspect des élus et des pouvoirs publics qui se gardent bien de taper sur Air Austral”, et prédit que “le client mahorais restera pendant longtemps pigeon d’Air Austral qui freine des quatre fers sur le projet de piste longue”. Des accusations que la principale intéressée juge sans fondement et pour lesquelles elle demande donc un euro symbolique, ainsi que la publication de la décision du tribunal dans un journal réunionnais. L’affaire a été mise en délibéré et le choix du tribunal sera rendu public le 25 novembre prochain.

Il y a deux ans, le départ de Corsair

Pour chasser les nuages dans cette affaire, il faut bien rappeler quelques éléments de contexte. En 2018, la signature d’un partenariat stratégique entre Air Madagascar et Air Austral avait plus ou moins poussé Corsair, principale concurrente d’Air Austral sur l’axe Réunion-Mayotte, à voler vers d’autres cieux. L’État malgache avait en effet annulé les droits de trafic accordés à la compagnie entre les aéroports de Saint Denis-Roland Garros et Antananarivo-Ivato. Ce qui par voie de ricochet, mettait fin aux trajets de Corsair jusqu’à Dzaoudzi – notamment en raison des contraintes techniques posées par la piste courte pour ses avions – au grand dam des Mahorais.

“Cette desserte poussait Air Austral à s’aligner sur les prix de la concurrence […] et aujourd’hui, il suffit d’aller sur les réseaux pour savoir que tout le monde trouve cela trop cher”, rembobine Maître Yanis Souhaïli, avocat de la défense. L’affaire avait même attiré l’oeil de l’Autorité de la Concurrence. Son enquête, ouverte en 2018, s’était toutefois soldée sur un classement sans suite, après une perquisition des locaux d’Air Austral. À noter que depuis, Air Madagascar a évincé Air Austral de son capital.

Reste que le sujet est encore cruellement d’actualité. Deux ans plus tard, Corsair signe son grand retour sur l’île au lagon, avec des promesses commerciales à faire bondir sa concurrente réunionnaise. Comptez par exemple 158 euros pour un vol Mayotte – La Réunion, sans bagage, pour ses premiers tarifs promotionnels… Pourvu que ça dure !

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