Mayotte : Éole 1er en plein cœur du cratère de Moya 2

Pour la première fois de sa jeune existence, le catamaran Éole 1er s’est engouffré dans le cratère de Moya 2. Une aventure dont rêvait son capitaine Patrick Varela qui a souhaité médiatiser cette étape pour rappeler les trésors cachés sur l’île aux parfums. Plongeon dans un écrin multicolore à bord de ce navire de 16 mètres.

Jeudi, 16h. Sur le ponton de Mamoudzou, un silence de cathédrale règne. Les clapotements de l’eau sur l’enfilade de bateaux restés à quai répondent coup pour coup aux moteurs de la barge. Comme un air de calme avant la tempête. L’unique rescapé du port se nomme Marco. Au téléphone, le regard rivé vers l’horizon, le gérant de Cétamayotte grille sa tige. « J’attends les journalistes et je te rejoins », glisse-t-il entre deux taffes. À l’autre bout du fil, Patrick Varela, le capitaine d’ Éole 1er. En plein cœur du cratère de Moya 2 avec son catamaran, il attend ses passagers avec impatience pour partager cette aventure unique, rendue possible grâce aux grandes marées. « S’il y a trop de vagues, je ne prends aucun risque et je rentre au bercail », annonce celui qui est labellisé High Quality Whale-Watching. Ni une ni deux, le petit groupe de trois personnes embarque à bord du zodiac et fonce vers Petite-Terre. « Tout le monde sait nager ? », demande-t-il malicieusement. Un « oui » timide s’envole avec le vent. Sorti du lagon, les murs d’eau se fracassent sur la coque. La traversée est rude mais le jeu en vaut la chandelle. 20 minutes plus tard, l’étape ultime se profile avec l’entrée à l’intérieur de l’anse. Le mât rouge pétant se dessine au loin. Les moteurs vrombissent une dernière fois pour l’atteindre. Et quelques sauts plus tard, la petite embarcation se retrouve nez à nez avec le mastodonde, arrivé tout droit du Sri Lanka en décembre 2017.

Sourire jusqu’aux oreilles, Patrick Varela et sa femme Gwen accueillent les passagers du jour à bord de son daily charter. Alors que des séries de déferlantes s’écrasent sur le bi-coque, le capitaine, mains sur les manettes, effectue deux-trois manœuvres pour positionner son « bébé » et profiter de la vue à 360 degrés qui s’offre à lui. Ce rêve, vieux de trois ans, se réalise enfin. « Je voulais absolument rentrer dans ce site paradisiaque, surtout que ce catamaran est beaucoup plus maniable que le catamaran de croisières que nous avons. » Le spectacle est tout simplement saisissant, avec une mangrove en plein essor, des falaises de poudre friables, une plage recouverte, des têtes de tortues… Et surtout « ce fer à cheval qui s’ouvre sur l’océan », dit-il l’air ébahi.

« Dégager une image positive »

Avec des yeux d’enfant, le navigateur se réjouit de cette expérience. Qu’il souhaite partager avec le plus grand monde. « J’ai voulu attirer l’attention de milliers personnes qui ne sont pas forcément toujours au courant de la présence des trois cratères sur l’île [Dziani, Moya 1 et 2, ndlr]. » De ce fait, Patrick Varela se la joue pédagogue pour « faire découvrir des endroits parfois méconnus » dans le but de « dégager une image positive de Mayotte », en cette période troublante. « En ce moment, il y a trop de délinquance et de violences relatées dans les médias. Cela me fatigue… Il faut montrer qu’il n’y a pas que cela », souligne-t-il en balayant de la main le spot autour de lui.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Après plus d’une heure de parenthèse, l’eau redescend à vitesse grand V. « Nous avons perdu 50 centimètres en seulement quelques minutes. Il va falloir se dépêcher sinon, nous allons rester bloqués », annonce Patric Varela, pris entre l’envie de prolonger cet instant magique et la peur de le voir virer à la catastrophe. Et c’est sous les couleurs orangées du coucher de soleil, que le cataramaran rouge vogue vers de nouveaux horizons, s’éloignant d’un bleu saissisant qui restera à jamais gravé dans la mémoire de Patrick Varela, complètement conquis par cette opportunité, qui « malheureusement ne se présente pas souvent ». Mais qu’il ne manquera pas de raconter dans les moindres détails à sa clientèle.

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