Ses annonces étaient très attendues par les Mahorais. Le préfet Jean-François Colombet a précisé vendredi dernier que Mayotte ne sera pas reconfinée. Un dispositif pour éviter d’aggraver la situation sanitaire de l’île est cependant mis en place à compter de ce lundi 2 novembre.
« Non, Mayotte ne sera pas confinée dans les prochains jours. » Ces mots prononcés par Jean-François Colombet, vendredi sur le plateau télé de Mayotte la 1ère ont rassuré la population. Suite aux annonces du président de la République et du premier ministre mercredi et jeudi derniers, les Mahorais ont retenu leur souffle, le spectre d’un éventuel reconfinement menaçant l’île. Le territoire ne sera finalement pas confiné, mais il est en période probatoire de deux semaines. « Si la situation évolue favorablement, je serais peut-être mené à alléger le dispositif. Si la situation reste stable, on gardera ce dispositif. Si la situation s’aggrave, nous aggraverons le dispositif et je pourrais être mené à solliciter du gouvernement que nous soyons placés en confinement », détaille-t-il.
En quoi consiste ce dispositif ?
Les rassemblements familiaux et privés de plus de 6 personnes sont interdits. Le préfet a mis l’accent sur les manzarakas, les voulés, les soirées plage, ainsi que les maoulidas. Théoriquement, toutes ces festivités étaient déjà interdites sur le territoire, mais force est de constater que la mesure n’était pas respectée. « Dès lundi, nous allons mettre en place un plan de contrôle et rappeler qu’il peut y avoir une amende de 135 euros », précise Jean-François Colombet. Les boîtes de nuit restent toujours fermées. Des mesures plus strictes ont cependant été prises pour les restaurants et les bars. Ils sont tenus de fermer à 22h30 les vendredis et samedis. La vente d’alcool est également interdite de 18h30 à 6h du matin. « Il y aura des contrôles et des fermetures administratifs pour ceux qui ne se comportent pas en professionnel. Et je demanderai à ce que ces professionnels ne puissent plus bénéficier du fonds de solidarité et des mesures du chômage partiel », menace le locataire de la Case Rocher.
Les voyages sont plus réglementés. La liaison aérienne entre Mayotte, l’île de La Réunion et la métropole est maintenue car « avec des passagers dans l’avion, vous financez les frais du fret », souligne le représentant du gouvernement. La politique des tests n’a pour l’instant pas changée. Tous ceux qui souhaitent se rendre à Mayotte depuis la métropole seront soumis à un test PCR, ce qui n’est pas le cas des voyageurs partant de Mayotte. En revanche, les autorités compétentes seront plus vigilantes sur les attestations. « Nous allons lutter contre la contrefaçon de quelques attestations dont nous savons qu’elles sont fausses, particulièrement pendant la période de décembre où de nombreuses personnes vont revenir à Mayotte », annonce le préfet. Autrement dit, il faudra un motif impérieux solide et valable pour pouvoir voyager. Les mosquées, quant à elles, pourront accueillir du public à conditions de respecter les gestes barrières. Elles devront faire des marquages au sol, fournir du gel hydroalcoolique, et les pratiquants devront porter un masque. Quant aux enterrements, ils sont limités à 30 personnes comme en métropole.
Port du masque à partir de 6 ans
Le port du masque est désormais obligatoire sur l’ensemble du territoire, et ce à partir de 6 ans. Ce qui signifie que les élèves du primaire seront contraints d’en porter. Le rectorat a récemment reçu 1,5 million masques jetables et en tissus. 47.000 seront dédiés aux enfants, même si ce sont les parents qui doivent en fournir. Le recteur de Mayotte fait savoir que des masque adaptés aux plus petits sont en cours de commande, cela permettra d’aider les écoles primaires. En dehors des masques, le dispositif dans les établissements scolaires n’a pas grandement changé, mais Gilles Halbout juge nécessaire de faire un rappel sur les gestes barrières et la communication pour qu’il n’y ait pas de clusters au sein de l’Éducation nationale. Si le brassage de élèves est à éviter, à Mayotte la mission s’avérera plus compliquée. « On va faire au mieux, mais on sait que ça ne sera pas possible. On nous préconise de réserver une salle par classe, mais chez nous ça ne sera pas possible parce que les établissements sont très chargés”, rappelle Gilles Halbout. L’idée de différer les heures des débuts des cours avait été évoquée au niveau national mais encore une fois, la mesure n’est pas applicable chez nous. Selon le recteur, « ici un tiers des élèves ne peuvent aller à l’école qu’avec le transport scolaire. Quand un bus arrive il y a tous les niveaux et on ne peut pas stocker les élèves en entendant l’heure de leur rentrée ».
Le préfet, la directrice de l’ARS et le recteur feront un point tous les jeudis afin de statuer sur l’évolution de l’épidémie. Il ne reste plus qu’à espérer qu’elle évoluera de manière positive d’ici deux semaines, auquel cas nous entreront probablement en confinement.
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