Le maire de Dembéni, Soihibou Hamada souhaite que l’agriculture garde toute sa place dans la commune et à Hajangua. Quand on arrive dans le village, que ce soit par le nord (Iloni) ou le sud (Hamouro), impossible d’échapper aux grandes clôtures délimitant les champs entourant le village. Celui-ci est perché sur les collines qui se trouvent au pied du Mont Bénara.
Les principaux équipements – école, MJC, terrain de football – sont sur la plaine, de l’autre côté de la route nationale, face au centre équestre Sainte-Armelle. A Hajangua, petit village à l’échelle mahoraise, pas de grand chahut sonore comme à Mamoudzou ou les carrefours commerciaux de Chirongui, Dzoumogné ou Combani. Tout au plus, les voitures qui filent à grande vitesse sur la ligne droite longeant l’ancienne usine sucrière troublent la tranquillité des lieux. Et ce marché, fait de bric et de broc, mais qui attire les clients sur la route du Sud.
C’est ce haut lieu de l’agriculture mahoraise que Mayotte Hebdo se propose de vous faire découvrir cette semaine. Hajangua (ou Hajangoua, Hajangwa et même Hajangoi) n’a pas tourné le dos au passé, mais souhaite comme les autres localités de Mayotte ne pas être laissée de côté et réussir sa transition vers le monde moderne. D'importants travaux y démarrent dans quelques semaines.
“Avant, les gens se respectaient !”
Saïd Oili a vécu toute sa vie à Hajangua. Cet homme âgé de plus de 70 ans a travaillé dans les champs de la famille Marot. Malgré une existence de labeur acharné, Saïd Oili a la nostalgie d’une période où Hajangua rimait avec grandes exploitations agricoles.
{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}u centre du village de Hajangua, le soleil tape dur en début d’après-midi. On a beau dominer le lagon et voir la Petite Terre au loin, l’altitude ne fait pas baisser la température. Juste après la prière d’Aduhuri (midi), Saïd Oili, vêtu d’une chemise blanche assortie à son pantalon, de son koffia et avec sa barbe de quelques jours, remonte à petits pas vers son banga en tôle. S’approchant de moi, il scrute ce visiteur impromptu qui vient troubler sa paisible journée.
“Vous voulez que je vous parle de Hajangua ? Pas de problème, mais vous n’allez pas partir de sitôt”, prédit-il. De ce fait, il m’invite à traverser la rue pour me réfugier sur la terrasse de la case Sim de sa fille. “Hajangua, c’est ma vie. Bien que mes parents soient nés à Anjouan, je suis né ici, et j’ai tout fait ici”, affirme celui que l’on surnomme Baboudou Né. Saïd Oili comme de nombreux Mahorais de sa génération n’a pas été scolarisé.
À l’époque, le seul horizon qui s’ouvrait à un fils de travailleur agricole, c’était justement de faire comme les parents et s’adonner aux travaux des champs. “Mes parents ont travaillé comme moi à l’usine sucrière. Ils cultivaient la canne qui était ensuite raffinée en sucre. Ils travaillaient également la citronnelle. Celle-ci était plantée en décembre, puis coupée en mai pour être ensuite transformée en huile essentielle. Celle-ci était vendue à l’extérieur de Mayotte”, assure Saïd Oili.
Le travail était pénible et la paie pas terrible. “On gagnait un shrobo par jour, soit un rial pour cinq jours travaillés. Ce n’est que quand les Anglais sont arrivés que le salaire est passé à un rial par jour”, explique-t-il de sa voix saccadée. Le seul jour de repos était le dimanche.
{xtypo_quote}La vie moderne n’apporte rien de bon{/xtypo_quote}
Pour les grandes occasions, tel que les mariages ou les jours de fête, le village de Hajangua était animé par des chigomas, madjlis ou autres manifestations qualifiées de traditionnelles aujourd’hui. La cohabitation avec ses employeurs de la famille Marot s’est toujours bien déroulée pour lui.
“Avant, les gens se respectaient ! Un jeune respectait la parole des parents, les employés écoutaient celle de leur patron et vice-versa. Aujourd’hui, tout cela n’existe plus, il n’y a plus de respect et ce n’est pas près de revenir. Aujourd’hui, un jeune vous menace de vous dénoncer à la justice si on tente de le corriger. Ils ont pris la grosse tête et sont un peu comme du bétail sans berger à leur tête, puisque les parents n’osent plus rien faire. C’est la faute du sirkali (les autorités)”, constate amèrement Baboudou Né. Cette attitude ne mène à aucun avenir sérieux selon lui.
“Aujourd’hui, combien de gens vous disent bonjour en vous voyant ? Heureusement que certaines personnes n’ont pas oublié ce respect. Sarah Mouhoussoune vient me rendre visite de temps en temps. Cela est dû au fait que j’ai bien connu ses parents et ils m’ont toujours respecté et inversement. Je n’ai pas été à l’école, mais Alhamdulilahi, j’ai pu avoir un petit quelque chose à offrir à mes enfants grâce au travail de la terre. Aujourd’hui, plus personne ne veut travailler la terre, mais est-ce que ceux qui gagnent de l’argent arrivent à se payer tout ce qu’ils veulent ?”, s’interroge-t-il.
Pour lui, la vie moderne n’apporte pas grand-chose de bon. La viande consommée par exemple n’est plus fraîche et provoque des problèmes de santé, les maisons en béton attirent tellement la chaleur qu’il ne peut plus faire sa sieste après sa prière de la mi-journée, contrairement aux bangas en mtseve (feuilles de cocotiers tressées). “C’était bien mieux avant”, résume nostalgique Baboudou Né.
Faïd Souhaïli
N. B. : Malgré notre insistance, Saïd Oili a catégoriquement refusé d’être pris en photo.
{mospagebreak title=Marot, premier habitant du village}
Marot, premier habitant d'Hajangua
Aujourd'hui, Hajangua appartient à l'Etat, aux villageois, aux différents particuliers qui y ont acheté des parcelles… En 1900, il n'y avait qu'un seul et unique possesseur du domaine : Fernand Marot. Entre la sortie d'Iloni et le Mont Bénara, ses 900 hectares devaient lui permettre de faire fortune à l'époque, mais il en a été autrement.
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es Marot représentent une immense famille, éparpillée entre la Réunion, Madagascar, Maurice, l'Afrique du Sud et Nantes. Né à Quatre Bornes (Maurice), Fernand Marot quitte très vite son île natale pour Mayotte dans l'objectif de s'enrichir. Il est l'un des premiers colons venus sur ce petit bout de terre. C'est à la fin du XVIIIème siècle qu'il s'approprie le domaine, vaste champ agricole. Son ambition, selon l'un de ses descendants Dominique Marot, était de faire fortune grâce à l'usine sucrière.
"Lorsque mon arrière-grand-père a racheté la fabrique, le propriétaire était en difficulté. Il voulait relancer la machine, mais ça n'a pas plus marché que son prédécesseur", hypothèque-t-il. Fernand Marot logeait avec sa femme Augustine Dèze et ses enfants près de son usine. Une usine qui, visible de la route nationale, fait à ce jour partie du patrimoine mahorais. À proximité, il y avait attribué un terrain pour ses travailleurs. Cette parcelle d'habitants est devenue Hajangua.
"Les ouvriers de Fernand y ont construit leurs maisons, installé leurs familles et la localité s'agrandissait en terme de population, jusqu'à devenir un village". Fernand le colon était également sisalier. Cette activité ne lui a toutefois pas permis d'atteindre son but. Comme le moment où il a décidé de démarrer la citronnelle. Les temps étaient durs et les difficultés prenaient de l'ampleur au fil du temps. "Il ne pouvait pas tout gérer. 900 hectares, c'est énorme. A ma connaissance, je ne connais aucune personne qui a détenu ou qui détient autant d'espace à Mayotte", s'exclame Dominique, enfant de la troisième génération des Marot.
Les travailleurs de Marot ont créé le village
Pour mille francs un hectare, deux mille francs deux hectares… il revend une grande partie de sa propriété. Ses acheteurs : l'Etat principalement, mais aussi beaucoup de particuliers. Fernand Marot n'oublie toutefois pas sa descendance. À sa mort, ses enfants se partagent les terrains. Ces derniers sont décédés, mais ont à leur tour légué les biens à leurs héritiers. Sept d'entre eux sont encore vivants.
Andrée Marot, jointe par téléphone, est fille de cette deuxième génération, elle réside en Petite Terre. Andrée apprend un peu plus, à son neveu Dominique, de l'histoire familiale. Celui-ci a passé ses huit premières années à Hajangua, de 1964 – l'année de sa naissance – à 1972, avant de rejoindre Pamandzi. "Hajangua et la commune de Dembéni plus globalement constituent des terres agricoles. Avant, il n'y avait rien du tout. Et si j'ai quitté Hajangua pour la Petite Terre, c'est pour l'école qui existait là-bas. Aujourd'hui, ça a énormément évolué", se ravit-il.
"Avant, pour aller à Mamoudzou, c'était à pied car il n'y avait que des pistes. La première voiture que je me souviens avoir vu dans le village était la Jeep de Saïdani (ndlr, ancien du village)". Père de quatre enfants, Dominique Marot a hérité d'un hectare. Et bien qu'il demeure et qu'il construise à Pamandzi, le paysan de la mer se voit bien revenir chez lui, où il détient ses repères.
"J'ai passé une grande partie de ma vie en Petite Terre, mais Hajangua c'est mon village. J'y détiens mon exploitation et j'espère bien m'y installer, faire un retour aux sources", envisage-t-il. De par son ancêtre Fernand, la famille Marot occupe encore une place majeure à Hajangua. Tout n'a pas été vendu : le centre équestre, la carrière et d'autres parcelles sont loués. D'après l'aquaculteur, chaque enfant a obtenu sa part, et encore quelques centaines d'hectares restent en la possession des Marot.
Ichirac Mahafidhou
{mospagebreak title=Hajangua, c est toute ma vie !}
“Hajangua, c’est toute ma vie !”
Conseillère générale du canton de Dembéni depuis un peu plus d’un an, Sarah Mouhoussoune est l’une des représentantes emblématiques de la famille Boudra-Marot. Native de Hajangua, elle y vit encore aujourd’hui. Elle nous raconte son attachement à ce village.
{xtypo_dropcap}"J{/xtypo_dropcap}e ne me vois pas vivre ailleurs qu’à Hajangua !” Sarah Mouhoussoune n’y va pas par quatre chemins pour démontrer que la localité est vraiment ancrée en elle. “J’y ai construit alors qu’il n’y avait pas encore d’électricité ni d’eau. J’y ai ramené mes enfants pour qu’ils puissent voir où étaient leurs racines”, explique la conseillère générale de Dembéni. Née en 1956, elle a connu comme les autres Mahorais scolarisés les interminables marches à pied entre son domicile et son école primaire.
“On allait à l’école à Bandrélé. Parfois, mon grand-père Edgar William Marot se déplaçait à dos d’âne et nous profitions de ses animaux pour nos trajets”, se souvient-elle. Des trajets plus longs, Sarah Mouhoussoune a eu l’occasion d’en faire quand ses parents étaient installés en Petite Terre.
“On passait nos vacances à Hajangua chez nos grands-parents. On prenait le kalibwabwa (petit voilier) pour Mamoudzou et après on reliait Hajangua à pied. On partait à 4 heures du matin pour ne pas être en plein soleil. Ou sinon, mon père avait un boutre et on allait directement de Hajngua Langara, un lieu que j’aimerais bien restaurer, au Four à Chaux à Labattoir”, raconte-t-elle. Avec sa sœur Yasmina Baubet, l’évocation du passé ramène à la surface d’autres bons souvenirs.
L’arrivée des pêcheurs sonnée à la conque
“Les pêcheurs débarquaient au quai de Langara et leur arrivée était sonnée au baragoum (conque). Mon père se chargeait également de récolter les sous des villageois pour rapporter leurs courses. Il achetait tous les produits à Dzaoudzi.” Les deux sœurs nées Boudra affirment que la vie d’antan ne comportait certes pas le confort d’aujourd’hui, mais que les gens étaient heureux.
“On s’éclairait à la Pétromax et quand celle-ci tombait en panne, ma grand-mère utilisait de l’huile de coco qu’elle faisait tremper dans un bout de coton posé au fond d’une boîte de tomates concentrées”, narre Yasmina Baubet. Les longues nuits auprès des grands-parents qui racontent des légendes et contes, les journées au champ pour récolter le paddy, tout cela est bien fini, mais les deux sœurs Boudra n’ont pas oublié d’où elles viennent.
Cet esprit de famille et tout ce qui y est lié a vraiment été transmis à leurs enfants. Fayssoil Mouhoussoune, fils de Sarah Mouhoussoune en est la preuve vivante. Il a entrepris de reconstituer l’arbre généalogique du clan Marot et lui aussi se souvient des vacances passées en famille à Hajangua. Il les a appréciées et nul doute que cela ne s’arrêtera pas avec lui.
Faïd Souhaïli
Parmi les enfants de la famille Boudra, on trouve Daniel (médecin à Dzaoudzi), Sarah, Camille (Mamilo, armateur propriétaire du Tratringa), Viviane (professeur en Métropole), Djamila (Dass), Adam (marin), Yasmina, Chafa (Direction de l'Equipement), Anrafa et Eva.
{mospagebreak title=Une équipe de football en trop ?}
Une équipe de football en trop ?
Hajangua est considéré comme un petit village à Mayotte. En matière de football, il en est de même. L’adage dit “L’union fait la force”, mais à Hajangua, entre Flamme et le FC Maboungani, le rassemblement de toutes les forces vives semble impossible pour le moment.
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a saison 2009 va véritablement débuter ce week-end à Hajangua. Et pas par n’importe quel match. Il s’agit ni plus, ni moins du derby entre Flamme et le FC Maboungani. Comme tous les derbies, ce match revêt une saveur particulière. S’il en est un qui est plus concerné que les autres, c’est bien Baco Abassi, président d’honneur du FC Maboungani.
“J’ai été à l’origine de la création de Flamme en 2003, qui a été créée à la suite de la disparition de la Chirazienne”, révèle Baco Abassi. Aujourd’hui, il est passé au FC Maboungani. “En 2004, je me suis présenté aux cantonales à Ouangani car je suis originaire de Barakani. Je ne pouvais présider Flamme et faire de la politique en même temps. J’ai donc passé la consigne au bureau de gérer les affaires en attendant les résultats.” Mais quelle ne fut sa surprise quand il découvrit qu’il avait été écarté de l’équipe dirigeante une fois la campagne passée. Cella lui a fait d’autant plus mal qu’il avait réussi à récolter un montant de 12.000 € pour le club.
Pour Moussa Soimadouni, joueur de Flamme, la création de Maboungani s’est faite parce qu’il y avait trop de seniors et qu’ils voulaient jouer à tout prix. La division ne s’est donc pas faite en fonction de quartiers, ni de convictions politiques. Toutefois, Baco Abassi estime que si on l’a révoqué de Flamme, c’est parce qu’il a le seul tort de ne pas être originaire du village. Avec un certain sens de l’ironie, il surnomme le FC Maboungani “Shama ya wadjeni” ("l’équipe des étrangers"). Moussa Soimadouni préfère l’appellation “Shama ya wissa” ("la seconde équipe"). Pour le derby de ce samedi, les joueurs de Flamme sont confiants. L’an dernier, ils avaient battu aussi bien à l’aller qu’au retour leurs adversaires. Baco Abassi affirme que cette année les choses vont changer.
Pas de licenciés entre 14 et 17 ans
“Contrairement à nos voisins, nous préférons attendre le résultat sur le terrain. On est calme, notre victoire en coupe de la ligue nous a donné confiance”, dit-il sûr de lui. Des deux côtés jouent des frères, des cousins et des amis. Mais pour l’instant, impossible de pouvoir entrevoir un début de réconciliation.
La division des footballeurs de Hajangua fait des victimes collatérales : les jeunes footballeurs. La ligue de football impose des catégories de jeunes obligatoires. En l’occurrence, les deux clubs de Hajangua doivent aligner une équipe de 13 ans, puisqu’ils jouent en PL. Mais entre cette catégorie et les seniors, il n’y a point d’équipe car il manque des encadrants, et surtout les deux équipes sont dans l’incapacité de fournir un effectif suffisamment riche pour engager des jeunes dans toutes les catégories.
“On aimerait bien faire quelque chose pour ces jeunes de 14 à 17 ans, mais pour l’instant c’est impossible”, constate Baco Abassi. Pourtant, en mutualisant les moyens ou en organisant une fusion, beaucoup de choses pourraient s’arranger. “Nous sommes prêts à tout négocier, sauf l’aspect de la gestion financière. Nous avons vu ce que cela a donné”, rappelle Baco Abassi.
Les membres de Flamme, pour l’instant, constatent que deux clubs de football dans un village aussi petit est une aberration. Mais là aussi, pour des questions de fierté, il est inenvisageable de ne pas avoir un œil sur les finances. “Nous n’avons pas d’argent, mais on ne veut pas être écartés de la gestion à cause de ce prétexte”, indique Abdou Dalil de Flamme.
L’union des footballeurs de Hajangua n’est donc pas prête à se faire aujourd’hui. Un jour peut-être, la raison reviendra. En attendant, chacun s’entraîne comme un fou pour pouvoir être au top le jour J.
Faïd Souhaïli
{mospagebreak title=Le Bénara au menu de l entraînement}
Le Bénara au menu de l’entraînement
Les Enfants du pays est le club d’athlétisme du village de Hajangua. Les sportifs sont dirigés par Abdallah Hassani plus connu sous le surnom de Cucaracha. Le club est spécialisé dans le demi-fond et les athlètes possèdent, avec le Mont Bénara, un terrain d’entraînement propice aux efforts prolongés.
{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}mbassadeur du village de Hajangua, Abdallah Hassani a souvent eu à endosser ce costume. Coureur émérite, il a eu l’occasion de représenter Mayotte sur le demi-fond à l’extérieur de l’île, dans la région. “J’ai fait quelques courses à la Réunion, mais aussi à Madagascar”, révèle l’homme surnommé Cucaracha par Jean-Claude Novou, en raison de sa vitesse de pointe.
Désormais, celui-ci souhaite que les jeunes coureurs de son village prennent le relais. Il n’a pas tout à fait abandonné l’idée de représenter Mayotte pour les Jeux des îles, même s’il n’est plus tout jeune, mais compte beaucoup plus encadrer les jeunes. “Beaucoup viennent de Hajangua quand il y a une sélection, alors pourquoi pas entraîner les sélections de fond pour leur faire partager mon expérience ?”, se demande-t-il.
A Hajangua, le président des Enfants du pays a sous sa responsabilité une trentaine d’adhérents au club. A Hajangua, il n’y a pas de piste d’athlétisme. Mais, le village est situé à quelques foulées du Mont Bénara. Quoi de mieux comme terrain d’entraînement que le point culminant de Mayotte ? “Parfois, nous allons jusqu’au sommet pour nous entraîner. Mais, il ne faut pas y aller en cas de pluie, c’est trop dangereux”, admet Cucaracha. Ce dernier a pour ligne de mire les Jeux des îles de 2011 aux Seychelles. Il espère bien être du voyage afin de décrocher une médaille et faire honneur au maillot des Enfants du pays.
F.S.
{mospagebreak title=Une RHI géante pour 2011}
Une RHI géante pour 2011
Les habitants de Hajangua vont voir leur village changer de visage dans les deux prochaines années. De nouvelles routes, des réseaux d’assainissement mis aux normes, tout ça pour un meilleur cadre de vie.
{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}out le monde aspire à vivre dans un environnement salubre. A Hajangua, la commune de Dembéni a décidé de réhabiliter le village dans les deux années à venir. Une opération de résorption de l’habitat insalubre (RHI) va débuter dans les semaines à venir. Les quartiers qui seront traités dans un premier temps seront Boboka, Maternelle, Marché et Marindrini.
L’opération coûtera la bagatelle de 2,35 millions d’euros. Il faut bien cela pour améliorer la desserte des quartiers avec deux nouvelles routes, la réfection des voies existantes avec leur mise aux normes, des places de stationnement, l'aménagement de chemins piétons, de places. Il s'agit aussi de rationnaliser et mettre aux normes les réseaux d’eau et d’électricité et faire de même en ce qui concerne l’évacuation des eaux pluviales.
“Aujourd’hui, certains réseaux sont trop proches des habitations. En ce qui concerne l’assainissement collectif, chaque habitant aura une boîte de branchement et devra se raccorder à l’unité de traitement”, indique Frédéric Prothery, directeur des services techniques de la commune de Dembéni. Le maître d’œuvre de cette RHI est le cabinet ETG. Celui-ci assure que les travaux se dérouleront par zone. “On ne fera pas tout au même moment car nous souhaitons limiter la gêne et nous ne voulons pas bloquer totalement la circulation.”
F.S
{mospagebreak title=Attention, centre équestre}
Attention, centre équestre
C’est dans la commune de Hajangua que l’on trouve l’unique centre équestre de Mayotte, le Centre Sainte-Armelle. Un pari audacieux lancé il y a 5 ans. Depuis le 1er juillet 2007, le propriétaire a passé le témoin à Sandrine Docq. Aujourd’hui elle gère le centre qui compte près de 90 licenciés et propose différents types d'activités, notamment des promenades à cheval autour du village.
{xtypo_dropcap}"A{/xtypo_dropcap}ttention, traversée de chevaux !", à part ce panneau discret situé un peu avant le panneau signalant l’entrée du village, rien n’indique la présence d’un centre équestre dans les abords. Et pourtant, avec ses 90 licenciés et les associations qui viennent régulièrement, le centre est l’un des atouts principal du village; voire même de la commune. En dehors de la gérante, un palefrenier et deux gardiens travaillent régulièrement sur le site. Assez pour s’occuper des 8 chevaux et des 14 poneys du centre.
Les animaux ont été choisis exprès pour leur aptitude à s’adapter au climat local, comme nous l'explique Sandrine Docq, la nouvelle gérante du centre. "Nous n'avons que des chevaux malgaches. C’est une race plus adaptée à la chaleur. Ils sont aussi plus petits et plus légers. Par contre, les poneys viennent de Métropole, ce sont des shetlands. Il s'agit d'une race rustique, résistante, qui s’adapte aussi plus facilement aux conditions climatiques de l’île." De nombreuses associations d'handicapés, de jeunes ou de personnes en difficulté réservent pour des promenades en poneys.
Plusieurs activités sont proposées à Sainte-Armelle comme les cours d'équitation. Des promenades à cheval, ouvertes aux groupes, permettent de découvrir le village d'Hajangua à travers des petits chemins de randonnée sans trop se fatiguer. Une manière d'attirer les non initiés avec des activités qui permettent avant tout de découvrir le cheval en tant que compagnon de loisir.
De nombreuses associations d'handicapés, de jeunes ou de personnes en difficulté réservent ainsi des journées pour des promenades en poneys. " Nous avons de tout parmi les associations. Récemment nous avons travaillé avec la Poste, l'association Toioussi, mais aussi Tama et le Lion's Club. Les demandes arrivent surtout en saison sèche. Là nous attendons près de 180 personnes pour le mois de mai."
Actuellement, le centre accueille principalement des jeunes. Des cours et des initiations sont proposés aux enfants à partir de 4 ans et aux débutants. On y apprend le B-A BA de l'équitation à travers des animations : rester assis sur un poney, toucher l'animal afin de l'apprivoiser, mais aussi comment avancer, s'arrêter et tourner. Pour les plus confirmés, d'autres activités sont prévues afin d'améliorer la technique.
"Il existe différents mouvements à travailler selon les disciplines. Comme avec le saut d'obstacles qui requiert énormément de travail sur soi, mais aussi avec l'animal. Quand on est vraiment confirmé, on travaille le cheval et on lui apprend à suivre ce qu'on lui demande de faire. Plus le cavalier est novice, plus le cheval doit être expérimenté. C'est la règle, dans le milieu", nous apprend la gérante.
Le centre équestre n'attire quasiment que des mzungu
Malgré tous les efforts, en dehors des associations le centre équestre n'attire quasiment que des mzungu. Un manque d'intérêt de la part des locaux que Sandrine Docq attribue à une culture mahoraise qui établit un rapport différent à l'animal. En effet, une grande partie des adeptes des sports équestres est avant tout attirée par la relation particulière qui s'établit avec le cheval, une vision qui est aussi partagée par Aurore, licenciée du centre depuis maintenant deux mois.
"Je faisais déjà du cheval en France et en venant ici j'ai appris qu'il y avait ce centre et je m'y suis inscrite. J'aime l'équitation avant tout à cause du contact particulier qu'on a avec le cheval. Ce n'est pas un animal qui est bête. Il est très intéressant de lui d'apprendre des choses, mais surtout d'apprendre de lui."
Pour susciter au moins la curiosité des Mahorais, le centre compte organiser d'autres activités, comme une journée portes ouvertes, ainsi que la mise en place d'un concourt hippique interne. La gérante souhaite surtout recommencer à travailler avec le vice-rectorat pour permettre aux scolaires de découvrir une nouvelle activité sportive basée sur le respect de l'animal.
Halda Toihiridini
{mospagebreak title=Au marché du village…}
Au marché du village…
Le marché de Hajangua a vu le jour il y a une dizaine d'années. Simple marché improvisé au départ, il s'est agrandi jusqu'à compter près une vingtaine d'étals. Aujourd'hui, certains clients viennent de loin pour acheter des fruits et légumes difficiles à trouver sur les grands marchés et à de bons prix. Ce petit marché, posé au bord de la route à même quelques tables brinquebalantes et autres palettes de bois, attire pourtant de nombreux touristes qui s'arrêtent par bus entiers pour découvrir et photographier les femmes, ainsi que les produits locaux.
{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}ela fait maintenant deux bonnes heures qu'une pluie battante s'abat sur le village de Hajangua. Mais ici, sur le petit marché improvisé à la sortie du village, il en faut beaucoup plus pour décourager les marchandes. Assise patiemment à coté de son étal, l'une des marchandes nous accoste. "Regardez, je suis toute mouillée, nous n'avons aucune installation qui nous protège de la pluie et de la boue. Nous aimerions bien qu'on nous construise un véritable marché, mais les autorités ne nous écoutent pas."
Situé à quelques mètres des habitations, le marché est idéalement placé pour attirer clients et touristes. D'ailleurs, beaucoup d'automobilistes trop pressés pour aller à Mamoudzou s'y arrêtent pour acheter des produits souvent impossible à trouver ailleurs. Mais ce sont surtout les touristes, nombreux à tomber sous le charme de ces petits marchés locaux, qui s'aventurent ici par bus entiers.
"Le samedi et le dimanche sont les jours où il y a le plus de vendeurs ici. La plupart préfèrent venir ces jours là parce qu'ils ont peur des gendarmes. C'est aussi la période où nous avons le plus de clients. Beaucoup de touristes s'arrêtent pour prendre des photos. Même si on ne parle pas la même langue qu'eux, ils comprennent quand on leur dit de ne pas nous photographier."
Cet emplacement à coté du village permet surtout aux marchandes de ne pas trop dépenser pour les déplacements.
{xtypo_quote}J'ai un champs très loin d'ici. Avec ma famille nous y cultivons de nombreux fruits et légumes que nous revendons ici{/xtypo_quote}
Sur la dizaine de tables improvisées au bord de la route, s'étalent différents fruits et légumes de saison. Goyaves, avocats, mandarines, des denrées que les vendeuses sont parfois parties récupérer aux quatre coins de l'île. "Je vends des oranges, des cocos, des avocats. Je les achète dans les villages du sud. A Bandrélé, Poroani ou Chirongui. Et même plus loin…", explique Zacharia. "On attend aux abords des villages, sur les chemins où passent les gens qui reviennent des champs, et on leur achète ce qu'ils ont récolté. Ce système les arrange parce que beaucoup d'entre eux sont sans papier; ça leur évite d'aller jusqu'à Mamoudzou pour gagner de l'argent."
Assise sur son étal à coté de ses bananes, Zenabou attend qu'une voiture s'arrête pour pouvoir vendre ses fruits. Ici, elle est la seule avec sa voisine à avoir des produits issus de son propre champ. Avec l'aide de son mari et de ses enfants, Zenabou cultive régulièrement ses parcelles agricoles afin de pouvoir en vendre les récoltes. Un travail difficile mais indispensable pour cette mère de 6 enfants.
"J'ai un champs très loin d'ici. Il me faut environ deux heures de marche pour y accéder. Avec ma famille nous y cultivons de nombreux fruits et légumes. C'est très fatiguant mais j'y suis obligée parce que j'ai un enfant qui est au collège et chaque jour le peu que je gagne ici, je le lui donne pour qu'il s'achète à manger. J'aimerais trouver un terrain pas loin d'ici pour y cultiver des brèdes. Ca m'éviterais d'aller aussi loin pour la récolte, d'autant plus que je ne peux pas y aller seule parce que les chemins ne sont pas sûrs."
Ce mercredi, il n' y pas grand monde sur la place. Mais les week-ends ce sont près d'une vingtaine de marchandes qui viennent régulièrement tenter de gagner quelques euros de plus pour arrondir les fin de mois. Les plus chanceuses arrivent à gagner jusqu'à 400 euros par mois. Pour certaines d'entre elles, c'est la seule source de revenu.
Halda Toihiridini
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.