“J’ai dû mentir sur ma fièvre pour être pris en charge”, un policier malade témoigne

Un policier, hospitalisé depuis ce lundi au CHM après avoir contracté le Coronavirus regrette la prise en charge dont il a été l’objet jusqu’à présent. Selon son témoignage, ce père de famille aurait été conduit à mentir sur son état pour, qu’enfin, un dépistage lui soit proposé.

“Je ne vais pas pouvoir vous parler longtemps, car je suis très essoufflé.” Au téléphone, la voix d’Antoine* est faible, à son image. Depuis ce lundi, le policier atteint par le Coronavirus est hospitalisé au centre hospitalier de Mayotte. Ce qui ne l’empêche, entre deux quintes de toux, de pester contre la prise en charge dont il a été l’objet depuis les premiers signes de la maladie. Lesquels sont apparus vendredi 20 mars selon son témoignage. “J’ai ressenti les mêmes effets que ce qui est décrit partout à la télé et à la radio”, raconte le fonctionnaire de police. Le jour même, il adopte la démarche à laquelle les autorités invitent : appeler le 15 en cas de suspicion de Covid-19. “J’ai eu une dame qui m’a expliqué que ça n’avait pas l’air trop sérieux, que ce n’était sans doute ni la dengue ni le Coronavirus”, confie faiblement Antoine. Le père de famille laisse alors passer le week-end, sans que son état ne s’arrange. Le lundi, il pose un arrêt de travail. Et contacte à nouveau le 15. L’échange est sensiblement le même que celui de vendredi. Mais dès le lendemain, la situation devient trop critique pour que le policier accepte l’immobilisme. “Mon état s’était aggravé et surtout, je voyais ma femme et mes enfants tomber malade un par un, je ne pouvais pas rester les bras croisés”, témoigne encore Antoine de sa faible voix résonnant dans la chambre d’hôpital qu’il occupe.

“Comme j’avais peur qu’il ne se passe toujours rien, j’ai décidé de mentir sur ma température et ils nous ont finalement dit de venir au CHM”, souffle le policier. La petite famille malade embarque donc vers le centre hospitalier où ils seront dépistés positifs au Coronavirus. Pas vraiment une surprise pour Antoine, mais celui-ci espère dorénavant que la prise en charge sera efficace. Il déchante rapidement. “Je ne comprends pas, nous n’avons eu aucun suivi, on nous a simplement donné deux numéros à appeler si l’on voyait que les signes s’aggravaient.” Selon le policier, l’un de ces numéros, pourtant national, ne serait accessible qu’à travers un abonnement chez le fournisseur Only. “C’est l’ARS qui m’a expliqué ça ensuite et j’ai vérifié, ça ne marche pas avec mon téléphone et mon forfait Bouygues Télécom, mais avec celui de ma femme qui est chez Only ça fonctionne”, assure encore le fonctionnaire.

Suivi opéré par le médecin de famille

C’en est trop pour le père de famille, qui décide alors de passer, malgré sa petite forme, un coup de gueule sur les ondes de la 1ère. Il témoigne alors, dans une émission en direct le vendredi 28 de la prise en charge plus que “magnéné” dont a bénéficié sa famille jusqu’alors. Un discours peu audible par les représentants de l’agence régionale de santé également présents à l’antenne. Mais Antoine persiste et signe. “Et comme par hasard, juste après avoir raccroché, on [Antoine ne se souvient plus s’il s’agit de l’ARS ou de Santé publique France] m’a appelé pour me proposer des gants, du gel et des masques.”

Depuis, c’est sur le médecin de famille que le patriarche compte pour suivre l’évolution de toute la troupe. Lequel médecin fait éventuellement le lien avec d’autres si besoin. Pour la femme et les enfants d’Antoine, cette nécessité ne s’est pas fait sentir. “Ils ont été mal pendant 48 h et depuis ça se calme petit à petit”, détaille le policier. En revanche, le médecin traitant a dû intervenir ce lundi. “Il m’a appelé dans la matinée pour faire le point, je toussais beaucoup, j’avais du mal à respirer, je n’ai même pas pu vraiment aller au bout de la conversation”, se souvient Antoine. Devant l’urgence, le médecin alerte le Samu pour qu’Antoine soit hospitalisé. C’est désormais chose faite depuis celundi soir, “après un scanner qui n’était pas bon”. Mardi après-midi, le policier se sentait déjà un peu mieux et se disait confiant dans les équipes qui l’entourent au CHM. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

 * le prénom a été modifié

 

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