Après deux mois de confinement et d’activité économique au point mort, les offices du tourisme tentent de relancer leur structuration de l’offre touristique du territoire. Une structuration encore au stade embryonnaire, mais sur laquelle repose un espoir pour le département. Samedi, le Jardin d’Imany, exploitation qui tente par ailleurs de relancer la filière ylang-ylang sur le territoire, rouvrait ainsi ses portes en veillant à faire respecter les gestes barrières.
Ils étaient une dizaine à être présents, samedi, à la réouverture des visites du Jardin d’Imany, à Combani. La propriété de 19,5 hectares et son exploitant, Soumaila Moeva, dit Anouar, sont bien connus à Mayotte pour la culture d’ylang-ylang, et leur engagement à essayer de relancer la filière. Une journée en plein air qui signe la reprise des activités éco-touristiques de la petite entreprise familiale, mais qui marque aussi une nouvelle époque : celle de la préoccupation permanente du respect des gestes barrières. Lavage de main à l’arrivée, mise à disposition de gel hydroalcoolique – par ailleurs agrémenté d’une goutte d’huile essentielle d’ylang-ylang, une excellente idée qui change tout ! -, vaisselle écologique à usage unique, distance de sécurité, etc., autant de mesures mises en place pour limiter la propagation – ou la reprise – de l’épidémie de Covid-19, en ces lieux pourtant vastes et en plein air.
Une reprise des activités attendue car si « ces deux mois de confinement m’ont permis d’entretenir l’exploitation », relativise Soumaila Moeava, ils l’ont aussi privé d’une ressource. « J’ai l’habitude d’organiser des journées d’immersion dans la culture de l’ylang-ylang chaque semaine, et là je n’ai pas pu. Je tenais donc à rouvrir rapidement », commente-t-il. Des immersions traditionnellement de 25 personnes, désormais réduites à 10 maximum, qui reprennent progressivement à raison d’une journée par semaine, le dimanche.
De quoi, tout de même, souffler pour les visiteurs tout juste déconfinés et découvrir cette culture phare de Mayotte. La « fleur des fleurs » mahoraise, en effet, bien que largement concurrencée par Madagascar et le reste de l’archipel des Comores, demeure une piste de réflexion majeure pour Mayotte. Reconnue pour sa qualité, elle bénéficie d’une volonté de relance de la part des autorités. Un secteur compliqué à structurer, mais dans lequel croit l’exploitant, qui a repris l’activité que son grand-père a débuté en 1975. Les visites qu’il organise ne sont donc pas seulement une façon pour lui de gagner sa vie : elles sont aussi un outil pour faire découvrir l’activité et convaincre que l’ylang-ylang – comme d’autres cultures qu’il pratique aussi sur la propriété – a un rôle à jouer dans le développement de l’île. Est-il confiant sur cette reprise des activités post-déconfinement ? « D’après ce que je constate, le premier geste des gens est d’aller à la plage, mais j’ai envie de leur dire qu’ils peuvent aussi respirer le grand air dans les champs, découvrir des productions locales. Il est important qu’ils le sachent ».
En tout cas, sur place, les visiteurs ne regrettent pas : histoire de l’ylang-ylang sur le département, cueillette, distillation, déjeuner traditionnel, découverte des autres produits de l’exploitation, etc., ont convaincu les participants de l’intérêt de ces activités.
« Revoir notre approche du tourisme »
Ces activités et cultures traditionnelles sont au centre de la démarche de l’office du tourisme de la communauté de communes de centre-ouest (3CO) de Mayotte. Son directeur, Ackeem Ahmed, en a fait son mot d’ordre : il faut oser le « maoré « . « Lorsqu’on nous demande quels sont nos atouts, nous n’arrivons pas à le dire », regrette-il en poursuivant : « Pourtant, nous en avons beaucoup, alors c’est dans ce sens-là qu’il faut aller ». Et si ces deux mois de crise sanitaire ont largement fragilisés les acteurs touristiques dont il a en charge la structuration, il y voit une opportunité : « Ces deux mois ont compliqué les choses, c’est vrai, mais ils nous ont obligé à réfléchir à notre approche du tourisme, à nous interroger en profondeur. Il faut d’abord se recentrer sur nous et sur ce que l’on a ici à mettre en avant ».
Une piste de réflexion qui pourrait rapidement déboucher sur une opération à double visée : soutenir la découverte des productions et savoir-faire locaux, et remettre en selle les acteurs touristiques mis en difficulté durant la crise.
L’idée ? « Pourquoi ne pas s’inspirer du Repos des héros [une initiative qui propose des « bons vacances » au personnel soignant, largement mobilisé durant la crise, NDLR], ou mettre en place des offres promotionnelles en ce sens ? », détaille le directeur. Si, pour l’heure, rien n’est encore acté, la volonté de transformer le coup dur encaissé en opportunité semble, elle, à l’ordre du jour.
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