{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}ette première étude a été réalisée grâce à un travail collégial de la CDM, de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et d'EDM qui ont missionné l'Arer (Agence régionale de l'énergie de la Réunion) pour mettre en place l'OME en septembre 2008.

Avec des données chiffrées très précises sur la production et la consommation d'énergie à Mayotte (voir encadré), cette étude est un document d'aide à la décision pour les acteurs publics et privés de l'énergie, en vue de réduire la dépendance de Mayotte vis-à-vis des énergies fossiles et de mettre en œuvre des politiques d'économies d'énergie efficaces.

"Les deux outils, que sont la programmation pluriannuelle des investissements en production d'électricité et le Plan climat territorial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ne peuvent exister que si l'OME accomplit sa mission", a expliqué Philippe Beutin, le délégué régional de l'Ademe Réunion-Mayotte.

Le taux de dépendance énergétique de Mayotte s'élevait en 2007 à 92,2%, les 7,8% restants représentant la consommation du bois, du charbon de bois et de l'énergie solaire. Mayotte est donc encore loin des 20% d'autonomie énergétique à l'horizon 2020 prévus par le Grenelle de l'environnement… D'autant qu'elle demeure le territoire français où la croissance de la consommation d'électricité est la plus forte : +15% en 2007 et +11% en 2008.

"Nos projections à l'horizon 2020 prévoient le doublement de la consommation d'électricité d'ici 8 ans, ce qui implique la mise en place de nouveaux moyens techniques dès 2012, alors même que la centrale de Longoni vient d'ouvrir", a prévenu Hervé Le Trionnaire, chargé de mission développement durable à EDM. "Maîtriser la demande est donc la première priorité."

 

Limiter les importations d'électroménager trop consommateur en énergie

 

La généralisation des lampes à économie d'énergie ou la limitation des importations d'appareils électroménagers trop consommateurs en énergie par la mise en place d'une fiscalité douanière contraignante font partie des pistes évoquées pour réduire la facture énergétique.

Après deux campagnes couronnées de succès, EDM mettra de nouveau en vente 60.000 lampes à basse consommation à 1€ en septembre, avec cette année la mise en place de l’éco-participation pour le recyclage des lampes par Recylum. Les équipements électroménagers en provenance de Dubaï ou de la Chine semblant beaucoup moins respectueux de l'environnement que ceux produits par exemple par les marques européennes, une étude sera lancée cette année par l'OME pour connaître les importateurs et la nature des équipements importés.

La seconde priorité pour Mayotte est de diversifier son mix énergétique, car les réserves mondiales de pétrole vont commencer à se tarir d'ici un demi-siècle. En 2007, seulement 0,3% de la production d'électricité est d'origine photovoltaïque. Un secteur aujourd'hui en plein développement, parallèlement au marché des chauffe-eau solaires qui commence à émerger, avec quelques centaines d'équipements importés cette année, rendus compétitifs grâce à une politique d'aides volontariste (voir dossier MH n°399).

 

Un projet de centrale photovoltaïque de 5 MW avec une solution de stockage

 

Un appel à projets Mayénergie pour des bâtiments confortables et énergétiquement performants vient également d'être lancé (voir encadré). Une seconde étude de l'OME, cette fois sur les potentialités en économies d'énergie pour l'isolation des bâtiments et les appareils de climatisation, devrait être réalisée cette année.

Enfin, M. Beuchin espère que le projet d'une centrale photovoltaïque de 5 MW, avec une solution de stockage de l'électricité, sera prochainement validé par le ministère de M. Borloo pour "montrer qu'avec des énergies intermittentes, on peut aussi proposer des solutions durables".

Reste à faire un long travail d'éducation à la population pour qu'elle prenne conscience que l'on peut avoir le même confort tout en réduisant sa consommation énergétique et donc sa facture d'électricité… Des réflexes écologiques qui peuvent être intériorisés grâce à l'action des services publics, comme en témoigne les compteurs à cartes Ankiba qui, selon M. Le Trionnaire, ont permis de réduire de 10% la consommation des centaines de ménages qui l'ont adopté, n'en déplaisent à ses détracteurs qui y voient un système de distribution "du Tiers monde".

 

Julien Perrot

 


 

Petit rappel du bilan énergétique 2007

En 2007, la consommation primaire totale est de 89,1 ktep (kilo tonne équivalent pétrole), dont 92% provient des importations, qui sont en totalité d'origine fossile (essence, gazole, carburéacteur, etc.). Les importations en 2007 ont crû de 1,8% par rapport à 2006 et de près de 40% depuis 2002.

Les 8% restant de la consommation primaire proviennent des ressources locales : 98% de bois et 2% des huiles usagées et de l'énergie solaire. Le taux de dépendance énergétique s'élève donc à 92,2% et la part renouvelable (à Mayotte, il s'agit du bois, du charbon de bois et de l'énergie solaire) de la consommation primaire totale s'élève à 7,8%.

En ce qui concerne la production d'électricité, la puissance totale à Mayotte en 2007 est de 49,9 MW, assurée à 99% par des systèmes de production utilisant le gazole (centrale des Badamiers et groupes de secours de Kawéni). En 2007, la production électrique livrée sur le réseau est de 196 GWh (17 ktep), soit une efficacité de 41% pour la transformation des produits fossiles en électricité.

Entre 2006 et 2007, la croissance de la production d'électricité était de 14,7%. A titre indicatif, cette évolution est de 3,9% à la Réunion et elle est négative (-0,8%) en Métropole. Enfin, la consommation électrique en 2007 est de 172,4 GWh, soit une augmentation de 35% entre 2002 et 2007, et surtout 14% entre 2006 et 2007.

Pour la consommation des carburants dans les transports, l'OME note une augmentation très importante, passant de 23.986 tep en 2002 à 34.560 tep en 2007. Une augmentation notamment due à l'augmentation du transport routier, passé de 20.583 tep en 2002 à 28.027 tep en 2007.

Au total, Mayotte a consommé 89,1 ktep (kilo tonne équivalent pétrole) en important 90.000 m3 d'hydrocarbures qui ont généré 258.349 tonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère, soit 1.382 kg de CO2 par Mahorais par an. A titre indicatif, à la Réunion, ce chiffre est de 4.740 kg par habitant par an et de 6.190 en Métropole.

Parmi ces 1.382 kg de CO2, 701 proviennent de la production d'électricité, 471 du transport terrestre, 66 de l'aérien, 44 du maritime, et 101 proviennent des secteurs résidentiels, tertiaires, industriels et agricoles. Une voiture moyenne essence qui parcourt 10.000 km par an émet 2,2 tonnes de CO2 : ainsi, l'ensemble du secteur énergétique mahorais rejette annuellement autant de CO2 que 117.432 voitures.

 


 

 

Une aide financière pour réaliser des bâtiments énergétiquement performants

Les bâtiments résidentiels et tertiaires constituent des secteurs énergivores avec une consommation croissante. La conception des bâtiments, le choix des équipements et leurs utilisations peuvent être améliorés afin de réduire les consommations tout en conservant, voire en améliorant, le niveau de confort.

Dans ce cadre, le conseil général de Mayotte, l’Ademe et EDM ont décidé de s’associer pour réduire la dépendance énergétique de l’île et améliorer le confort et la performance des bâtiments. En 2008, ces partenaires ont créé une charte Mayénergie avec l’appui de l’Arer et les conseils des acteurs du bâtiment.

L’appel à projets Mayénergie vise à susciter des réalisations de bâtiments confortables et énergétiquement performants en l’absence d’une réglementation thermique applicable à Mayotte, et à favoriser la recherche de solutions innovantes. Il consiste à apporter une aide financière aux maîtres d’ouvrage afin de les inciter à répondre aux critères de la charte Mayénergie.

 

Détails de l’appel à projets Mayénergie 2009

– Types de maîtres d'ouvrage : Cet appel à projets Mayénergie s'adresse à tous les types suivants de maîtres d'ouvrage : bailleurs sociaux, entreprises, collectivités, organismes publics (hors Etat), associations et particuliers.

– Types de bâtiments : Cet appel à projets vise tous les bâtiments (hors industries, grandes surfaces, collèges et lycées), en maîtrise d'ouvrage publique ou privée.

– Type de projets : Cet appel à projets concerne des bâtiments à construire et en rénovation groupée.

– Calendrier : La consultation Mayénergie sera menée de façon continue du 5 juillet au 3 août 2009. La date limite de remise des dossiers de candidature est fixée au 3 août, ils pourront être complétés jusqu'au 28 août 2009. Les dossiers de candidature, à compléter par le maître d’ouvrage, sont retirables auprès du CGM (direction de l’environnement et du développement durable), de l’Ademe ou d’EDM, ou sur le site internet du conseil général http:/www.cg976.fr.

 

Renseignements administratifs et techniques

Contact EDM : Delphine Le Page, tél. : 0269 62 82 62, fax : 0269 60 82 63, e-mail : d.lepage@electricitedemayotte.com

Contact CGM : Ibrahim Bahedja, tél. : 0269 64 99 31, fax : 0269 64 99 49, e-mail : ibrahim.bahedja@cg976.fr

Contact Ademe : Christel Thuret, tél. : 0269 62 32 36, fax : 0269 62 32 35, e-mail : christel.thuret@ademe.fr