{xtypo_dropcap}"P{/xtypo_dropcap}our la première fois, un homme politique métropolitain est venu faire campagne à Mayotte, aussi bien dans les meetings que dans la campagne officielle", a précisé M. Aly, "à travers cette solidarité, c'est la culture béarnaise, l'identité basque qui rencontre l'identité mahoraise". Dans le spot de campagne qu'ils ont tourné ensemble, le député Aly arbore un chechia et Jean Lassalle un béret basque pour démontrer que "la France de la diversité n'est pas l'assimilation. On peut avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs tout en restant nous-mêmes avec notre culture et notre identité", a expliqué M. Aly. Il a ajouté que M. Lassalle, célèbre pour avoir fait une grève de la faim dans la salle des Quatre Colonnes de l'Assemblée nationale pour défendre l'emploi dans sa vallée, "est un homme déterminé qui représente la France du terroir".
"Dans toute l'Histoire de Mayotte, la France a été méfiante, réservée. Les gouvernements successifs nous ont regardés en disant : c'est votre combat. Pour la première fois, c'est une lutte franco-française. Jean est venu partager ce combat qui n'est plus celui de Mayotte mais de toute la France", s'est félicité notre député. Au sujet de l'égalité républicaine, M. Aly a rappelé qu'"en 2000, je disais que la polygamie n'avait pas vraiment été interdite puisque certains sont polygames alors que d'autres n'ont pas le droit de l'être : en France, tout le monde doit avoir les mêmes droits. Dans ce territoire, les gens doivent être traités de la même façon, il faut abolir les privilèges, comme en 1789".
"Les Mahorais sont les plus libres, ceux qui ont choisi la voie la plus singulière"
"J'avais très envie de découvrir votre île, ce territoire magnifique luxuriant de verdure, ces hommes et ces femmes si fiers de leur appartenance à la France", a déclaré M. Lassalle. "J'ai retrouvé mon pays, mon enfance, ce bilinguisme qui a fait ma singularité. Un objet de rejet qui est aujourd'hui devenu une qualité". Pour lui, il faut "cultiver passionnément sa singularité car aujourd'hui, nous avons tous besoin de connaître nos racines".
"Tu es moi et moi, je suis toi", a-t-il dit à son ami en lui tenant les mains. "C'est notre beau pays de France que l'on connaît à Mayotte", a-t-il ajouté, enthousiaste. Faisant référence aux élites parisiennes qui sont trop éloignées des préoccupations de la "France profonde", le député des Pyrénées-Atlantiques a déploré qu'"on a fait aucun effort en Métropole pour parler de la consultation à Mayotte car nous sommes malheureusement des territoires beaucoup trop oubliés, c'est vrai aussi des campagnes".
Pour M. Lassalle, ce que Mayotte apporte à la France est d'abord le fait que M. Aly soit le seul député musulman dans l'Hémicycle. Au sujet de l'Histoire de Mayotte, M. Lassalle a précisé sa pensée : "L'Histoire que j'ai apprise, c'est qu'il y a toujours eu des problèmes dans l'archipel, bien avant les années 1960. Les Mahorais sont les plus libres, ceux qui ont choisi la voie la plus singulière. Ils ont vu très longtemps avant les autres qu'il y aurait un monde avec une République qui élèverait ses enfants les plus méritants".
"Nous aurons montré notre détermination au monde entier"
Concernant la départementalisation, M. Lassalle a déclaré, reprenant les mots de notre député, qu'il fallait un département "mouhakaka" ("à 100%") pour pouvoir mettre en place tous les dispositifs qui ont cours dans un département : "Avec ce lien plus fortement resserré avec le reste de notre pays, nous pourrons donner des réponses plus convaincantes à nos frères des Comores. C'est un message d'espoir".
Interrogé sur l'immigration clandestine, M. Lassalle a déclaré que la politique française de l'immigration est la plus grande hypocrisie électoraliste car on pointe du doigt des gens et on crée de l'insécurité. Il faut donner aux individus la capacité de rester chez eux. Le vrai problème de notre monde aujourd'hui, c'est de donner les moyens à ceux qui vivent sur ces territoires d'aimer y rester." A la fin du déjeuner, M. Lassalle a distribué son livre et des bérets basques, avant d'entonner le chant des montagnards, de sa voix de stentor.
Pour le député de Mayotte, la victoire sera totale dimanche soir si le taux d'abstention est inférieur à 30% et si le "oui" dépasse les 73% de la dernière consultation en 2000. "Nous aurons montré notre détermination au monde entier, comme Jean Lassalle qui a fait la grève de la faim pour défendre la population de son département ou comme lorsqu'il a chanté l'hymne de son département à l'Assemblée nationale. C'est le symbole de cette ténacité, de cette résistance à toutes les marées, à tout ce qu'on peut nous opposer à nous, les Mahorais".
Julien Perrot
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