La foire aux questions de la reprise scolaire à Mayotte

Si les collèges et les lycées ne devraient pas rouvrir leurs portes avant juin avec un feu vert de la carte de tension épidémique, il en est tout autrement dans le premier degré. Ainsi, rectorat, mairies et directeurs d’écoles s’organisent pour une reprise à partir du 18 ou du 25 mai selon la date de déconfinement qui doit être décidée ce jour. Entre impératifs sanitaires et une reprise jugée nécessaire, une “ligne de crête” est à trouver. Voici ses premiers contours. 

Quelles écoles ouvriront leurs portes ? 

Pour le rectorat, l’objectif est clair : “à partir du moment où on déconfine, on commence à ouvrir les écoles.” Pourtant, nombre de maires sont encore frileux sur la question, soit par manque de moyens, soit par peur de se voir désigné responsable en cas de problème sanitaire. Raison pour laquelle Gilles Halbout explique “travailler au cas par cas avec les différents maires pour lever les différents points de blocage”. Un travail qui nécessite plus ou moins de temps selon les communes. “Certaines écoles ont tout ce qu’il faut et pourraient ouvrir demain s’il le fallait, pour d’autres, plus de temps est nécessaire”, fait ainsi valoir le recteur. Dans ce cadre, “il m’est pour l’heure impossible de dire quelles écoles ouvriront”, admet le recteur. Pour deux raisons : “d’abord parce que l’on ne connaît pas encore la date de déconfinement. Si l’on part sur le 25, il y aura nécessairement plus d’écoles prêtes que pour le 18.” Par ailleurs, “le travail se fait au cas par cas, au jour le jour, la situation est donc en constante évolution”. Quoi qu’il en soit, les écoles de Mamoudzou ne devraient pas rouvrir leurs portes le 18. Selon nos informations, les élus du conseil municipal réunis dans la matinée de ce mercredi ont voté à l’unanimité contre l’ouverture des écoles. “C’est très compliqué à gérer, toutes les conditions du protocole sanitaire ne sont pas réunies”, glisse un élu. Un retournement de situation alors que Nassuf Eddine Daroueche, adjoint en charge de la sécurité, assurait dans nos colonnes lundi dernier que la ville chef-lieu était prête à accueillir ses élèves à partir de la semaine prochaine. 

Qui reprendra les cours ? 

Il est pour l’heure quasiment certain que les élèves du secondaire ne reprendront pas le chemin de l’école avant juin. Mais pour l’élémentaire, tout un travail d’organisation est mené afin de permettre à la fois de minimiser le nombre d’élèves présents en même temps à l’école et de maximiser les chances pour chacun des élèves d’avoir accès à l’école. Dans cette équation, le recteur espère, “à un rythme de croisière, faire en sorte que tout élève puisse avoir au moins une demi-journée de cours par semaine”. Dans ce cadre, les CP puis les CE1 seront prioritaires dans le retour “car déjà dédoublés” et pourraient même espérer retrouver un emploi du temps quasi normal. “Ensuite, on s’adaptera par roulement, en commençant par les CM2 car c’est une année charnière”, explique le recteur. 

Quid des élèves qui ne pourront pas être en classe ? 

“À partir du moment où l’on est déconfiné, mieux vaut être à l’école que dans la rue”, considère le recteur. Pour autant, les différentes adaptations nécessaires rendent impossible d’accueillir l’ensemble des élèves de manière normale. Raison pour laquelle “nous travaillons sur un large dispositif périscolaire en partenariat avec la DJSCS, la DAC et des associations afin de pouvoir organiser un grand nombre d’activités sportives et culturelles dans le respect des mesures sanitaires”, assure Gilles Halbout. 

Comment s’organisera le temps scolaire ? 

“Afin d’assurer au mieux le respect du protocole sanitaire, nous devons au maximum éviter le brassage des élèves”, explique le recteur. En pratique, cela signifie que les élèves, quand ils seront à l’école, retrouveront un confinement en classe. Pas de récré et pas de collation en commun (s’il y en a, elle se prendra en classe), mais plutôt une séance de trois heures. Là encore, le travail pédagogique est en cours pour ne pas assommer les élèves. “Il y aura du temps d’écoute pour renouer le contact avec les élèves et repérer ceux qui se trouvent en difficulté, un temps d’éducation sanitaire pour bien faire intégrer les différents gestes barrières ainsi qu’un temps de reprise pédagogique. En trois heures en petits groupes, c’est possible”, indique Gilles Halbout. 

Quelles assurances sur le volet sanitaire ? 

“Sur les masques, c’est ceinture et bretelles”, veut rassurer le recteur. En plus des masques distribués actuellement par la préfecture, chaque personnel devra recevoir deux masques jetables par jour travaillé. “On a des commandes gigantesques”, assure encore le recteur. Une organisation en petits groupes d’élèves doit par ailleurs permettre d’assurer la distanciation sociale. Concernant le lavage de main, “il revient sur ce point aux mairies de mettre de l’eau et du savon à disposition ou du gel hydroalcoolique en quantité suffisante, mais lorsqu’il y a un problème sur ce point, nous aiderons à la fourniture en gel”. Là encore, le rectorat promet que “tout est déjà là. On ne va pas mettre le gel en avance, mais nous sommes prêts”. Autre point, le respect de la distanciation sociale aux abords des écoles. “Nous allons mettre le paquet avec les services civiques, nous en avons recruté une centaine rien que pour cela et les EMS qui ne seront pas en poste pour les établissements du second degré. Ils seront présents de manière massive pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’attroupement”, explique Gilles Halbout. 

Enfin, puisque l’on promet le respect du protocole sanitaire établi au niveau national, un nettoyage régulier des surfaces et une désinfection quotidienne des écoles sont à réaliser. Si cette lourde tâche revient aux mairies, le responsable de l’Éducation nationale indique que l’État prendra à sa charge l’excédent que cela peut représenter en terme de coûts pour les communes. 

De manière générale, des équipes de l’ARS délivreront une formation à l’ensemble du personnel afin de s’assurer de la bonne intégration du protocole sanitaire. 

Quelles réponses face à l’inquiétude du personnel ? 

La protection sanitaire, d’abord. Le rectorat assure ainsi du strict respect du protocole sanitaire et des moyens associés. “Je préfère retarder l’ouverture d’une école plutôt que de prendre le moindre risque”, soutient ainsi Gilles Halbout. “Il ne s’agit pas d’ouvrir coûte que coûte, mais de permettre une reprise progressive et sereine.” Promesse est également faite aux parents que s’ils retournent à l’école, leurs enfants seront pris en charge au même titre que ceux des soignants ou des forces de l’ordre. Enfin, “nous appliquons le principe de bienveillance pour tout le personnel, que ce soit pour a garde d’enfant, une condition de santé fragile ou la vie avec une personne fragile, nous permettons à ceux qui le souhaitent de se mettre en télétravail et nous nous baserons sur la confiance sans demander de certificat”. 

Les maires pourraient-ils refuser d’ouvrir les écoles ? 

À travers une circulaire en date du 6 mai à destination des préfets, le premier ministre indique que : “la situation particulière conduit à rechercher systématiquement l’accord des maires et à ne pas envisager l’ouverture d’une école en cas d’opposition de celui-ci. Lorsqu’un maire veut prendre une décision de fermeture dont vous ne partagez pas le bien-fondé, vous privilégierez le dialogue et la conviction, plutôt que l’utilisation des voies de droit.” En clair, les maires ne seront pas obligés d’ouvrir leurs écoles. En revanche, leur position doit être soutenue par des arguments matériels concrets justifiant l’impossibilité d’accueillir les élèves dans les conditions prévues par le protocole sanitaire. En cas de blocage, il est enjoint aux préfets “d’engager un dialogue avec les maires concernés pour que soit précisément évaluée l’impossibilité d’accueillir dans des locaux de la commune un nombre même très réduit d’élèves, soit à raison, par exemple, de la configuration des locaux scolaires, soit à raison de l’impossibilité de réaliser dans les délais les opérations préalables de nettoyage ou d’assurer l’entretien régulier des locaux”. Autant de points que le rectorat s’attelle actuellement à lever “au cas par cas”.

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