Réforme de la fonction publique : 200 enseignants dans la rue

Ce mercredi, près de 200 enseignants se sont rassemblés sur la place de la République pour exprimer leur indignation face au projet de loi sur la réforme de la fonction publique. Les représentants syndicaux ont dénoncé l’embauche de contractuels, qui n’ont pas le statut de fonctionnaire, mais aussi la précarisation du métier.

Le projet de loi de transformation de la fonction publique était présenté ce mercredi 27 mars en Conseil des ministres. Opposées, les instances syndicales ont appelé à battre le pavé. Pas loin de 200 enseignants ont rejoint le mouvement à côté du marché couvert de Mamoudzou pour entamer une marche en direction de la préfecture. « Nous avons choisi cette date car nous voulons alerter symboliquement sur la gravité de cette réforme qui remet en cause les statuts. Le gouvernement veut mettre en place une fonction publique contractualisée encore plus précarisée. Il n’y aurait alors plus de CDD et de CDI, mais ce serait des contrats de chantier », s’alarmait mercredi Henri Nouri, du SNES-FSU. « Nous allons nous retrouver avec un système entre les mains des managers, qui décideraient des promotions sur la base d’une évaluation à la tête du client. »

« La richesse de ceux qui n’ont rien »

Pour les syndicats, une telle évolution pourrait avoir des répercussions dramatiques, face aux difficultés du territoire à attirer de nouveaux professeurs. En effet, dans le milieu scolaire, les départs sont plus fréquents que les arrivées. D’autant plus qu’entre 2014 et aujourd’hui, il n’y aurait eu que 950 titularisations dans le premier degré par voie de concours externes ou internes, et que 650 contractuels seraient toujours dans l’attente d’un dénouement similaire. « Si cette loi passe, nous risquons de tomber dans un puits sans fond alors que tout le monde dénonce la qualité du système éducatif à Mayotte », s’insurgeait Rivo Rakotondravelo, du SNUipp.

Or, le territoire a besoin de stabilité pour se développer, comme le rappelait Quentin Sedes, de la CGT Educ’Action. « L’enseignement n’est pas un job que nous faisons six mois ou un an, nous avons besoin de nous inscrire dans la durée pour être efficace, mais aussi d’être formés et d’avoir des perspectives de carrière. Avec ce projet de loi, nous allons avoir encore davantage de turnover, ce qui serait une catastrophe éducative. » Et pour lui, les premiers lésés seront les enfants, sachant que 50 % de la population mahoraise à moins de 17 ans. « Le service public est la richesse de ceux qui n’ont rien. »

Une hausse de l’indexation promise en… 2016

Pour fidéliser le corps enseignant et rendre la destination de Mayotte attractive, les représentants syndicaux ont pointé une augmentation du taux d’indexation des salaires, mise en place en 2013, et qu’ils jugent trop faible. « Il faut qu’il soit au minimum au même niveau que celui de La Réunion puisque Mayotte sert bien souvent de tremplin pour s’y rendre« , insistait Henri Nouri, reprenant une vieille revendication. Une réunion de revoyure était initialement prévue en 2017 mais elle n’a jamais eu lieu, dénoncent les syndicats. « Trois ans plus tard, nous avons l’obligation de nous engager dans la rue pour pousser les politiques à respecter leurs engagements« , martelait Rivo Rakotondravelo, du Snuipp. Sans oublier le plan de construction des écoles d’un budget de 100 millions d’euros qui se fait toujours attendre. « Si l’État s’enferme dans des explications qui ne nous semblent pas valables, c’est son choix. Mais qu’on ne nous dise pas que ce sont des choix indépendants de sa volonté. Le choix politique à faire à Mayotte est simple : développer et investir dans les services publics ! », concluait Henri Nouri.

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