Le commissaire Sébastien Halm a officiellement pris ses fonctions en tant que chef de la sécurité publique de Mamoudzou. Un poste qui intègre une nouvelle organisation des forces de police sur le territoire à travers la Direction territoriale de la police nationale. Le fonctionnaire le sait, les attentes sont fortes à son égard, en interne comme à l’extérieur, et affiche une volonté de proximité avec les différents acteurs dans une dynamique qu’il perçoit positive pour la sécurité. Entretien.
Flash Infos : Pourquoi avoir choisi Mayotte et quelles attentes nourrissez-vous à travers votre nouveau poste ?
Sébastien Halm : D’abord parce que je nourris un goût particulier pour les territoires qui rencontrent certaines difficultés comme c’est le cas de Mayotte et qui, nécessairement, impliquent beaucoup de choses à accomplir. Mon précédent poste, à Bagneux (Hauts-de-Seine), qui est une ville de cités m’a montré que malgré les complexités, la vie locale peut être extrêmement attachante et je pense retrouver ici ce goût pour la collectivité. Plus professionnellement parlant, il y a aussi les différentes dynamiques enclenchées ces derniers temps, à l’image de la création de la DTPN (Direction territoriale de la police nationale). Avec un chef unique pour commander l’ensemble des filières, il y a là une solution très innovante et sans doute gage d’efficacité. Ce n’est pas anodin et l’on ne retrouve cette organisation que dans trois territoires. De manière générale, je pense qu’il y a une vraie volonté d’améliorer la situation sur place. Avant d’arriver et en tant qu’observateur donc, j’ai ainsi pu me rendre compte que l’on n’avait jamais autant parlé de Mayotte que durant cette dernière année, en dehors des grandes crises qui ont secoué l’île. Tout cela, comme la réforme que j’ai évoquée à titre d’exemple, appuie mon envie de participer à cette dynamique. Après, on ne va pas se leurrer, ce sont des organisations compliquées à mettre en place mais le processus est bien enclenché. En dépit des différentes difficultés, je pense que les très fortes attentes qui sont nourries à notre égard rendent notre mission enthousiasmante. Elles donnent tout son sens à notre travail.
FI : Justement, d’un point de vue organisationnel, avez-vous une méthode particulière que vous souhaiteriez mettre en œuvre ?
S. H. : Mon credo est de ne pas venir avec des idées préconçues et des méthodes d’ailleurs. Il me semble indispensable dans un premier temps de se rendre compte de la nature des problèmes. Cela passe par un diagnostic tant du territoire que d’un point de vue interne. S’imprégner de l’état des forces, des états d’esprits des effectifs et de leurs particularités, mais aussi rencontrer différents partenaires tels que les élus, les cadres de la police municipale et de manière générale la population, tout cela doit me permettre de bien comprendre quelles sont les attentes et les enjeux. Car au-delà de la sécurité publique dont je suis le responsable à Mamoudzou, bien d’autres sujets, comme l’économie, entrent en interdépendance. Mon expérience me montre également qu’être au contact du tissu associatif est extrêmement important.
FI : Vous avez évoqué l’état des forces, l’organisation… La mise en place de la DTPN a pu soulever des questions et certains craignent que la fusion des différentes filières se fasse en faveur de la lutte contre l’immigration clandestine au détriment de la sécurité publique. Aurez-vous les moyens de les rassurer ?
S. H. : Je ne vois pas cela dans ce sens-là. D’abord, je pense que la lutte contre l’immigration clandestine contribue à la sécurité. Je considère aussi que le directeur, Jean-Marie Cavier, qui vient effectivement de la police aux frontières a largement fait ses preuves dans sa capacité à obtenir des moyens. C’est le résultat d’une méthode et d’une énergie qu’il déploie désormais pour l’ensemble des filières qui sont sous sa responsabilité. Dans le même temps, je ne nie pas qu’il puisse y avoir de forts besoins comme de fortes attentes, j’en ai conscience. Je sais également que des préoccupations d’animation se posent également. Et de ce point de vue-là, la façon de travailler en commun prend toute son importance. Je souhaite travailler étroitement avec les effectifs, être dans l’accompagnement. Par exemple, aller sur le terrain avec eux me paraît essentiel. Tant pour notre relation que pour une bonne compréhension du terrain.
FI : Quelles sont les priorités que vous vous êtes fixées ?
S. H. : Au-delà des différents sujets précédemment évoqués, la première échéance importante est forcément la rentrée scolaire. Du fait de cette population jeune, de très forts enjeux se posent avec les rassemblements qu’elle implique, la problématique des transports scolaires, etc. Cela soulève nécessairement des inquiétudes, ne serait-ce que parce que traditionnellement, il s’agit d’une période sensible et que le contexte particulier n’aide pas. Il faut donc absolument préparer cette rentrée dans les meilleures conditions.
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