Ouf de soulagement. 106 résidents de l’île aux parfums bloqués à La Réunion depuis le début du confinement ont finalement atterri à Mayotte mercredi après-midi, dans un avion affrété par la préfecture. Quelques heures plus tôt, tous ignoraient alors la date de leur départ.
Pour certains d’entre eux, l’attente aura duré plus de deux mois. Mercredi, 106 résidents mahorais ont pu regagner le territoire via un avion Air Austral spécialement affrété par la préfecture. Tous étaient jusqu’alors coincés à l’île de La Réunion, sans aucune visibilité sur la date de leur retour. Quelques renforts de la réserve sanitaire étaient eux aussi du voyage.
Comme deux semaines plus tôt, alors qu’un premier vol du même genre avait permis de ramener une cinquantaine de personnes, tous les passagers ont été soumis à un contrôle sanitaire à peine le pied posé sur le tarmac. Après une distribution de masques chirurgicaux et de gel hydroalcoolique, les voyageurs ont dû, un à un, passer sous la tente installée là par la Croix-Rouge française où leur température a été prise. Dernière étape, mais pas des moindres : une quatorzaine stricte à domicile et régulièrement suivie par téléphone par la préfecture. Au préalable, l’ensemble des passagers ont dû attester sur l’honneur ne pas avoir été en contact avec des personnes atteintes du Covid-19.
Pour en arriver là, la préfecture, justement, a dû “prioriser les demandes” de rapatriement, explique le sous-préfet Julien Kerdoncuf, qui cite “des motifs impérieux, médicaux, familiaux ou professionnels”. Aux commandes de ce délicat recensement, la préfecture, la délégation du conseil départemental de Mayotte à l’île de La Réunion, mais aussi un collectif de citoyens qui s’était spontanément organisé sur place.
Une communication compliquée
Parmi les passagers, Ibrahim*, coincé à La Réunion depuis le début du confinement est “tombé par hasard”, une dizaine de jours plus tôt, sur une publication Facebook de ce même collectif, qui partageait alors le formulaire en ligne de recensement. “Et là, ça s’est compliqué”, plaisante-t-il à peine après avoir passé le contrôle sanitaire. Le Mahorais qui devait rentrer pour des raisons familiales appelle alors la maison de Mayotte à La Réunion, qui le réoriente vers la préfecture. “Il m’a fallu une semaine pour les avoir, ils m’ont fait tourner en rond”, souffle-t-il sous le masque chirurgical que les personnels de l’ARS viennent de lui remettre. “La préfecture de Mayotte ne répondait pas, celle de La Réunion ne savait pas grand-chose.” Finalement, il apprend qu’il pourra partir seulement la veille du décollage, en fin d’après-midi. Devant la grande toile de tente blanche floquée d’une croix rouge, Alice* hoche la tête en signe d’acquiescement. Après avoir réservé un billet quelques mois plus tôt, bien loin de se douter de la crise sanitaire à venir, elle voit rapidement le vol qu’elle devait impérativement prendre pour des raisons professionnelles cette fois, être annulé. Mardi soir, après des semaines d’attente et “aucune info de la part de la préfecture”, elle découvre elle aussi qu’elle embarquera dès le lendemain, pour une arrivée prévue à 14 heures.
C’est pourtant deux heures plus tard que le Boeing atterrira sur le tarmac de Mayotte. La raison de ce retard ? “Je n’ai pas de précision là-dessus”, répond le sous-préfet qui était venu accueillir les voyageurs. Pourtant, d’autres employés de la préfecture feront état d’un “bruit suspect” lors de la préparation au décollage, qui a contraint le personnel navigant à évacuer de l’appareil la centaine de personnes déjà installées, pour que des vérifications puissent être faites. Dimanche, moins d’une centaine d’étudiants devraient eux aussi regagner le département depuis La Réunion, où ils sont actuellement hébergés par le Crous.
* Les prénoms ont été modifiés
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