Alors que toutes les conditions semblaient pourtant réunies pour se diriger vers une sortie de crise – l'intersyndicale CGT-Ma FO ayant obtenu mercredi soir dans la nuit l'adhésion des agents grévistes aux accords portant sur la grille salariale, le redéploiement du directeur CCI du port M. Lejeune et sur la définition du poste de responsable opérationnel – les négociations ont pourtant buté ce jeudi sur la question du paiement des jours grevés.

Le président de la CCI, qui a mandaté son directeur Ibrahim Aboubacar pour négocier avec l'intersyndicale, refuse de transiger sur ce dernier point, que les grévistes avaient pris soin de notifier dans le préavis signifiant leurs revendications. Cette dernière proposition repoussée par la CCI suggérait la prise en charge par l'employeur de la rémunération de la première semaine grevée, et d'étaler le retrait des salaires de la deuxième sur un échéancier courant sur plusieurs mois.

Les positions du président de la CCI seront infléchies ou renforcées par les conclusions de l'assemblée extraordinaire de la chambre consulaire, qui se tient aujourd'hui vendredi, et que beaucoup annoncent houleuse.

En tout cas, le spectre des crises d'approvisionnent que l'on croyait appartenir à un autre temps se dessine de plus en plus clairement. Si le conflit persiste, l'économie locale risque d'être sérieusement paralysée. Les produits se raréfient sur les étals, et les activités et productions locales, pour la plupart dépendantes des importations, commencent à manquer des ressources indispensables. Le journal Mayotte hebdo est ainsi imprimé sur du papier brillant cette semaine… le conteneur avec le papier habituel étant bloqué à quai depuis près de 10 jours.

D'ailleurs, le préfet de Mayotte Hubert Derache a autorisé la réquisition de cinq personnes, une secrétaire et quatre agents portuaires, afin de libérer dans la journée les conteneurs renfermant des produits de première nécessité, mais aussi les aliments pour bétail. En effet, les dirigeants de la Scam et nombre d'éleveurs avaient fait valoir que leur production se trouverait sérieusement menacée faute d'alimentation dans les prochains jours. Cette opération s'est déroulée dans le calme, sous le regard tout de même d'un important regroupement de forces de l'ordre.