Faisant suite aux opérations judiciaires menées en mars et avril 2009 par la Douane et la Paf en co-saisie avec le Gir de Mayotte sur le port de Longoni, une nouvelle opération du Gir et de la Paf, résultat d'une enquête menée en parallèle sur des "collecteurs" et transitaires d'exportation de marchandises, a eu lieu lundi matin. 13 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue : 10 collecteurs comoriens et 3 transitaires en douane. Travaillant depuis décembre 2008 dans le cadre d'une enquête préliminaire, sous le contrôle du vice procureur Thomas Michaud, les policiers avaient déjà réussi à mettre au jour un vaste système de corruption généralisée aux douanes du port, qui avait conduit à la mise en examen de 27 personnes (voir MH n° 423).

Cette nouvelle opération d'envergure à mobilisé 66 personnels, enquêteurs du Gir, policiers de la Paf, de la sécurité publique et gendarmes avec le soutien du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie) et de l'escadron de gendarmerie mobile de Niort. Les différentes perquisitions et auditions ont permis d'établir formellement l'existence d'un vaste système de "collecte" de marchandises diverses (véhicules légers, biens d'équipement, etc) sur le territoire de Mayotte, destinées aux Comores et à Madagascar via le port de Longoni. Le trafic des boutres était ainsi "contrôlé" par trois individus qui s'étaient partagé le "marché". Les armateurs et commandants des bateaux étaient, dans ces circonstances, obligés de "travailler" avec cette organisation pour charger leur bateau. En amont, un nombre important de Comoriens en situation régulière ou non, se sont installés sur Mayotte comme "collecteur", sans aucune déclaration auprès des administrations et souvent avec pignon sur rue. Ces "collecteurs" non déclarés prenaient en compte les marchandises destinées à l'exportation auprès de la communauté comorienne clandestine ou non, passaient ensuite par des transitaires en douanes avec la complicité des trois "gestionnaires" du port pour obtenir l'autorisation d'accéder à Longoni et d'embarquer leurs marchandises.

Parallèlement, un des gestionnaires de ce trafic et des douaniers liés au premier dossier, ont été extraits de la prison de Majicavo et entendus sur cette affaire, faisant ainsi le lien avec les douaniers corrompus. Toute cette activité liée à l'économie souterraine qui se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d'euros par an s'avère être complètement illégale sur le plan de la législation du travail, et de la législation sur les étrangers car très souvent ces "collecteurs" employaient des travailleurs clandestins. Les 13 personnes interpellées ont toutes été renvoyées devant la Justice pour répondre des faits de travail dissimulé par dissimulation d'activité et de salariés, rémunération inférieure au Smig, séjour irrégulier et aide au séjour, faux et usage de faux.