Le week-end dernier a été rythmé par les cérémonies d’investiture des maires fraîchement élus ou réélus. L’occasion pour eux de prendre officiellement leurs fonctions. Mais les scènes de foules et d’embrassades constatées un peu partout sur l’île feraient presque oublier la pandémie.
À Mayotte, les cérémonies d’investiture des maires sont particulièrement folkloriques et festives. C’est entre chants traditionnels et discours solennels que les nouveaux maires ont endossé l’écharpe tricolore tant convoitée. Et si dans les autres départements de France, les investitures se sont déroulées sans artifices, chez nous l’ambiance était toute autre. Le week-end dernier, les cérémonies d’investiture avaient des allures de Manzaraka. Dans chaque commune, des centaines et des centaines de personnes se sont réunies sous des chapiteaux, sur les places publiques, ou encore dans les MJC. Les colliers de fleurs ont refait leur apparition. Les femmes ont sorti leurs plus beaux salouvas et les hommes leurs plus beaux costumes. Le tout animé par les différentes associations de chants et danses traditionnels mahorais. Les maires ont été accueillis tels des célébrités et ils ont dû se plier au jeu des embrassades, des bains de foule, et des selfies, oubliant complètement les mesures barrières répétées inlassablement depuis des mois. Certaines communes ont tenté tant bien que mal de les faire respecter. À Mamoudzou par exemple, un cordon de sécurité empêchait les personnes non conviées à la cérémonie d’y accéder. Ces dernières se sont cependant regroupées derrière les barrières de sécurité. Et le nouveau maire, Ambdilwahedou Soumaila, s’est finalement retrouvé encerclé par ses partisans dans un moment de joie. À M’tsamboro, tous les administrés étaient invités à prendre part à la cérémonie. La mairie avait mis à disposition des masques, mais cela n’a visiblement pas été suffisant puisque beaucoup n’en portaient pas. De plus, elles se sont ruées sur le maire pour l’embrasser et prendre des photos. “Nous avons fait le nécessaire mais dans des groupements comme celui-là, il est très difficile de respecter les gestes barrières. Chez nous, les gens croient beaucoup en Dieu et s’en remettent à lui en pensant qu’il ne leur arrivera rien”, explique Ben Kassim Ali Hamidi, organisateur de la cérémonie d’investiture du maire de M’tsamboro.
Des surprises, des larmes, et des promesses
L’émotion était bien présente lors de ces cérémonies. À Mamoudzou, le nouveau maire a fondu en larmes dans les bras de sa mère. À M’tsamboro, Laïthidine Ben Said, a essuyé discrètement quelques lames lorsqu’il est monté sur l’estrade pour endosser son écharpe. Mais les cérémonies ont surtout été marquées par les discours des premiers magistrats qui semblent réaliser l’ampleur du travail qui les attend. “Je pense aux responsabilités qui me pèsent aujourd’hui”, avoue Said Andhanouni, nouveau maire de Chirongui. “La priorité est de rétablir très rapidement la sécurité, la sécurité et la sécurité”, martèle Youssouf Ambdi, nouveau maire de Ouangani. “Je vais mettre en place un plan d’investissement pluriannuel pour savoir les programmes prioritaires et les faire en urgence”, indique Laïthidine Ben Said, nouveau maire de M’tsamboro.
Afin de prendre officiellement leurs fonctions, les candidats élus le 28 juin devaient être investis par les conseillers municipaux via un énième vote. Tous ont été élus sans grande difficulté mais non sans quelques surprises. À Mamoudzou, le candidat du premier tour Jacques-Martial Henry a à nouveau présenté sa candidature sous les regards effarés du public. Une audace qui lui a tout de même permis de récolter neuf voix. À M’tsamboro et à Chirongui, les maires se sont confrontés à des votes blancs qui en ont surpris plus d’un. 6 votes blancs pour la commune du nord-ouest qui ont installé un silence inattendu à chaque fois. Une manière pour l’opposition de rappeler qu’ils ne seront jamais bien loin.
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