21/08/2009 – Société : Rentrée scolaire et ramadan, un problème pour les Mahorais ?

 

 

{xtypo_dropcap}E{/xtypo_dropcap}n France métropolitaine, les écoliers reprendront les cours dans une dizaine de jours, le mercredi 2 septembre. Sur l'île, c'est déjà la rentrée, du moins la pré-rentrée pour les enseignants. Les grandes vacances s'achèvent donc, il ne reste aux primaires et secondaires qu'un tout petit week-end pour profiter, passer un dernier moment avec les camarades et faire un dernier voulé avant de reprendre le chemin de l'école. Quoique pour le voulé, ça risque d'être difficile ! Car cette année, rentrée des classes rime avec ramadan.

Dès ce samedi – ou dimanche selon la lune – les estomacs resteront vides jusqu'au moment de rompre le jeûne, après le coucher de soleil, pour les musulmans qui feront le ramadan. Les cantines et restaurants de l'île ne connaîtront pas grand succès à midi, en ce mois sacré. Un moyen peut-être d'économiser un peu d'argent, mais les parents doivent gérer entre fournitures scolaires et achats alimentaires, pour le fuhtar (dîner) particulièrement.

En effet les familles, au cours du ramadan, ont pour coutume de se réunir et partager un grand repas, chaque soir, après le mahrib, la prière du coucher de soleil, l'avant-dernière de la journée. C'est un investissement, un plaisir d'investir là-dedans pour certains. "Se retrouver unis et manger ensemble fait partie de notre coutume religieuse. Ce moment est pour moi tout aussi important que la rentrée", confie Nourou, mariée, mère de six enfants et grand-mère. "En plus, je m'évade loin dans mon passé. Quand j'étais petite, c'était comme ça, mais avec beaucoup moins de moyens." Ces derniers jours, le couple de Bandraboua a dépensé plus de 300 euros entre le marché, les petits commerces et les centres commerciaux pour le fuhtar, "des courses d'une semaine…".

 

Les fournitures scolaires, la priorité des priorités

 

Certains n'hésitent donc pas à mettre la main à la poche pour réussir leur ramadan, mais jamais au détriment des études de leur descendance. "Ce mois d'août est exceptionnel d'un point de vue financier pour nous, les familles mahoraises, car nous devons prendre les deux événements en compte. En même temps, la rentrée certes c'est lundi, mais les affaires généralement ont été achetées en début du mois, avec le salaire de juillet. Quant au ramadan, on peut se permettre de reporter les achats, d'attendre le salaire de ce mois-ci. Donc, c'est gérable", estime un père de famille prévoyant, résidant sur Tsoundzou 2.

Celui-ci appréhende plus 2012 où la fin du jeûne coïncidera avec la rentrée d'abord, mais surtout avec la fête de l'Ide. "Là ce sera beaucoup plus complexe financièrement. L'Ide c'est sur un jour, et à l'accoutumé l'argent qu'on dépense pour cette fête est immense. Il nous faut débourser pour les gâteaux, les boissons, mais aussi pour rénover la maison, acheter les habits… Ajoutez-y tout ça avec les fournitures de l'école !".

Les vêtements de la rentrée et les vêtements de l'Ide : les enfants seront gâtés cet été là. En attendant, les parents font en sorte de répondre aux besoins de leurs enfants concernant le scolaire, c'est la priorité des priorités. Dès que possible, la plupart d'entre eux s'approvisionnent pour le fuhtar, en essayant de ne pas trop déborder sur leur budget. Ceci à travers notamment le chicowa, traduit par les locaux comme étant "le prêt sans crédit". Un système où des membres d'une famille, des amis, voire des entreprises se prêtent une certaine somme d'argent, chacun leur tour : une manière de s'entraider.

 

Un mois difficile aussi pour les restaurateurs et mama brochettis

 

Le soir venu, durant ce mois sacré, les familles mangent généralement à leur faim. Un souci pour les restaurateurs et les mama brochettis : "Nous arrêtons notre activité à l'heure de manger, on mange en famille comme tous les autres", raconte l'une d'elle, "mais après, nous rouvrons et c'est là que ça se complique. Tout le monde est déjà bien rassasié et si par hasard certains ont encore un creux, il reste toujours quelque chose à manger chez eux. Notre bénéfice prend un grand coup pendant le ramadan", finit-elle par affirmer.

Globalement la vie est chère à Mayotte, et si les fournitures scolaires sont plus élevées qu'en Métropole, si les aliments sont plus chers sur l'île, les Mahorais peuvent au moins se consoler en se disant qu'ils rompront le jeûne trois heures avant les Métropolitains, qui en cet été chaleureux, devront attendre 21h au moins pour voir le soleil couché et attaquer les plats.

 

Ichirac Mahafidhou

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