{xtypo_dropcap}J{/xtypo_dropcap}eudi matin à l'hôtel Sakouli, le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) de Mayotte a présenté aux cadres des collectivités locales les résultats d'une enquête réalisée en 2008 dans 6 communes pour analyser les besoins en formation des agents. Le CNFPT n'existe à Mayotte que depuis 4 ans, alors qu'il a été créé en Métropole en 1984.

Réalisée avec l'aide du cabinet conseil Mediaterra, cette enquête a permis de dresser les bases d'un Schéma régional de formation pour que le CNFPT adapte l'offre nationale de formation aux attentes particulières des agents mahorais. Le constat du manque de formation des agents est en effet à des lieux de qu'on peut observer en Métropole : 15 à 25% des agents (soit plus de 1.000 agents) sont non francophones et/ou analphabètes et 65% d'entre eux n'ont jamais suivi une seule formation dans toute leur carrière.

Parmi les agents apparentés à la catégorie C, 59% ont seulement un niveau d'école primaire ou coranique, 31% le brevet des collèges et 11% ont un niveau "lycée ou plus". Chez les cadres apparentés à la catégorie A, le constat n'est pas vraiment plus brillant puisque 47% d'entre eux sont des autodidactes et seulement 24% ont fait des études supérieures longues.

Joël Domasson, directeur du cabinet conseil Mediaterra, a souligné que les efforts du CNFPT doivent avant tout se diriger vers l'apprentissage du français en milieu professionnel pour les non-francophones et la formation de nouveaux effectifs en gestion des ressources humaines et en cadres intermédiaires de catégorie B, qui font pour l'instant cruellement défaut. Le management de proximité serait une des solutions à la désorganisation générale des services.

Jérémy Blazquez, directeur régional du CNFPT, a reconnu qu'il est impossible pour son organisme de former tous les agents des 25 collectivités locales de Mayotte d'ici le début de la départementalisation. Il espère néanmoins que toutes les collectivités auront d'ici 2010 leur schéma de formation, avec des fiches de poste et une réflexion sur la concordance entre les compétences des agents et leurs missions.

Avec la départementalisation, de nouvelles compétences et donc de nouvelles missions seront transférées aux collectivités locales, sachant qu'aujourd'hui le taux d'expertise (nombre de cadres A pour 10.000 habitants) est 3 à 5 fois moindre qu'en Métropole et qu'il y a moins d'un agent pour 100 habitants, contre 2 à 3 pour la moyenne nationale.

"Nous avons à bâtir ce pays et chacun de nous doit prendre conscience de cette responsabilité qu'on ne voit pas encore forcément mais qui va très vite arriver", a déclaré Ahamada Ousseni, maire de M'tsangamouji et délégué régional du Comité régional d'orientation, "nous devons montrer à l'Etat que nous sommes prêts à les assumer".

 

Julien Perrot