Vendredi dernier, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse annonçait l’annulation des épreuves du baccalauréat et autres examens de cette année. Le contrôle continu est la seule option retenue pour tout le monde. Une décision qui satisfait les parents d’élèves, les professeurs et les principaux concernés.
Jalloud est en terminale littéraire. Il a appris comme tout le monde la semaine dernière que sa promotion ne passera pas les épreuves du bac. La validation du diplôme est soumise au contrôle continu et à l’assiduité des élèves. Jalloud est plutôt mitigé par cette mesure. “On aurait aimé passer le bac comme les autres, le vivre comme les autres. Mais c’est vrai que le contrôle continu est plus avantageux pour quelques-uns d’entre nous.” À l’image de nombreux futurs bacheliers, Jalloud avait tout misé sur les épreuves du bac censées se dérouler en juin. L’annonce du contrôle continu a en quelque sorte chamboulé ses plans. “Me concernant je ne suis pas sûr que cela soit à mon avantage. Je n’avais pas travaillé au maximum. Mais maintenant, je vais tout miser sur ce troisième trimestre s’il y en a un”, promet-il. Si cette décision laisse le lycéen perplexe, elle était la seule possible pour les différentes associations de parents d’élèves. “Au niveau national, nous avions déjà lancé quelques pistes et nous avions suggéré de se pencher sur le contrôle continu pour respecter l’équité”, précise Haïdar Attoumani Said co-président de le FCPE Mayotte. Même son de cloche du côté de la Confédération syndicale des familles. “Nous sommes favorables à la formule annoncée parce qu’il n’y avait pas d’autres choix”, indique Rafza Youssouf Ali, présidente de la UD CSF. Cependant, cette dernière a écrit au recteur de l’île pour demander un accompagnement supplémentaire après la reprise des cours. Selon elle, “même s’il y a le suivi en ligne, les élèves ont tout de même raté des choses. Il faut mettre en place des cours de soutien.” L’UD CSF fait également appel à la bienveillance des professeurs et demande un allégement des notations.
Du côté des syndicats des professeurs, la mesure est également bien accueillie, même s’il y a quelques réserves. “Ce n’est pas qu’on aime le contrôle continu parce qu’il est lui-même déjà générateur d’inégalités. Mais dans la situation actuelle, c’est la moins mauvaise des solutions”, déclare Henri Nouiri, secrétaire générale SNES-FSU Mayotte. La SGEN-CFDT soutient également le gouvernement dans cette décision, car “aucune autre issue n’était possible. Les professeurs connaissent bien leurs élèves, on peut s’appuyer amplement sur cette solution pour la validation du bac”, indique Gherici Djellouli, le secrétaire général SGEN-CFDT chargé du second degré à Mayotte.
La question de l’assiduité est également très importante pour les parents d’élèves. D’autant plus que le pays a été touché par les grèves répétitives liées à la réforme des retraites. Les professeurs étaient très mobilisés. “Cette situation avait déjà fait cumuler du retard aux élèves. Le confinement n’arrange pas les choses. C’est donc normal qu’il y ait un rattrapage et qu’ils soient obligés d’aller en cours jusqu’au 4 juillet” , selon Haïdar Attoumani Said.
L’épreuve de la discorde
Une mesure divise cependant les avis. Jean-Michel Blanquer a indiqué le maintien des épreuves anticipées de français pour les élèves de première. “On ne comprend pas pourquoi. Il aurait été plus équitable d’appliquer le contrôle continu pour tout et tous”, ajoute le co-président de la FCPE Mayotte. Une position que partage le SNES-FSU. “Cette épreuve pose problème parce qu’on ne sait pas du tout si les conditions sanitaires seront respectées. On sait très bien qu’à Mayotte la concentration des élèves est très importante et les risques de diffusion massive du virus seraient décuplés”, s’inquiète Henri Nouiri.
Alors que d’autres ne voient pas d’inconvénient à l’organisation de cette épreuve. “Durant le confinement, les élèves sont censés avoir travaillé. L’oral de français permettra d’évaluer l’efficacité de la formule adoptée par l’Éducation nationale pendant cette période”, explique la présidente de la UD CSF. Et Gherici Djellouli d’ajouter : “Si vraiment ce n’est pas possible pour le mois de juin, on pourra toujours la faire passer l’année prochaine.”
Malgré ce grand chamboulement, Jalloud, le lycéen en terminal L reste serein. “J’ai confiance en moi. Je ne stresse pas et j’espère que c’est le cas pour mes camarades”, relativise-t-il.
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