Accueilli dimanche au son du m’biwi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner n’a pas fait de déclarations fracassantes mais a promis un renfort des moyens de lutte contre l’insécurité, sans préciser encore les contours de ces mesures.
Il fallait tendre l’oreille dimanche à l’aéroport pour entendre les promesses du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, en raison du bruit sourd des claves des danseuses de m’biwi, en liesse. « Près de 300 femmes et hommes ont rejoint nos forces de sécurité ces derniers temps », a rappelé le ministre, le cou ceint de deux colliers de fleurs. « Il est nécessaire que nous maintenions un haut niveau de pression » sécuritaire et « nous renforcerons encore les moyens ». « J’aurai l’occasion de m’exprimer sur ce sujet pendant mon déplacement », a encore promis le ministre d’Etat.
Pour la première fois sur le territoire pour une visite de trois jours, Christophe Castaner a souhaité intégrer à son programme des séquences de « lutte contre la criminalité environnementale » et se rendra ainsi notamment à la plage de Moya mardi pour rencontrer les associations oeuvrant contre le braconnage des tortues marines. Ce type de criminalité « est un sujet sur lequel, avec mes collègues du G7, les ministres de l’Intérieur, nous avons décidé de nous battre », a-t-il encore déclaré à l’aéroport.
Après un accueil populaire aux côtés du préfet Dominique Sorain mais aussi de parlementaires (les députés Ramlati Ali (LREM) et Mansour Kamardine (LR) ainsi que le sénateur Thani Mohamed Soilihi (LREM), Christophe Castaner s’est rendu à La Vigie. Ce quartier de Petite-Terre, ciblé par le dispositif de « Reconquête républicaine », est « le premier en France piloté par la gendarmerie nationale », a rappelé le ministre de l’Intérieur qui venait d’être, encore, accueilli au sein de ce bidonville par des danses traditionnelles. Lors d’un point presse impromptu, Christophe Castaner a évidemment évoqué l’immigration clandestine : « C’est) une lutte que je veux extrêmement ferme (…) poussant au maximum les retours (…) dans les pays d’origine pour ceux qui n’ont pas à rester ici et qui n’ont pas à être accueillis par la France ».
« Les gens, jamais satisfaits »
Présent tout au long de la visite aux côtés du ministre, le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Saïd Omar Oili, a formulé deux demandes : le renouvellement des médiateurs ainsi que des « efforts de l’Etat » pour accompagner la commune dans la mise en place d’un système de vidéosurveillance d’un montant de 1,7 million d’euros. Ramlati Ali, elle, s’est dite « heureuse » de la visite du ministre, tandis que le sénateur Thani Mohamed Soilihi a loué l' »oreille attentive » de Christophe Castaner venu, non pour délivrer « un satisfecit », mais pour faire un « point d’étape ».
Saïd Omar Oili a conclu par ces mots laudatifs : « Ce gouvernement, je le dis ici à qui veut l’entendre, tient ses promesses, parce que tout ce que vous dites, on le voit. Malheureusement, il y a des gens qui ne sont jamais satisfaits (…) mais il y a des réalités qui sont là. (…) Je voudrais rendre hommage aux services de l’Etat », a poursuivi le maire, félicitant en particulier Dominique Sorain : « Monsieur le Préfet, bravo, bravo, de tout ce que vous faites ici ».
Et à propos d’insatisfaction, le Collectif des Citoyens était très mécontent de n’avoir pu être de la fête, certains de ses membres – dont Fatihou Ibrahime et le syndicaliste Ousséni Balahachi, selon nos informations – ayant été écartés du parcours par les services de sécurité. Dans un communiqué, le collectif a regretté que les « renseignements généraux (leur) barrent le chemin ». « Nous portons la colère et l’exaspération de la grande majorité silencieuse des Mahoraises et des Mahorais qui ne se satisfont plus des beaux discours qui accompagnent le tourisme ministériel alors qu’ils subissent la violence banalisée sur notre île envahie par l’immigration clandestine », a estimé le collectif.
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