Alors que les syndicats des enseignants et les associations des parents d’élèves manifestent leurs craintes sur les conditions d’accueil de la rentrée 2020, le recteur de Mayotte se veut rassurant. La majorité des établissements du primaire et du secondaire seraient prêts à recevoir élèves et professeurs. Mais tous le savent, cette rentrée ne rendra pas de copie sans fautes.
C’est le jour J pour les élèves mahorais. À partir de ce lundi 24 août, ils retrouvent progressivement les bancs de l’école. Des écoles qui sont censées respecter les règles du nouveau protocole sanitaire de l’Éducation nationale. Celui-ci a été allégé, au grand dam des enseignants qui redoutent une recrudescence des cas positifs à la Covid-19 pour cette rentrée. Certaines règles ne seront plus de mise, notamment la fameuse distanciation physique. Dans les espaces clos, « elle n’est plus obligatoire lorsqu’elle n’est pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves », précise le protocole sanitaire. À l’extérieur, elle ne s’applique pas du tout. On pourrait croire que cet allègement a été pensé pour les établissements en sureffectif, à l’image de ceux de l’île. Les groupes de 10 à 15 élèves ne seront donc plus de rigueur, mais les enfants de plus de 11 ans devront porter un masque. Les professeurs aussi y sont contraints, sauf ceux des écoles maternelles et s’ils arrivent à garder une distance d’au moins un mètre. « Les personnels de l’Éducation nationale recevront des masques et du gel hydroalcoolique sera à disposition dans tous les établissements », annonce le recteur Gilles Halbout. Les élèves qui n’en n’ont pas pourront en bénéficier, mais « il appartient aux parents de fournir les masques à leurs enfants », rappelle le protocole sanitaire.
Des travaux en cours
Le plus gros enjeu de cette rentrée est probablement la mise aux normes des établissements scolaires pour assurer la sécurité sanitaire de tous. Pour cela, des travaux ont été entamés pendant les vacances scolaires et même bien avant pour certains. Un cabinet d’architecte a été mandaté par le rectorat de Mayotte pour aider les communes à faire l’état des lieux de leurs écoles et donner des directives pour les rénovations. Pour l’heure, il reste encore beaucoup à faire. « Les préconisations à court terme ont été suivies et tout est prêt. Les plus gros travaux sont lancés pour finir d’ici deux mois, mais ils n’empêcheront pas la rentrée », avance le recteur. Une affirmation à relativiser puisque plusieurs écoles ont d’ores et déjà annoncé le report de la rentrée à la semaine prochaine à cause de travaux non finis. Ces retards auraient-ils pu être évités si tous les établissements avaient rouvert au mois de mai ? Selon Gilles Halbout, « les collèges et lycées qui avaient ouvert en période de forte pandémie sont encore plus prêts maintenant. C’est la raison pour laquelle on voulait que les cours reprennent avant les vacances, c’était pour s’apprêter pour la rentrée ».
La sécurité au centre de tout
Les récents épisodes de violence qui se sont répétés sur l’ensemble du territoire et notamment à Majicavo et à Kawéni ne rassurent pas les parents d’élèves. « Au lycée Mamoudzou Nord, il y a beaucoup d’élèves qui viennent de la commune de Koungou, il ne faudrait pas qu’ils se retrouvent piégés par négligence des autorités », avertit Haïdar Attoumani Said, co-président de la FCPE (association de parents d’élèves). À ce sujet le recteur est clair, il n’est pas question de mettre un escadron de gendarmerie devant chaque établissement. Cependant, « on va adapter la présence de la gendarmerie et de la police en fonction de l’actualité. Les forces de l’ordre doivent nous dire quels sont les zones de tension et on aura des renforts », informe-t-il. La présence des équipes mobiles de sécurité (EMS) de l’Éducation nationale sera par ailleurs renforcée aux abords des établissements scolaires et sur les lieux de passage des bus. Les agents seront équipés de matraques, une nouveauté pour eux. Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils n’auront pas à les utiliser…
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