Les infirmiers, aide-soignants, et auxiliaires de puériculture du service néonatologie du centre hospitalier de Mayotte ont manifesté ce jeudi devant l’hôpital. En sous-effectifs, ils déplorent des retards de recrutements et un risque pour la sécurité des patients.
Court débrayage, ce jeudi matin au centre hospitalier de Mayotte. Mais non moins critique. À l’appel du syndicat CFDT, les soignants du service néonatologie ont protesté quelques heures devant les portes de l’établissement pour dénoncer leurs conditions de travail, dans un service “en surcharge”.
Infirmiers, aide-soignants, et auxiliaires de puériculture souffrent du manque d’effectifs dans cette aile de l’hôpital, qui les conduit à effectuer des horaires à rallonge. Pire, certains n’ont pas posé de congés depuis plusieurs mois. “On est tous épuisés, certains n’ont pas pu prendre de vacances pendant toute l’année”, souffle une infirmière puéricultrice, en poste depuis déjà cinq ans. “Les chiffres sont importants, on tourne à 150%, voire 200% d’occupation.”
Un risque pour la santé des nouveaux-nés
Si la situation ne date pas d’hier, la crise sanitaire a porté un nouveau coup dur pour ces soignants en souffrance. Difficile, en effet, de recruter par temps de Covid-19, alors que plusieurs membres du service ont quitté leurs postes ces derniers mois. Le personnel restant se retrouve donc avec encore plus de bébés sur les bras. Littéralement.
“On a des ratios de patients par soignant qui dépassent le cadre légal. Entre un à deux de plus pour les soint intensifs et la réa, et peut-être trois ou quatre en médecine”, décrit cette soignante. Principale source de préoccupation pour le personnel, les impacts que cette surchauffe risque d’avoir sur les nouveaux-nés à leur charge. D’où leurs slogans tapageurs brandis sur le trottoir ce jeudi : “bébés en danger”, “soignants en danger = votre santé sacrifiée”, peut-on lire sur leurs banderoles. “On aime faire notre travail comme il faut”, résume sans faux semblant cette employée.
Perte de talents
Parmi leurs revendications, une plus grande flexibilité dans les contrats proposés. La politique du CHM, de ne proposer que des contrats d’un an, en aurait poussés plus d’un vers la sortie. “Des gens déjà formés et qui souhaitent rester seulement trois ou six mois de plus finissent par s’en aller. Derrière, soit les recrutements tardent, soit il faut reformer des gens”, déplore l’infirmière.
Contrats d’intérim relancés, recrutement en renforts d’auxiliaires de puériculture pour libérer le travail infirmier… Après une première réunion il y a trois jours avec la direction, quelques solutions ont déjà pu être proposées et de nouvelles recrues doivent arriver en renfort d’ici quelques semaines. Et le CHM planche sur des pistes pour rendre les contrats plus attractifs. Reste à savoir si tout cela suffira pour faire face à l’urgence. Et soulager enfin ces personnels à bout de souffle.
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