Ce week-end encore, les rapatriés des Comores placés en confinement au RSMA pointaient du doigt leurs conditions de vie. Pendant ce temps, des effectifs de la caserne où ils sont maintenus depuis le début de la crise sanitaire, accusent des traitements injustes de la part de la hiérarchie à leur encontre.
Les confinés rapatriés de Madagascar et, plus récemment, des Comores ne sont pas les seuls à se plaindre des conditions de vie au RSMA. Depuis le début de la crise sanitaire, certains personnels de la caserne du régiment du service militaire adaptée de Combani dénoncent un traitement à leur égard qu’ils considèrent comme injuste et moralement très éprouvant.
Sous couvert d’anonymat, plusieurs jeunes militaires expliquent être bloqués au sein de l’enceinte, depuis l’arrivée des premiers confinés trois semaines plus tôt, sans pouvoir, depuis, rejoindre leurs familles ou proches, parfois gravement malades. Pendant ce temps, certains cadres ont eux, pu regagner leur domicile, voire parfois la métropole. Mais alors que certains accusent un traitement de faveur, le lieutenant-colonel Frédéric Jardin, chef de corps du RSMA, tient à corriger le tir : un mois plus tôt, l’ensemble des 136 volontaires techniciens disponibles a été rappelé puis placé en quatorzaine en vue d’accueillir la centaine de rapatriés de l’île intense. Mais les militaires enceintes ou dont les femmes venaient d’accoucher, dont un proche présente un risque de comorbidité ou ceux qui ne parviennent pas à faire garder leur enfant ont tous été renvoyés à domicile. Idem pour ceux qui ont à leur charge un proche dépendant ou non autonome.
Dans ce contexte, des cadres ont effectivement été renvoyés chez eux jusqu’au déconfinement, ou à la reprise du pont aérien pour ceux qui ont pu rejoindre l’Hexagone, confirme encore le lieutenant-colonel, dans la mesure où ceux-ci ne logent pas au sein même du régiment ou à proximité, alors que les volontaires techniciens, ont eux, la caserne pour lieu de résidence. Face aux directives dues à la quatorzaine des militaires dans le cadre de l’opération Résilience, deux volontaires techniciens ont pris la décision de déserter le RSMA pour aller se confiner auprès de leur famille. Mais en aucun cas – sauf dérogations exceptionnelles – “[les personnels d’encadrement] restés sur place ne sont autorisés à quitter le régiment”, atteste Frédéric Jardin, qui nie en bloc les accusations d’allers-retours injustifiés portés par d’autres recrues.
Une escapade la nuit qui tourne mal
Parmi ces bruits de couloirs, la sortie nocturne d’un caporal-chef fait particulièrement jaser. Dans les premières semaines du confinement, ce gradé aurait, selon les rumeurs, utilisé son véhicule pour quitter le RSMA à la nuit tombée afin de s’accorder un peu de bon temps. Or, en chemin, l’homme a été victime de caillassage et aurait, pour dissimuler son méfait, volontairement abîmé sa voiture une fois de retour à Combani afin de faire porter le chapeau à un tiers. Interrogé quant à l’événement, le lieutenant-colonel Frédéric Jardin ne cache pas sa surprise, et livre un tout autre scénario. Ce soir-là, un caporal-chef a effectivement été autorisé à quitter la caserne pour “régler des affaires personnelles”. À son retour, son véhicule a effectivement été touché par des jets de pierre, fait que le principal intéressé n’a jamais caché aux yeux de sa hiérarchie.
Face à ces accusations, le chef de corps a ainsi pris la décision de convoquer ses troupes, lundi matin, pour leur rappeler qu’elles étaient soumises à un statut militaire et de fait, contraintes de se plier aux injonctions formulées par le président de la République. Un rappel à l’ordre qui n’a pas été du goût de tout le monde, puisque, confinés loin de leurs proches, “plusieurs collègues menacent de se barrer”, avoue un militaire sur place
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