{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}ls sont presque incollables sur le sujet de l'époque sucrière à Mayotte, mais en redemandent quand même. Les élèves de la 4e1 du collège de Dzoumogné, construit sur les ruines de la dernière usine sucrière à avoir fermé ses portes en 1955, travaillent depuis le début de l'année sur l'histoire de l'usine et des engagés du sucre et se sont découvert une passion pour le sujet. Mercredi matin, alors que Lathufat Abdoul-Kader des archives départementales leur présente l'exposition "Mayotte et le sucre", ils ont encore de nombreuses questions, notamment sur les conditions de vie et de travail des engagés, qui s'apparente à de l'esclavage sans en être.
"Cette exposition arrive à un moment où les élèves ont déjà des connaissances sur la période sucrière, mais elle leur donne une vision plus large car elle mentionne toutes les usines de l'île", précise leur professeur d'histoire M. Bénard, à l'initiative du projet qui, pour son plus grand bonheur, a enthousiasmé toute la classe qui se l'est approprié. "Mon but est de faire revivre ce site et sa mémoire, que cette période ne soit pas oubliée par les Mahorais", poursuit l'enseignant. "Il faut que l'histoire de Mayotte soit écrite par des Mahorais."
De l'usine de Dzoumogné, ouverte en 1853 et fermée en 1955, on peut encore voir la cheminée, au centre de la cour du collège, ainsi qu'une machine à vapeur mobile et plusieurs rouleaux de moulins à canne juste devant. A 1.500 mètres de là, le site d'embarquement du sucre est encore identifiable. On y voit l'embarcadère, l'entrepôt, la bouée d'amarrage des navires et les restes d'une voie ferrée. M. Bénard a également découvert que les bureaux de la Sim sont installés dans l'ancienne maison de maître, et que certains de ses collègues vivent dans ce qui était autrefois les logements des engagés.
Un nouveau fonds d'archives sur l'usine de Dzoumogné
En feuilletant un dossier sur les usines sucrières réalisé il y a quelques années (MH n°308), les élèves ont pu retrouver trois anciens travailleurs de l'usine de Dzoumogné, dont ils doivent enregistrer le témoignage cette semaine. Un élève a également récupéré le texte d'une chanson qu'entonnaient les engagés, elle sera travaillée avec le professeur de musique. De cette façon, les élèves essaient de reconstituer les conditions de vie réelles des engagés du sucre, leurs ancêtres. "Nous voulons retrouver ce patrimoine pour le transmettre aux générations à venir", expliquent les jeunes, "il est encore temps de sauver ce patrimoine matériel laissé à l'abandon, il faut le faire vivre".
Dernière nouvelle qui vient à point nommé, les archives départementales font venir de Nantes un fonds d'archives privées du propriétaire de l'usine de Dzoumogné qu'elles vont numériser. Une aubaine pour les jeunes chercheurs et leur enseignant qui souhaiterait que ces documents soient présentés au collège lors des Journées du patrimoine en septembre.
Car le travail ne s'arrêtera pas avec la fin de l'année scolaire. L'année prochaine sera celle de la concrétisation. Au mois de décembre, les élèves devraient présenter un film qu'ils auront réalisé eux-mêmes, ainsi qu'une exposition sur l'histoire de l'usine, l'époque sucrière et la vie des engagés. C'est à cette occasion que sera entonnée la chanson des engagée découverte par un des élèves. Ils espèrent en trouver d'autres dans les archives orales.
Hélène Ferkatadji
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