{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ransporter des clandestins jusqu'à Mayotte. Telle était la principale activité du réseau renversé. A l'aide d'une cinquantaine de kwassas, ils ont réussi à introduire sur le territoire français près de 1.500 étrangers. Des taximen se chargeaient de disséminer sur l'île ces nouveaux arrivants, pendant que des riverains hébergeaient les passeurs.

Grâce à cette organisation, le chiffre d'affaires du groupe s'élevait à près de 250.000 euros. Cela sans compter les autres méfaits auxquels ils s'adonnaient. Ce dossier a en effet permis de boucler 32 affaires de vol jusqu'alors non résolues. Le mode opératoire de ces cambriolages a pu être déterminé grâce aux informations obtenues lors de l'enquête.

Tout partait d'une commande de la base implantée à Anjouan. Des voleurs obtenaient les marchandises demandées en s'introduisant principalement dans des maisons de muzungu au sud de l'île et à la périphérie de Mamoudzou. Les cambrioleurs en profitaient parfois pour dérober d'autres biens ou encore pour commettre des viols en réunion, ce qui a été le cas pour deux des vols concernés.

Les objets ainsi dérobés étaient alors revendus avant d'être transportés par kwassa jusqu'à leur commanditaire. Certaines des personnes interpellées sont aussi accusées d'importation de stupéfiants et vente de médicaments interdits.

 

50 kwassas, 1.500 clandestins transportés, 32 cambriolages…

 

Tous ces agissements font cas d'organisations puissantes et de plus en plus structurées. Il faut également noter que quasiment toutes les personnes interpellées sont d'origine étrangère. Seul un pêcheur mahorais a été arrêté pour avoir utilisé sa pirogue afin d'effectuer régulièrement des voyages en tant que passeur de clandestins. Ce détournement d'outils de travail s'explique par l'aspect très lucratif de cette activité, une alternative intéressante pour joindre les deux bouts durant les fins de mois difficiles.

Le vice-procureur de la République signale néanmoins que ces actes ont une dimension "mafieuse", la violence qu'utilisent parfois les membres de ce réseau pour atteindre leurs objectifs est déplorable. Pour mettre un terme à ces activités, une coopération entre différents services de l'île a donc été nécessaire. "Une belle opération commune", souligne un représentant de la gendarmerie, qui, au vu des diverses activités de cette bande organisée, a mobilisé 103 agents de différents services d'enquête de l'île.

Cette affaire qui a duré plusieurs mois a permis aux forces de l'ordre de déterminer avec plus de précision le type de fonctionnement de ces réseaux. Des informations qui leur seront d'une aide considérable pour tenter d'identifier d'autres membres de cette organisation ou d'autres.

 

Rawnat Mohamed Chaher