21/08/2009 – Recherche biologique marine

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e requin, indicateur du bon état des stocks halieutiques, c'est une conclusion qui se dégage des observations faites par Mayshark lors d'un recensement des requins effectué sur Mayotte et les 3 bancs adjacents : le Geyser, la Zélée et l'Iris. Réalisé dans le cadre de l'Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens, financement du ministère de l'Ecologie), ce programme a consisté en une compilation des données fournies par le réseau d'observateurs qui collaborent avec Mayshark : clubs de plongés, opérateurs de safaris en mer, etc., associée à des campagnes en mer avec le concours du Manga Bé (catamaran autonome équipé de matériel de plongée).

 

Recherche biologique marine: 35 espèces de requins et raies répertoriées à Mayotte

En deux ans, le réseau d'observation tissé autour de Mayshark a permis de recenser une quarantaine d'espèces de requins (voir encadré), dont certaines très rares comme la raie porc-épic, classée comme espèce en danger à l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), la raie guitare à bouche recourbée ou encore le requin crocodile.

"Nous avons recueilli des données sur la diversité des requins dans les trois bancs du Geyser, de la Zélée et de l'Iris, ainsi que sur les gros prédateurs pélagiques que sont les mérous, les carangues, les capitaines ou les vivaneaux", explique Jeremy Kiszka, vice-président et responsable scientifique de l'association. "Nous nous sommes intéressés à ces espèces car elles interagissent avec les requins et sont également ciblées par la pêche commerciale. Le but est de faire un état des lieu des ressources halieutiques des trois bancs." Même constatation sur les trois bancs observés : on n'y trouve des requins que si les stocks de poissons ont des niveaux de conservation satisfaisants.

 

Réduire les captures accidentelles

 

"Pour le banc du Geyser, nous avons comparé avec une étude faite il y a plusieurs années et constaté une forte diminution des ressources halieutiques", poursuit Jeremy Kiszka. "Curieusement, la Zélée qui est juste à côté est en bien meilleur état de conservation, peut-être parce qu'il est moins ciblé par la pêche, ce que nous allons vérifier." Au classement de l'état de conservation, l'Iris arrive en troisième position derrière le Geyser et la Zélée; en quatrième on trouve le récif extérieur de la barrière de corail de Mayotte.

"Les résultats de notre étude montrent qu'il y a un lien entre l'effort de pêche et la présence de prédateurs. Ce qui veut dire entre autres que le requin est un indicateur du bon état des stocks halieutiques, il est un atout d'observation important. Un argument supplémentaire pour renforcer la protection et l'étude de ces espèces fascinantes, mais encore mal connues et surtout menacées."

Recherche biologique marine: 35 espèces de requins et raies répertoriées à Mayotte

Au chapitre de la protection, Mayshark s'intéresse aux captures accidentelles de requins par la pêcherie palangrière. En parallèle à une collaboration avec un programme international visant à réduire ces captures, l'association travaille en partenariat avec les affaires maritimes, l'Etat, le conseil général et l'IRD de la Réunion, pour définir précisément les victimes des captures accidentelles : quelles espèces, quelles tailles, quelle quantité,…

Grâce aux concours des pêcheurs qui se prêtent au jeu, des données d’une importance capitale sont collectées. A terme, elles serviront également à optimiser cette pêcherie, et non à la restreindre. L’idée principale étant de mieux comprendre pour mieux pêcher.

"Les captures accidentelles dans les eaux de Mayotte sont fréquentes avant tout parce qu'il y a beaucoup de requins au large", précise M. Kiszka. "Ce qui montre que le stock de Mayotte est plutôt en bon état. Ce programme palangre devra être reconduit tous les ans pour voir l'évolution dans le temps."

 

"La vraie menace"

 

Recherche biologique marine: 35 espèces de requins et raies répertoriées à Mayotte

Parallèlement à ces projets sur Mayotte, Mayshark s'exporte et a travaillé récemment avec la préfecture des Terres australes et antarctiques françaises lors de deux campagnes sur les requins dans les îles éparses et le sud-ouest de l'océan indien. "A Madagascar, les stocks de certaines espèces de requins commencent à être épuisés", constate tristement Jeremy Kiszka. "Nous avons fait une enquête dans les villages de pêcheurs vezo, des Chinois sont sur place pour acheter des ailerons à prix d'or, parfois à plus de 600€ le kg." Les requins marteaux, les requins tisserands, les grandes raies guitares et les requins bouledogues sont, d'après les observations des pêcheurs, les plus touchés. "La différence est flagrante avec les îles éparses : à Juan de Nova et Europa il n'y a pas de pêche et on trouve des requins partout, c'est impressionnant."

 

L'association a participé à la réalisation d'un documentaire sur les requins dans l'océan Indien ("La vraie menace", réalisation Jean-Manuel Prudhomme) en tant que consultant et pour la collecte de données scientifiques, mais aussi comme acteur. Il devrait être visible début 2010.

 

Hélène Ferkatadji

 


 

Requins et raies répertoriés sur Mayotte

 

Liste établie par Mayshark à partir de leurs observations et de celles communiquées par les différents professionnels et usagers de la mer.

 

  • Requin griset (Hexanchus griseus)
  • Requin aiguillat (Squalus megalops)
  • Squalelet féroce (Isistius brasiliensis)
  • Requin nourrice (Nebrius ferrugineus)
  • Requin zèbre (Stegostoma fasciatum)
  • Requin baleine (Rhincodon typus)
  • Requin crocodile (Pseudocarcharias kamoharai)
  • Requin renard (Alopias vulpinus)
  • Requin blanc (Carcharodon carcharias)
  • Requin taupe bleu (Isurus oxyrinchus)
  • Requin pointe blanche (Carcharhinus albimagiratus)
  • Requin gris, dagsit (Carcharhinus amblyrhynchos)
  • Requin soyeux (Carcharhinus falciformis)
  • Requin bouledogue (Carcharhinus leucas)
  • Requin océanique (Carcharhinus longimanus)
  • Requin pointe noire (Carcharhinus melanopterus)
  • Requin gris (Carcharhinus plumbeus)
  • Requin tacheté (Carcharhinus sorrah)
  • Requin tigre (Galeocerdo cuvier)
  • Requin citron (Negaprion acutidens)
  • Requin bleu (Prionace glauca)
  • Requin corail (Triaenodon obesus)
  • Requin marteau halicorne (Sphyrna lewini)
  • Grand requin marteau (Sphyrna mokarran)
  • Raie torpille (Torpedo fuscomaculata et Torpedo sinuspersici)
  • Raie à points bleus (Dasyatis kuhlii)
  • Raie de mangrove (Himantura granulata)
  • Raie pastenague léopard (Himantura uarnak)
  • Raie pastenague plumeté (Pastinachus sephen)
  • Raie pastenague violette (Pteroplatytrygon violacea)
  • Raie pastenague queue à ruban (Taeniura lymna)
  • Raie pastenague éventail (Taeniura meyeni)
  • Raie pastenague sans dard (Urogymnus asperrimus)
  • Diable de mer du Japon (Mobula japanica)
  • Raie guitare (Rhynchobatus djiddensis)

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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