Les premiers sites emblématiques du Loto du patrimoine viennent d’être révélés. Toutes les régions de France sont d’ores-et-dejà assurées de recevoir des fonds pour la rénovation d’au moins un de leurs monuments historiques. Toutes, à l’exception de Mayotte où aucun dossier n’a encore été déposé. Pourtant en 2018, le dispositif avait permis au 101ème département de récolter 600.000 euros pour l’entretien de l’usine sucrière de Soulou.
Comme souvent, Mayotte reste sur le banc de touche. Alors que les 18 monuments emblématiques à rénover dans le cadre du Loto du patrimoine 2019 ont été dévoilés ce week-end, l’île aux parfums est la seule région de France à ne pas figurer parmi la sélection. Dans tous les autres DOM ainsi qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, six sites en péril sont concernés au total, dont deux à La Réunion. Tous ont été sélectionnés selon plusieurs critères : l’intérêt patrimonial, l’état de l’édifice, l’impact du projet sur son territoire, le degré de maturité de l’opération, la situation socio-économique de la région, la nature des propriétaire et la protection des édifices déjà de vigueur, comme par exemple le classement au titre des monuments historiques .
Contactée par la rédaction, la Fondation du patrimoine, organisatrice du dispositif, certifie qu’à ce jour « aucun projet mahorais n’a fait l’objet d’un signalement sur la plateforme de la mission Bern (le Loto étant piloté par l’animateur télé, missionné par le gouvernement pour la préservation du patrimoine, ndlr) ». Pourtant, n’importe quel habitant de Mayotte – et même d’ailleurs – peut déposer un dossier en ligne afin de signaler tout site local en péril sur le site https://www.missionbern.fr/. Depuis l’ouverture de la plateforme il y a un mois, 1.000 projets ont déjà été enregistrés à l’échelle nationale.
Cette abstention des Mahorais est-elle dûe à un manque d’intérêt des habitants ou à un manque de communication autour du dispositif ? « En tous cas, pas à un manque de besoins« , relève un internaute sur Twitter, qui cite notamment la maison des gardiens de Saziley, la mosquée de Tsingoni, plus vieille de France encore en activité et les ruines de la mosquée de Polé, la première à avoir été construite sur l’île, autour du XVème siècle.
Une banqueroute en demi-teinte
Mais tout n’est peut-être pas encore perdu pour Mayotte. Alors que le dépôt des dossiers devait être clos le 28 février dernier, « devant l’abondance des projets qui continuent d’arriver, nous avons pris la décision de laisser la plateforme ouverte encore quelques temps« , explique Laurence Levy, directrice presse de la Fondation du patrimoine, sans toutefois mentionner de date précise.
Car si les 18 monuments emblématiques verront leurs rénovations être intégralement prises en charge par le Loto du patrimoine et le ministère de la Culture, 100 autres projets de maillage dévoilés courant juin, profiteront d’un soutien financier partiel, adapté notamment à l’état de chaque édifice. En 2018, 251 dossiers sur 3.000 avaient été retenus.
Un an plus tôt, la première édition du Loto du patrimoine avait ainsi permis à Mayotte de récolter plusieurs centaines de milliers d’euros pour la rénovation de l’usine sucrière de Soulou, figurant parmi les 18 projets emblématiques d’alors. Une dotation de 100.000 euros avait été accordée pour la première phase des travaux de restauration de l’entrepôt, du débarcadère et des sentiers. Puis, il a été « exceptionnellement » décidé que le projet serait accompagné sur plusieurs années, ce qui se traduira entre 2019 et 2020, par le versement de 500.000 euros supplémentaires. Objectif à terme : faire du site classé monument historique « un centre d’interprétation du patrimoine culturel » autour duquel s’articulerait « un parcours pédagogique sur la mangrove et la production sucrière« , déroule Laurence Levy.
Interrogée par Flash Infos quant à l’absence de Mayotte parmi les monuments emblématiques de cette année, la direction régionale des affaires culturelles n’a pas souhaité communiquer car elle ne s’était « pas encore entretenue avec le ministère de la Culture (partenaire du Loto du patrimoine, ndlr) ».
Au fait, comment ça marche ?
En 2018, année de son lancement, le Loto du patrimoine avait permis de récolter entre 40 et 50 millions d’euros, grâce à un concept bien connus des Anglais et des Italiens mais inédit en France : utiliser une partie de l’argent des jeux de hasard pour financer la rénovations de monuments culturels et historiques. Comme l’année dernière, dès le mois de septembre, des jeux à gratter dédiés seront ainsi mis en vente. Pour 15 euros le ticket, les participants pourront tenter de gagner 1,5 million d’euros, tandis qu’une partie des recettes sera directement reversée aux 118 monuments retenus. En 2019, le Loto du patrimoine revient avec deux nouveautés. D’abord, un autre jeu de grattage à l’effigie des monuments emblématiques et au prix plus accessible de trois euros, pour un gain de 30.000 euros. Enfin, le ttirage du Super Loto déjà organisé lors de la première édition se déroulera cette fois à la date symbollique du 14 juillet. En jeu : 13 millions d’euros pour le gagnant, et bien d’autres pour le patrimoine français.
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