Le rectorat de Mayotte nourrit de grandes ambitions pour ses bacheliers de demain

En devenant un rectorat de plein exercice au 1er janvier dernier, l’académie de Mayotte voit ses champs de compétence évoluer, notamment en termes de recherche et d’innovation. Mardi, le recteur Gilles Halbout, entouré d’un certain nombre de partenaires de l’enseignement supérieur, a fait un point exhaustif sur les perspectives qui se présentent aux futurs bacheliers. Un panel d’outils au service du territoire et des entreprises.

Orientation des élèves, campus des métiers et des qualifications, centre universitaire, recherche et innovation… Pas de doute, l’académie de Mayotte voit grand pour ses futurs bacheliers. « L’enseignement supérieur ne sont pas que les formations portées par le rectorat », rappelle en préambule Gilles Halbout, le recteur dans le 101ème département. Autour de lui dans la salle audio du lycée Bamana de Mamoudzou ce mardi, un florilège de partenaires, à l’instar de la Chambre de commerce et de l’industrie (CCI) ou encore la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF). « À partir du 1er janvier 2021, nous récupérerons la compétence recherche et innovation. » Une nouvelle manière de s’émanciper un peu plus de La Réunion qui pilotait jusqu’alors cette mission. Et surtout d’apporter « un appui au développement économique » local mais aussi « plus d’insertion ». Pour l’épauler dans sa tâche, le chancelier des universités peut compter sur « 4 thémathiques fortes et structurantes ».

Avant même d’évoquer la suite du second degré, il convient de rappeler quelques chiffres. Et sur ce point, Sylvie Malo, la chef du service académique d’information et d’orientation, ne tarit pas d’éloge sur les résultats de l’année scolaire précédente : « Plus de 9 lycéens sur 10 ont obtenu une place [dans l’enseignement supérieur] à Mayotte ou ailleurs. » À titre d’exemple, le CUFR a offert 475 places sur Parcoursup aux néo-entrants pour la rentrée universitaire 2020 (son nombre total d’étudiants est supérieur à 1.500). Autre constat, et non des moindres, le taux d’insertion des bacheliers généraux s’élève à 99%. « Malgré un bac plus facile à obtenir », admet Gilles Halbout. Crise Covid oblige… « Nous savons que nous avons encore des progrès à faire dans le taux d’obtention. » Une remarque pertinente, qui rappelle ô combien le devenir de ces élèves dépend de l’ensemble du cursus scolaire. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas préparer l’avenir. Parmi les nouveautés, nous notons l’ouverture en août d’une classe préparatoire aux grandes écoles d’ingénieur d’une capacité de 24 places au lycée Younoussa Bamana. Suivie d’une autre au lycée de Sada à la rentrée 2021, dans le domaine Économique et commercial voie générale.

Un institut technique agricole d’ici 5 ans

Dans le milieu agricole, dont la formation scolaire initiale est assurée par le lycée agricole de Coconi, les pistes de réflexion sont également pléthoriques pour développer ce secteur d’activité porteur d’emplois sur l’île aux parfums. Sauf que pour Bertrand Wybrecht, le directeur de la DAAF, plusieurs freins s’accumulent. « À Mayotte, nous manquons d’un vivier de stagiaires », souligne-t-il. Avant d’insister sur le « besoin d’institutionnaliser la recherche » ainsi que sur « la création d’un institut technique agricole à l’horizon 3, 4, 5 ans ». Sans oublier l’expansion d’une chaîne d’enseignement supérieur dans l’agronomie, l’agroalimentaire et l’agroécologie. Le tout dans le cadre du projet régional de l’enseignement agricole sur la période 2019-2023.

Deux autres chantiers, chers à Mayotte, sont aussi sur les rails. Le premier est l’envol d’un pôle des métiers de l’aérien au sein du lycée de Pamandzi, regroupant des formations de maintenance aéronautiques, d’accueil et de sécurité. Si le nouveau local pour la maintenance aérienne sera livré sous quinzaine, la création d’une nouvelle extension de l’établissement scolaire sur un terrain proche de l’aéroport est prévue à horizon 2023-2024, dans le but d’accueillir 200 élèves sur les trois champs précités. Le second est l’amarrage d’un pôle régional de la mer et du littoral basé sur Petite-Terre. Une politique spécifique aux territoires ultramarins menée par l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Mais encore une fois, il va falloir prendre son mal en patience car la construction du lycée doit aboutir dans trois ans…

Fahoullia Mohamadi, tête d’affiche

Pour nouer le tout, la région académique peut se targuer dorénavant de bénéficier d’un pôle recherche innovation, sous la houlette de Fahoullia Mohamadi, nommée sur proposition conjointe du préfet et du recteur. En lien avec le schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI) porté par le Département, qui doit aboutir en mai 2021. Deux projets pilotes, dont la finalité est de constribuer au développement économique du territoire, sont dans les cartons : l’un terrestre aurait pour thématiques la Pharmacopée et la Cosmétopée, l’autre marin se pencherait sur les Ressources lagonaires et les Paiements pour services écosystémiques.

Si tous ces projets sont ambitieux sur le papier, leur mise en pratique risque de prendre plusieurs années pour concrétiser les attentes du jour. À l’image de ce qui découle depuis plus de 40 ans à l’Institut des études de santé, qui propose 4 diplômes. Dont le plus connu reste celui d’infirmier, avec ses 45 places. « Nous avons un besoin de 120 infirmiers par an au vue des turnovers. » D’où le versement de bourses par le conseil départemental à tous les élèves infirmiers qui acceptent de s’engager 9 ans sur le territoire après la fin des études. Malheureusement, en l’absence du schéma régional des professions paramédicales, il apparaît encore délicat d’établir une liste exhaustive en besoin de formations.

« Former les futurs cadres »

Un échange long de plus d’une heure qui ravit la Chambre de commerce et de l’industrie, et plus particulièrement son président Mohamed Ali Hamid. « Votre invitation confirme le rapprochement entre le développement économique et l’éducation », souligne-t-il, précisant sa volonté de « former les futurs cadres » de demain pour Mayotte. « Nous pouvons former nos premiers de cordée ! » Tout comme « une main d’oeuvre hautement qualifiée ». Et pour rentrer dans le sujet du jour, il rappelle la prochaine sortie de terre d’une technopole à Dembéni, composée d’un incubateur, d’une pépinière, d’espaces de travail collaboratif, de laboratoires de recherche, de salles de formation, d’une résidence pour les chercheurs… Si la structure aurait déjà dû voir le jour, celle-ci est toujours en stand-by puisque l’appel à manifestation d’intérêt sera prochainement lancé pour trouver les premiers porteurs de projet. Un léger retard anecdotique semble-t-il. « Nous avons un panorama riche », s’enthousiasme Gilles Halbout. « Ces outils – IFSI et CUFR – sont au service du territoire et des entreprises. »

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