22/05/2009 – Ce que j’en pense

 

{xtypo_dropcap}E{/xtypo_dropcap}t puis il y a EDM et Total, des grèves qui dérangent tout le monde. Toute l'île s'asphyxie lentement, comme si le sang n'irriguait plus les organes, les uns après les autres, au rythme des voitures qui s'arrêtent, la jauge dans le rouge et le voyant d'alerte allumé depuis trop longtemps. Des grèves qui amusent, désorganisent au début, puis bloquent, figent toute activité humaine. La vie sociale et économique s'arrête. Les écoles, les entreprises tournent au ralenti, jusqu'à l'arrêt complet de l'appareil. Les rencontres sportives, les concerts, les manifestations préparés depuis des mois sont remis en cause, annulés, reportés… Avec les pénalités, les problèmes, les pertes de temps et d'énergie que cela entraîne.

L'essence, l'électricité constituent l'énergie de notre société, un flux indispensable, vital. Elle permet les déplacements, les transports, le fonctionnement des ordinateurs et des clims… Une grande partie de l'activité humaine moderne en dépend. C'est grâce à elle que la société peut fonctionner, que les Hommes s'agitent quotidiennement.

Il faut essayer d'imaginer notre société sans énergie. Avec le seul chombo pour travailler le champ, les bras pour transporter les productions, alimenter en eau les bêtes. Il est intéressant de penser à l'eau qu'il faudrait retourner chercher à la rivière… Une rivière dont il conviendrait de séparer le chlore et la javel. Des repas qu'il faudrait préparer chaque jour, avec des produits frais et aucun moyen pour stocker la nourriture autrement qu'en la séchant, la salant ou la fumant.

Il faut imaginer les soirées sans électricité, sans télé, sans musique à fond, sans rien d'autre que la parole des anciens à écouter, leur sagesse à transmettre. Des soirées où l'on pourrait discuter tranquillement, prendre le temps de jouer avec les enfants, admirer le ciel étoilé, où l'on pourrait écouter le bruit de la nature au lieu de l'assourdissant vacarme dans lequel se mêlent souvent des sons de télés branchées trop fort, des musiques inutiles, des bruits de moteurs incessants et vrombissants.

Une grève nous privant de ce pétrole si cher à nos sociétés modernes pourrait avoir quelques bons côtés. Le calme et la convivialité pourraient retrouver de l'espace, perdu au profit d'autres activités bien futiles parfois. Mais notre société moderne nous a habitués à trop de confort, trop d'avantages, de progrès, tous liés à cette énergie encore fossile. Elle peut devenir très chère, son approvisionnement jusqu'à notre lagon peut être rendu difficile ou elle peut même disparaître des pompes, comme actuellement.

Il convient donc logiquement d'y trouver des alternatives, localement, de manière durable, non polluantes si possible, et aussi d'apprendre à l'économiser, vu son importance. Le calme et la convivialité des nuits sans électricité peuvent se concevoir aisément. Il suffit d'éteindre la télé, de partir sur une plage le soir, ou à la campagne, pour retrouver le calme qui risque de nous entourer prochainement si la grève continue trop longtemps.

 

Laurent Canavate

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