Cela fait à peine deux mois qu’elle a pris ses fonctions et pourtant Taslima Soulaimana, la nouvelle directrice régionale aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes a de grandes ambitions pour la femme mahoraise. Elle est cependant consciente que la tâche ne sera pas si facile.
Taslima Soulaimana a un curriculum vitae impressionnant mais ce n’est pas cela qui la définit. Après un bac littéraire au lycée de Mamoudzou (actuellement lycée Younoussa Bamana), elle poursuit ses études en métropole et obtient une maîtrise en droit. Elle commence ensuite une prépa pour les concours de la fonction publique, mais préfère rentrer à Mayotte au bout d’un an car elle sait que son île a besoin de femme comme elle. Elle n’est âgée que de 25 ans lorsqu’elle est recrutée par la Caf pour travailler sur l’arrivée du RSA à Mayotte. Les promotions se suivent au sein de l’organisme jusqu’en 2020 où elle succède à Moinaecha Noera Mohamed. La femme, aujourd’hui âgée de 34 ans, a tout simplement postulé en envoyant son CV ainsi que sa lettre de motivation. Elle n’aurait laissé passer cette chance pour rien au monde. “Quand j’ai commencé à travailler, dans la structure où j’étais, j’avais un aperçu du tissu social à Mayotte. J’étais très sensible à la condition de la femme mais je n’avais pas forcément le temps de tout faire. Avec un tel poste, je peux me consacrer pleinement à la cause des femmes et apporter ma pierre à l’édifice.”
Taslima Soulaimana est motivée par de nombreuses causes, mais l’éducation des jeunes filles lui tient particulièrement à cœur. “C’est par l’éducation que la femme mahoraise peut s’émanciper. Aujourd’hui, elle peut faire des études, travailler et prendre sa place de façon totalement libre. C’est grâce à l’éducation qu’on peut voir grand et aller loin”, déclare-t-elle. Selon elle, même si l’image de la femme mahoraise a évolué, il reste encore beaucoup à faire car certains domaines sont encore timides. C’est la raison pour laquelle la nouvelle directrice travaille d’ores et déjà avec les différents organismes tels que l’ADIM pour encourager les femmes à créer leurs propres entreprises.
L’actuel paysage politique la pousse en ce sens. Il y a encore quelques jours, Mayotte comptait deux femmes maires, mais depuis dimanche, cette tranche d’élus est 100% masculine. “C’est la preuve qu’il y a encore du travail à faire. La femme mahoraise a beaucoup de place dans son foyer, malheureusement dès qu’elle en sort, elle est vue autrement. Elle essaye de prendre sa place mais difficilement.”
“Il n’y a pas un modèle de femme à Mayotte, mais plusieurs modèles”
Taslima Soulaimana se dit chanceuse d’avoir un conjoint qui la soutient et la pousse à aller plus loin. Elle en parle sans gêne afin de peut-être donner l’exemple à tous les couples, et hommes de manière générale. “Les femmes à Mayotte qui ont des postes à responsabilités se multiplient chez nous, et elles ont besoin de conjoints qui les soutiennent. Dans ce combat, les hommes sont importants car ils contribuent aussi à l’importance de la femme dans notre société”, selon elle.
La nouvelle directrice régionale aux droits des femmes est inspirée par des figures féminines emblématiques. Il y a évidemment l’incontournable Zéna M’déré, mais également la très appréciée Taanbati, fervente défenseur des traditions mahoraises. “Elle met en valeur et préserve notre culture et j’admire cela parce qu’il est certes important que la femme mahoraise évolue, mais il est tout aussi important de ne pas oublier nos origines.” Elle a également une pensée particulière pour toutes celles qui l’ont précédée au même poste et qui ont chacune contribué à la condition féminine à Mayotte.
“La richesse de notre île est qu’il n’y a pas un modèle de femme à Mayotte, mais plusieurs modèles de femmes. Chacune de nous peut trouver sa place dans notre société, les jeunes et les moins jeunes, et nous devons en aucun cas nous laisser guider par des préceptes”, conclut Taslima Soulaimana. Elle sait que le combat ne sera pas facile, mais elle est déterminée à défendre la cause féminine avec et pour les Mahoraises.
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