17/04/2009 – Enseignement professionnel

 

{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}enforcer la cohérence entre les formations et les besoins des entreprises, trouver des solutions aux difficultés des professionnels comme des enseignants, tels étaient les objectifs affichés de cette table-ronde du lycée de Kahani, à laquelle étaient invités plusieurs entreprises de mécanique automobile, les enseignants des matières professionnelles, ainsi que le GSMA. Seule déception pour Alain Salomo, conseiller pédagogique en sciences et techniques industrielles, ainsi que Pierre Stiegler, responsable de l'enseignement technique : sur les six entreprises conviées, seules deux ont répondu présent, à savoir Renault Somiva et EMG Auto.

"Le lycée propose plusieurs formations en mécanique qui se répartissent entre automobiles, motocycles, bateaux et parcs et jardins", rappelle le proviseur Jean-Philippe Decroux aux invités. "Nous sortons chaque année 40 jeunes diplômés du bac professionnel, 30 en maintenance des véhicules automobiles et 10 en maintenance des véhicules industriels, qui sont formés en apprentissage."

Pour ces derniers, l'établissement a recours au matériel de la Colas, qui a accepté de prendre régulièrement les 10 apprentis pour une partie de la formation qui nécessite des installations trop couteuses pour le lycée. "Nous travaillons à la mise en place pour la rentrée prochaine d'une formation CAP carrosserie peinture qui fonctionnerait de la même façon. Nous avons déjà l'entreprise partenaire, ne manque que le financement du conseil général qui se fait attendre", poursuit le proviseur.

 

Besoin de main-d'œuvre nouvelle et mieux formée aux outils de travail modernes

 

Si la grande majorité des diplômés de ces formations trouvent un emploi sur Mayotte – deux d'entre eux sont même revenus au lycée en tant qu'enseignants contractuels – les entreprises peinent encore à trouver de la main-d'œuvre, preuve que l'on peut encore avancer. "Avec la généralisation du bac pro en 3 ans à compter de l'an prochain, nous perdons une année de formation", rappelle M. Salomo (avant BEP 2 ans + bac pro 2 ans). "Il nous faut donc améliorer l'efficacité de nos formations."

Responsable carrosserie chez Renault, Patrick Neger constate que les personnels savent travailler, mais n'ont aucune réelle méthodologie du travail. Il ressent le besoin de main-d'œuvre nouvelle et mieux formée aux outils de travail modernes. "Cela ne sert à rien que les entreprises investissent dans des nouveaux équipements si personne ne peut les utiliser." "La plupart ne savent ni lire ni écrire", renchérit Emmanuel Gallus de EMG Auto, "ils ont des habitudes de travail, mais ne font pas la différence entre les produits. Si on les change, ils continueront à faire la même chose avec." Les employés sont les champions du bricolage, mais vont se trouver dépassés avec les nouveaux matériaux.

Enseignant du lycée, M. Sanchez suggère la mise en place d'une formation pour adultes, une idée qui plait aux professionnels présents. Pour l'enseignant, le fait que ces "anciens" sachent faire des miracles par du bricolage est la preuve qu'on peut en faire de très bons professionnels.

Concernant les jeunes, "ils doivent apprendre à réfléchir différemment", estime Patrick Neger, à savoir : faire un diagnostique correct. "Ils ont beaucoup de mal à se remettre en question", complète son collègue M. Lemer, "et ne retiennent pas ce qu'on leur apprend d'un jour sur l'autre." Le problème de la sécurité est également soulevé par Emmanuel Gallus. Le chef de travaux du lycée propose l'intransigeance sur cette question des plus importantes. Il suggère également que les entreprises qui ont des outils de travail très récents prennent ensemble tous les élèves environ une fois par mois, afin de les familiariser avec ce matériel.

 

Les jeunes, mieux formés, subissent la pression des "anciens"

 

Autre problème constaté côté lycée comme dans les entreprises, les jeunes en stage subissent la pression des "anciens", qui leur imposent leurs méthodes de travail et refusent souvent celles des stagiaires, mieux formés mais plus jeunes qu'eux. Un constat qui fait à nouveau dire qu'il faudrait de la formation pour adultes, ce que le proviseur estime faisable rapidement. "Il est tout à fait possible de faire de la formation continue pour les salariés par le biais du Greta si les entreprises se montrent intéressées", annonce M. Decroux, suscitant le vif intérêt des professionnels.

Autre possibilité jugée intéressante par les invités, la mise en place de FCIL, des formations complémentaires d’initiative locale. Ces formations, qui durent un à deux ans, portent sur un domaine spécifique dans le but de répondre à un besoin local défini par les entreprises. Elles s'adressent à tout type de public, généralement pour compléter un CAP ou un BEP, voire un bac pro. Pour conclure la rencontre, les professionnels ont été invités à visiter les ateliers de formation du lycée. Ils ont été agréablement surpris par la qualité du matériel de pointe dont dispose l'établissement.

 

Hélène Ferkatadji

 


Le dialogue entreprises/formateurs se renforce

Approfondir la cohésion entre les formations professionnelles et les besoins des entreprises et renforcer les partenariats est une volonté dans l'air du temps. Alors qu'il y a quelques semaines, le GSMA organisait une table-ronde sur les métiers de bouche, à laquelle étaient invités les entreprises et les formateurs, jeudi dernier le vice-rectorat invitait l'ensemble des entreprises partenaires de l'Education nationale, soit plus de 300, à une conférence sur la formation professionnelle. Une convention cadre élaborée par le vice-rectorat a été proposée à la centaine d'entreprises qui a répondu à l'appel et participé aux débats. Les documents relatifs à cette rencontre sont disponibles sur le site internet du vice-rectorat.

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