Une enfant meurt noyée à Trévani, par manque de vigilance

Le drame aurait pu être évité, pourtant, une enfant de cinq ans a perdu la vie dimanche, sur la plage de Trévani, où sa tante l’avait amenée. Partie se baigner avec ses trois cousins, la petite a rapidement disparu, avant que les vagues ne ramènent son corps sur la plage. Les secours n’ont rien pu faire pour la sauver. 

Elle avait cinq ans, et elle a perdu la vie ce week-end. Dimanche, une femme amène sa nièce – dont la garde lui a été confiée six mois plus tôt suite à l’expulsion de ses parents – et ses trois enfants sur la plage de Trévani, juste devant l’hôtel du même nom. Après avoir pris leur goûter, les quatre bambins partent se baigner. Rapidement, l’un d’entre eux donne l’alerte : sa cousine a disparu. 

Les clients de l’hôtel sont prévenus et tous se mettent à sa recherche. « On était en plein boulot, et tout à coup, j’ai vu mon serveur se précipiter vers le ponton en sautant par-dessus la rambarde du restaurant », retrace Thierry Saidani, directeur d’exploitation de l’hôtel Trévani. Sur le sable, les vagues viennent de recracher le corps de la fillette, face contre terre. Une infirmière qui avait accompagné la tante de l’enfant à la plage prodigue à la petite victime, pendant plusieurs dizaines de minutes, un massage cardiaque en utilisant le défibrillateur mis à disposition par l’hôtel. L’enfant se réveille, vomit son goûter, puis perd à nouveau connaissance. Les pompiers et le Smur arrivent alors sur place pour conduire la petite à l’hôpital. En vain. Elle décèdera avant même d’être prise en charge. 

« Un enfant de cinq ans, ça doit être sous surveillance continue », rappelle le colonel Bisquert, qui précise par ailleurs que la tante de l’enfant, blessée et en béquilles, n’a pu participer activement aux recherches de sa nièce. « Avec plus de vigilance, cet accident aurait pu être évité. » Mais seulement quelques heures après le drame, certains internautes, ont, sur les réseaux sociaux, interrogé une autre responsabilité : celle des collectivités et des autorités. 

Aucune plage surveillée à Mayotte 

Alors que le département compte plusieurs dizaines de kilomètres de plage, pas un seul sauveteur n’y est déployé à l’échelle de l’île. Légalement, les communes sont tenues de recruter des professionnels de la sécurité uniquement sur les plages aménagées. Mais à Mayotte, aucune ne l’est à ce jour. Autrement dit, la surveillance sur les plages n’est ici pas obligatoire – bien qu’une signalétique doit être déployée pour indiquer aux baigneurs tous risques potentiels. Mais suite au récent drame, la mairie a expliqué vouloir améliorer la sécurité de ses plages. « On ne peut pas se permettre d’attendre un nouvel accident », insiste Alain Manteau, directeur général des services de la deuxième ville de l’île. « Nous souhaitons tout sécuriser au maximum, tout est possible à condition que tous les acteurs concernés se mettent autour de la table pour qu’on puisse agir rapidement, car sans la préfecture ni la Deal, nous ne pourrons rien faire. Il faut par exemple avoir un accord pour former les agents, mais pour assurer une surveillance 7j/7, il nous en faudrait au moins cinq. »

Quelques années plus tôt, Tachiki Maoré, gérant de l’hôtel Trévani, avait pourtant fait installer un petit ponton sur la plage attenante à l’établissement, celle-là même où a eu lieu la noyade ce dimanche. Un aménagement qui aurait pu être utilisé pour surveiller la baignade, s’il n’y avait pas eu « des petits soucis concernant la formation du personnel ou l’agrément », commente encore le DGS de Koungou. En conséquence, la Deal a demandé la destruction de l’installation. De son côté, la direction du Trévani déplore qu’aucune patrouille régulière des forces de l’ordre n’aient été mis en place sur cette plage, malgré ses nombreuses demandes. « Encore le week-end dernier, j’ai dû intervenir parce que des jeunes voyous avec des chiens ont agressé des plagistes », déplore Thierry Saidani. 

Interrogée par la rédaction, la société nationale de sauvetage en mer a expliqué qu’à moins de 300 mètres des plages, les interventions de secourisme relèvent en priorité des pompiers. « Mais nous sommes toutefois mis en alerte en cas d’accident », précise Frédéric Niewiadomski, président de la SNSM Mayotte. Mais depuis près d’un an, la société a dû suspendre ses opérations en mer, puisqu’elle attend le renouvellement de son unique navire de secours, inutilisable depuis que les boudins de l’ancien semi-rigide, trop usé, ont explosé. Un bateau qui avait pourtant fait l’objet d’une demande de remplacement auprès du conseil départemental, chargé de financer la moitié du nouvel appareil. Requête à laquelle la collectivité, rappelée à ses obligations légales, a répondu il y a seulement quelques mois. « Si tout va bien, nous recevrons notre nouveau bateau en octobre et nous pourrons reprendre les opérations de sauvetage », espère Frédéric Niewiadomski. En juin, lorsque le comédien Khams avait disparu en mer au volant de son jet ski, la SNSM n’avait ainsi pas pu intervenir. 

 

 

 

 

 

 

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