La radiologie, le service mahorais indispensable à la veille du passage au stade 3

Alors qu’une grande majorité des habitants positifs au virus rentre se confiner chez eux, le centre hospitalier de Mayotte recense tout de même une vingtaine de patients hospitalisés, qui transitent par le service de radiologie pour dresser un bilan de leurs lésions pulmonaires. Par ailleurs, le chef de pôle médico-technique, Thierry Pelourdeau, attend avec impatience une deuxième console de post-traitement pour interpréter en masse tandis qu’il vient de diagnostiquer le premier cas d’encéphalopathie due au Covid-19.

Si la radiologie n’accueille plus de consultations externes la matinée et de vacation privée l’après-midi pour diminuer les flux, elle ne chôme pas pour autant. Réorganisé comme bon nombre de services du centre hospitalier de Mayotte, il se retrouve lui aussi en première ligne face au Coronavirus. Alors pour éviter une propagation interne du virus, le chef de pôle médico-technique, Thierry Pelourdeau révèle le partie pris pour dissocier les malades classiques de ceux contaminés. « Nous avons mis en place un circuit non Covid par l’entrée de la porte principale et un autre par celle des urgences. Il y a une séparation physique entre les deux », confie-t-il en pointant du doigt par terre, de la rubalise comme de distinction. Toutefois, « comme les technologies en notre possession sont en un seul exemplaire, à l’instar du scanner, les patients vont forcément au même endroit, donc nous jouons sur le timing. » Conséquence de ces va-et-vient ? Des mesures d’hygiène qui vont bien au-delà des protocoles standards, avec un nettoyage complet au sol, complété par un nettoyage à la vapeur, à chaque passage d’un Covid +. Mais ce n’est pas tout. Face à une personne à risque, le personnel enfile une protection adaptée qui se compose d’une surblouse, d’une charlotte, d’un masque FFP2, d’un tablier en plastique et de lunettes de protection. Un équipement ô combien nécessaire qui s’explique pour une raison toute simple : « lorsqu’un médecin radiologue est droitier et qu’il doit réaliser une échographie du rein gauche, cela signifie qu’il doit toucher le malade pour le positionner… » En revanche, le protocole pour un Covid s’avère moins lourd puisque l’imagerie des poumons peut s’effectuer sans injection.

Un nouvel outil essentiel pour le stade 3

Dans le même temps, le service profite d’être toujours au stade 2 de l’épidémie sur le territoire pour peaufiner ses techniques et ses tactiques. Ainsi, Thierry Pelourdeau doit recevoir une deuxième console post-traitement par le biais du Mistral, qui a amarré hier après-midi à Mayotte. « Elle sera opérationnelle à la fin de semaine dans le but d’interpréter en masse et d’aller plus vite. Elle sera particulièrement utile durant la phase 3 pour diagnostiquer les nouveaux cas et assurer aux réanimateurs, aux infectiologues et aux urgentistes de revoir et de comparer les examens », détaille-t-il. Un nouvel outil qui se conjugue avec un certain remaniement de ses effectifs. « Je me prépare à mettre deux praticiens sur le scanner et un seul sur l’échographie et l’IRM. » Pourtant, si ce choix se justifie à l’heure actuelle, il pourrait très rapidement fluctuer en fonction de l’évolution de ses dernières conclusions. Pas plus tard que mercredi, le chef de pôle médico-technique a en effet décelé le premier cas d’encéphalopathie due au Covid-19, sachant que le patient ne présentait aucunes lésions pulmonaires. « Un tableau inédit et plus grave que ceux décrit par la société française de radiologie », souligne-t-il. Une trouvaille possible grâce à l’IRM cérébral, et qui rend donc la tâche des professionnels de santé en charge du dépistage encore plus ardue. « Le test PCR est la référence pour le diagnostic », insiste Thierry Pelourdeau, qui ajoute que « le scanner thoracique sert davantage

pour le suivi et doit permettre le tri durant la phase 3, parce que l’importance des lésions pulmonaires est corrélée à la gravité clinique qui va en résulter ». Quoi qu’il en soit, les manipulateurs radio ne peuvent échapper, eux aussi, à un risque de contamination. D’autant plus quand certains malades omettent d’évoquer certains symptômes en lien avec le Coronavirus… « J’ai donné comme consigne qu’il fallait partir du principe que tous les patients étaient Covid + », rappelle Thierry Pelourdeau.

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